QUAND TOMBE UNE ÉTOILE DE TÉLÉ…
Quelle que fut l'admiration qu'un fidèle téléspectateur ait pu avoir pour Claire Chazal, il lui faudrait raison garder en se rappelant que l'histoire de la célébrité est ainsi faite de grands qui s'éclipsent pour appartenir à la postérité
Bille en tête, le site Actusen.com a foncé "dans" son information : le Premier ministre Mahammed Abdallah Dionne "est sur le départ" (sic) ; il "va quitter prochainement", son fauteuil. "Ce n'est ni de la fiction, ni de la météo politique, encore moins de l'intox" ! Mais plutôt une exclusivité à ranger dans les Livres d'Histoire, s'enhardit le site, décidément sûr de son exclusivité et la verrouille de manière inexpugnable pour que nul autre organe de presse ne puisse, dans les temps à venir, revendiquer avoir prédit le départ de Dionne de la Primature.
"En effet, selon des sources généralement bien informées, Actusen.com peut écrire, sans courir le risque d'être démenti, que Dionne est sur le départ", poursuit le site qui précise encore que "c'est le chef du gouvernement qui a, lui-même, demandé à être déchargé". Actusen.com ne semble se ménager aucune porte de sortie au cas où Dionne ne partirait plus (parce que c'est une possibilité). S'il est quelqu'un qui voudrait érailler la crédibilité, il pourrait différer sa démission. Mais, là aussi, Actusen.com donne du "prochainement" qui pourrait aller même à la semaine des quatre jeudis. Parce que même s'il s'en va dans un mois, une semaine, un an ou plus, ce sera toujours dans le délai du "prochainement".
Quelle que soit la confiance qu'on puisse avoir en ses sources, il est important, dans un cas comme celui du départ annoncé de Dionne de la Primature, ménager ses arrières ; s'entourer de précautions. Pendant presque un an, la presse a annoncé le limogeage du précédent Premier ministre Aminata Touré.
Mais attendons de voir ce qu'il en sera de "l'information concernant l'avenir de Dionne à la tête du gouvernement. Tant mieux si Actusen.com détient la bonne information ; il marquerait alors de bons points. Mais gare si survient le contraire …
Il y a comme un chœur de pleureurs et de pleureuses depuis l'annonce du départ de Claire Chazal de la présentation du journal télévisé de la chaîne française TF1 ; et ces jérémiades se sont faites plus pathétiques et retentissantes depuis la dernière apparition de Chazal à la fin du Jt du dimanche 13 septembre dernier. Quelle que fut l'admiration qu'un fidèle téléspectateur ait pu avoir pour l'ex-star de la télévision française, il lui faudrait raison garder en se rappelant que l'histoire de la célébrité est ainsi faite de grands qui s'éclipsent (ou qu'on éclipse) pour appartenir à la postérité. Que peut-on demander de plus pour une étoile qui a brillé pendant vingt-quatre ans sur le plateau de TF1 ? Rien ! C'est le parfait aboutissement d'une carrière professionnelle.
S'il y a à redire sur ce départ (et c'est là où il y a le pathétique) c'est le licenciement brutal et sans appel décidé par le président de la chaîne, Nonce Paolini. Une figure qui a tant donné d'elle-même, qui a tant servi, en laquelle autant de publics (non pas seulement français) se sont identifiés, ne méritait sans doute pas d'être congédiée sans la manière.
Mais, qui se souvient d'Yves Mourousi, présentateur-star du journal télévisé de 13 heures sur la même TF1 de 1975 à 1988 ? De Mourousi, qu'il fut "célèbre pour son "Bonjour !" ou ses clins d'œil à l'actualité à l'entame de ses journaux télévisés ; et apporta un changement de style et des innovations dans la présentation des informations télévisées en France". Lui, était un empereur du journal télévisé ! Que dire encore de Patrick Poivre d'Arvor, toujours sur TF1, poussé à la sortie avec la même brutalité que Chazal ?
Tout cela doit incliner à ne pas "faire confiance à la gloire", comme le dit la célébrissime soprano grecque Maria Callas, après la perte de sa voix qui signifia la chute d'une super étoile. Oui, les supernovas tombent aussi de ce ciel où rien ne semblait pouvoir les faire choir.
Et tant qu'à se faire autant de mouron pour Chazal, que ne s'en fait-on pas pour un homme qui fut notre Poivre d'Arvor à nous Sénégalais et à la RTS ? Cet homme-là est Mamadou Malaye Diop, un présentateur comme la télévision nationale a rarement eu ; et que Ibrahima Diédhiou nous rappelle par sa diction, sa voix et sa forte présence à l'antenne. Malaye a, lui aussi, connu une fin brutale à la présentation du journal télévisé sénégalais. Tant qu'à regretter une Claire Chazal, ayons une pensée reconnaissante pour les Malaye Diop, Diadji Touré (qui vit une renaissance professionnelle au bureau Sénégal de radio Chine international), Sokhna Dieng, Elisabeth Ndiaye…
La retransmission du procès, à Dakar, de l'ancien chef de l'Etat du Tchad, Hissein Habré, semble virer au vaudeville. Premièrement, le peuple tchadien au nom duquel on a tordu le cou à la loi sénégalaise, interdisant les enregistrements et captations d'une séance de tribunal, ne se voit plus servir cet "événement" d'une Afrique qui, dit-on comme un slogan, juge l'Afrique. L'ambassade du Tchad au Sénégal parle, dans un communiqué, d'incidents techniques, au moment où le rôle et les responsabilités de l'actuel président du Tchad, Idriss Déby, dans les crimes imputés à Habré, justifie que lui aussi soit justiciable d'un procès pénal international.
Et puis quoi, pourquoi avoir flouté le visage d'un témoin à décharge dans ce procès retransmis à la télévision afin que soit exposée toute la vérité, toutes les vérités ? On ne doit pas ainsi profiter de l'argent des contribuables internationaux pour ensuite témoigner derrière un masque cathodique ! Qu'on dévoile leur visage s'ils sont tant sûrs de leurs vérités.
Et la salle du tribunal est de plus en clairsemé, au fil des jours d'audience. Ce procès perd en intérêt pour la presse qui a fait de grandes sorties à l'ouverture. Alors que la télévision publique du Tchad avait classé ce procès Habré en troisième lieu de son journal télévisé.
Un jour la vérité, toute la vérité se saura dans le subit déferlement des réfugiés syriens dans les pays d'Europe. Et les bonnes questions à ce propos sont soulevées par une journaliste tunisienne, Zouhour Harbaoui, bien connue au Sénégal où elle travailla pour la télévision 2Stv, pour les quotidiens Wal Fadjri et Grand-Place. Que demande-t-elle, Harbaoui :
"Qui peut m'expliquer :
1 : Pourquoi on montre à la télé des migrants qui ont des super Smartphones ?
2 : Comment font-ils pour recharger la batterie ?
3 : Comment font-ils pour rester en contact avec leurs familles restées au pays, quand leur numéro n'est pas en roaming ou quand il n'y a pas de wifi ?"
Pertinentes non, ces Questions ? "L'histoire dira son mot", comme l'avait prophétisé le martyr congolais Patrice Lumumba ; elle dira pourquoi le monde entier s'est ému de la photo d'un enfant syrien mort noyé sur une plage de Turquie, après avoir voyagé à bord d'une barcasse conduite par son propre père, plutôt que par ces champs de cadavres d'émigrants noirs africains flottants, sur la mer méditerranée.