"Que cela plaise aux gens de l'APR ou pas, il y a dans la population, une certaine déception, une certaine frustration."
BARTHELEMY DIAS REPOND A MACKY SALL ET SEYDOU GUEYE

C'est un Barthélemy Dias, toutes griffes dehors, qui a réagi, hier, suite aux sorties du Président Macky Sall et de Seydou Guèye, dénonçant l'attitude de leurs alliés, accusés de ne pas s'impliquer dans la défense du régime. Le responsable des jeunesses socialistes, qui déplore le fait qu'ils ne soient pas associés à la réflexion, remet sur la table sa proposition de mise en place d'une Direction politique unifiée (Dpu). M. Dias aborde également d'autres questions d'actualité.
Quel commentaire faites-vous des sorties du Président Macky Sall et de Seydou Guèye dénonçant la non-implication de leurs alliés dans la défense du régime ?
Je regrette, une fois de plus, le manque de réaction de l'Apr, et plus particulièrement du président de la République, face à l'invite qu'on lui a faite, à travers la tournée des jeunesses socialistes, de mettre en place la Direction politique unifiée (Dpu). Je rappelle qu'il n'y a qu'un seul Président de la République, et c'est Macky Sall. C'est lui qui a été élu par le peuple sénégalais. La Dpu nous permettra de pouvoir échanger, de pouvoir critiquer, de pouvoir proposer, dans un cadre responsable. Pas sur la place publique. Un Etat ne se gère pas sur la place publique. Je profite de cette tribune pour relancer encore, respectueusement, mon invite au Président Macky Sall, de mettre en place une Dpu. Nous ne cherchons pas à diriger le Sénégal à la place de Macky Sall. Parce que nous n'avons pas été élus. Mais, nous avons, aujourd'hui, des responsabilités vis-à-vis du peuple sénégalais. Nous, le Parti socialiste, nous avons invité à peu près 400 000 personnes à donner leurs voix au Président Macky Sall. Et aujourd'hui, que ça plaise aux gens de l'Apr ou pas, il y a, quelque part, dans la population, une certaine déception, une certaine frustration. Il faut avoir le courage de le dire. Le tir, il peut être rectifié. Il y a un déficit criard de communication de la part la Coalition au pouvoir. Seul le Président Macky Sall peut prendre sur lui la responsabilité de la concrétisation de la mise en place de la Dpu. S'il considère qu'il n'en a pas besoin, qu'il se tienne pour dit : nous resterons des spectateurs. On ne peut être acteurs, que si nous sommes associés à la réflexion. Une fois de plus, nous ne cherchons pas à diriger ou à gérer à la place de Macky Sall. Nous cherchons à assumer nos responsabilités. On avait dit au peuple sénégalais que nous soutenons Macky Sall, c'est pour qu'on gouverne ensemble, qu'on gère ensemble. On n’a jamais dit qu'on veut diriger à sa place. Mais, quand on n’a pas accès au Président, quand on n’a aucun cadre de concertation, où on peut échanger, proposer et critiquer, mais, je suis désolé, la situation ne changera pas. Donc, la balle se trouve dans le camp du Président Macky Sall. Qu'il sache encore que le Ps est disponible à l'accompagner en toute fidélité pour la réussite de sa mission. Mais, nous sommes au regret de constater que nous ne sommes associés à aucune réflexion.
Certains cercles de l'Apr estiment que les partis alliés refusent de défendre le régime, parce qu'ils ont en ligne de mire les prochaines joutes électorales...
Le Ps n'est pas un cabinet de consultance, ni un mouvement de soutien ni une cellule de communication. Nous sommes un parti politique. Nous nous sommes accordés avec le Président Macky Sall sur un pacte. Et aujourd'hui, nous jouons pleinement notre rôle. Malheureusement, nous ne sommes pas consultés. Nous ne sommes pas impliqués. C'est une situation dommageable. Mais, la balle est dans le camp du Président Macky Sall.
Que vous inspire la radicalisation du Pds, surtout après l'arrestation de Bara Gaye ?
Je félicite, d'abord, la justice sénégalaise. Parce qu'il faut qu'on sache si nous vivons dans une République ou si nous sommes dans une porcherie à ciel ouvert. Je crois que dans ce pays, il y a des hommes qui sont très mal placés pour parler de l'homosexualité. Parce que les homosexuels au Sénégal, on les connaît, et on sait très bien à quel bord ils appartiennent. Ceux qui pensent qu'insulter le président de la République, peut leur garantir une ascension politique fulgurante, je pense qu'on en reparlera dans trois ou six mois, une fois qu'ils auront pris la température à Rebeuss. A l'endroit des amnésiques qui crient à hue et à dia qu'en arrêtant Bara Gaye, on a arrêté sa femme, je voudrais dire que la femme de ce poltron n'a jamais été arrêtée. On a appelé sa femme pour lui demander où était son poltron de mari. Quand on insulte un président de la République, quand on dit qu'on veut mener un combat contre un Etat, il faut rester sur place et le mener jusqu'au bout. Je suis allergique aux poltrons. Nous avons mené un combat contre l'ancien régime, et nous avons assumé toutes nos responsabilités devant la justice. Nous, quand on venait nous arrêter, on ne convoquait pas nos épouses ou nos mères, on les tabassait et on cassait nos maisons. J'invite le ministre de la Justice à rester ferme sur certains principes. Il faut remettre de l'ordre. Quant à ceux qui ont été convoqués à la gendarmerie et qui décident de ne répondre à aucune question, la justice doit les inculper, les mettre dans un cabinet d'instruction et les laisser tranquillement pourrir en prison, jusqu'à ce qu'ils décident de parler. Parce qu'on ne peut pas être en «car rapide» en 2000, marcher en haillons avec des sandales, et puis douze ans après, être multi-milliardaire, et quand on vous convoque à la gendarmerie, vous dites que vous êtes muet.
Une frange de la société civile est en train de faire un plaidoyer en faveur des candidatures indépendantes aux Locales. Vous en dites quoi ?
Je suis contre cette initiative. Leur argument, c'est que les politiques ont échoué. Je refuse de cautionner cela. Parce que, ce que nous avons fait pour ce pays, eux ne l'ont pas fait. Ce qu'ils souhaitent est anticonstitutionnel. Parce que la Constitution du Sénégal reconnaît les partis politiques, mais la société civile n'est pas encore autorisée par la charte fondamentale à aller briguer les suffrages des Sénégalais. On ne peut pas voter une loi qui concrétise l'échec des politiques.
Que pensez-vous de l'idée émise par le chef de l'Etat de mettre fin au ccumul des mandats ?
Je respecte la position du président de la République, mais je ne voterai pas un tel projet de loi. Un député est un député du peuple, un maire ou un Pcr, c'est au niveau local. Si on avait une Dpu, je pense que cette idée n'aurait jamais été émise. Je reste convaincu que si elle vient à l'Assemblée nationale, elle va essuyer un échec patent.