QUELLE GROSSIÈRETÉ !
Il est difficile de ne pas pester contre Abdoulaye Wade. Il ne faut pas avoir peur des mots. Il est grossier. Le Peuple sénégalais souverain lui avait donné le pouvoir de façon démocratique et le lui a retiré par le même procédé. Il avait néanmoins cherché vainement à confisquer la volonté populaire. Mal lui en avait pris.
Mais cet homme se retrouve encore au beau milieu d’un meeting pour vouloir changer l’ordre constitutionnel. Cela est inacceptable. Abdoulaye Wade donne un ultimatum au Président Macky Sall pour se substituer à la justice et décréter la sortie de prison de Karim Wade.
Autrement, Abdoulaye Wade, à la tête de ses fidèles militants, marcherait sur le Palais présidentiel et instaurerait une commission nationale de transition. Il n’est pas allé au bout de sa pensée mais on augure qu’il se proposera d’en être le dirigeant.
Ce manque de scrupule vis-à-vis de la République et de ses règles est intolérable. On va paraphraser Charles Dantzig pour dire «qu’avec sa grossièreté de déménageur, il vide la vieille maison fabuleuse. Et avec des délicatesses de déménageur, il transporte les porcelaines».
On veut bien croire que le personnage peut ne plus avoir toute sa tête mais il a toujours été ainsi. Opposant, jeune et fringant, il avait toujours menacé Léopold Sédar Senghor ou Abdou Diouf de la sorte. Il avait été arrêté, emprisonné pour cela.
Nous autres avions bravé les forces de police et de gendarmerie pour le défendre. Mais on se demande s’il le méritait bien. Comme nous pouvions être stupides !
Si on pouvait le lui concéder ou le comprendre du temps des «années de braise du Sopi», il ne saurait être question de la moindre indulgence après qu’il a occupé les plus hautes fonctions de la République. Abdoulaye Wade aurait beau se comporter comme un vulgaire citoyen, qu’il n’en a plus le droit. Ses anciennes fonctions lui imposent d’avoir de la tenue, une respectabilité, une honorabilité.
Dans un pays comme la Tunisie par exemple, quand un Habib Bourguiba qui avait fait la fierté de son peuple en était arrivé à un stade de sa vie où il commençait à se comporter n’importe comment et à dire n’importe quoi, il avait été soustrait de contacts avec le public. La mesure était salutaire pour sa respectabilité mais aussi pour l’honorabilité de la République.
Mais il ne faut pas perdre de vue que le personnage Abdoulaye Wade simule la folie ou la sénilité pour s’autoriser des propos les plus extravagants, les plus renversants.
En effet, il a toujours considéré que son âge l’autorise à se comporter comme il veut. Il fait sien cet adage en pays wolof qui voudrait que «le vieillard peut faire comme bon lui semble».
Abdoulaye Wade s’offusque en outre des agents de sécurité attachés au service des enfants du Président Macky Sall ? Et les gendarmes et autres agents qui étaient, de façon légitime il faut le dire, au service de Karim Wade et de Sindiély Wade ?
Quel égoïsme et quel cynisme que les enfants de Abdoulaye Wade, chef de l’Etat, puissent avoir droit à une sécurité assurée par l’Etat et que les enfants de son successeur ne devraient pas.
Et les petits enfants biologiques de Abdoulaye Wade pouponnés naguère par l’Etat du Sénégal ? L‘homme est vraiment incapable de grandeur pour ne pouvoir considérer le fils de Macky Sall comme son petit fils ! Il est aussi si cynique pour ne pas craindre pour la sécurité d’un enfant d’un chef d’Etat autre que lui-même.
Mais le plus révoltant est que Abdoulaye Wade continue d’insulter l’intelligence des Sénégalais. Il affirme de façon vicieuse et sans ambages que le jeune frère du Président Macky Sall et il cite volontiers le nom d’Aliou Sall, «possède des actions dans une société pétrolière». Abdoulaye Wade taira précautionneusement le nom de cette société comme du reste le nom du «partenaire en affaires» de Aliou Sall.
Ainsi, le frère du Président Sall peut être jeté en pâture mais pas le «partenaire en affaires». Est-ce parce que le prétendu partenaire de Aliou Sall est un ami de Karim Wade que ce dernier avait introduit au Sénégal du temps où tous les leviers du pouvoir étaient entre les mains des Wade ?
Ou bien Abdoulaye Wade se garde-t-il de citer dans ses affabulations le nom d’une personne qui n‘aurait pas hésité, le cas échéant, à l’attraire en Justice ?
Et Abdoulaye Wade parle d’un scandale Mittal ! Il feint d’oublier que s’il y a scandale et il y a bel et bien scandale, c’est lui et son fils Karim Wade qui en sont les auteurs. Le Sénégal, dans cette affaire de la concession des mines de fer de la Falémé au groupe sidérurgique indien, a été obligé de payer des dédommagements pour un montant supérieur à 75 milliards de francs à la firme sud-africaine Kumba Resources.
Ce dédommagement avait été négocié par le régime de Abdoulaye Wade devant le Tribunal arbitral de Paris pour s’épargner de plus graves conséquences du fait de sa seule turpitude. Justement, parce que les Wade avaient décidé, de manière abrupte et illégale, de prendre à Kumba Resources le magot pour le donner à Mittal.
Le gouvernement de Macky Sall, suite à une procédure devant le même Tribunal arbitral à Paris, a réussi à faire débourser par les Indiens, un dédommagement au profit de l’Etat du Sénégal, supérieur aux sommes payées à Kumba Resources.
Mieux, les négociations conclues par le gouvernement de Macky Sall ont permis de lever l’hypothèque qui pesait sur la mine de fer de la Falémé. Aussi longtemps que le différend avec Mittal n’aurait pas été réglé, aucun autre investisseur ne pouvait s’engager à envisager l’exploitation de la mine.
Maintenant, des investisseurs chinois seraient intéressés par le site. L’âge autorise-t-il de dire des contrevérités ou de faire montre de mauvaise foi ?