RÉPARTITION TOTAL BILAN 2013 PAR NATIONALITÉ
SECTEUR BANCAIRE AU SÉNÉGAL : L’HÉGÉMONIE DES MAROCAINS
BANQUES
TOTAL BILAN 13
%
MAROCAINE
1 224 806
33%
FRANCAISE
980 375
27%
SENEGALAISE
664 430
18%
PANAFRICAINE
491 729
13%
NIGERIANE
171 090
5%
SAOUDIENNE
138 585
4%
La répartition du total bilan par nationalité ou par pays à forte dominance dans le capital nous donne une idée du poids de ces banques sur le marché sénégalais. Longtemps "chasse gardée" des banques françaises, ce marché est en train de subir une véritable mutation, ces dernières années.
L’arrivée des groupes marocains a été l’élément catalyseur de cette mutation. En effet, Attijariwafa Bank, la pionnière, est venue bousculer tout sur son passage. D’abord en absorbant la petite BST, puis la grosse CBAO, décrochant, de facto,
le leadership sur le marché sénégalais. Et comme l’appétit vient en mangeant, le poids moyen, Crédit du Sénégal (ex-Crédit Lyonnais), tomba très vite dans leur escarcelle comme un fruit mûr ; ce groupe français cherchant à se désengager de l’Afrique, à la suite de ses multiples déboires judiciaires en Métropole.
Le succès d’Attijariwafa Bank a été tellement spectaculaire, en un temps record, qu’il a donné un appétit de loup à ses concurrents chérifiens, BMCE et Banque Centrale Populaire (BCP), qui étouffaient dans leurs limites territoriales. Il leur fallait, impérativement, se déployer en Afrique subsaharienne pour continuer à se développer. Vite et bien. Ainsi, BMCE prit le contrôle majoritaire du groupe Bank Of Africa (BOA) qui existait depuis 30 ans, présent dans +15 pays et une vraie référence dans le secteur. Une belle acquisition qui leur a permis, très rapidement, d’avoir cette dimension continentale et une légitimité internationale.
Ensuite, leurs rivaux de Banque Centrale Populaire vinrent croquer dans le fruit du réseau Banque Atlantique qui étendait ses tentacules dans toute l’UEMOA. Aujourd’hui, les Marocains occupent le haut du podium avec un tiers du marché sénégalais, avec une offre plus diversifiée, un réseau plus large, des ressources humaines mieux formées aux techniques modernes de la banque.
En vérité, les Marocains ont chassé les Français de leur fameux "pré-carré" où ils faisaient la pluie et le beau temps, avec les "marchés captifs" des filiales de leurs multinationales, les grosses entreprises nationales de même que les Etats. Mais depuis la "mort" de la Françafrique, les banques françaises ont perdu en présence et en influence en Afrique francophone. Et le Sénégal n’en fait pas exception avec seulement un peu plus du quart de parts de marché. La BICIS, filiale de BNP Paribas, a perdu de sa superbe. Elle se fait discrète, dans son coin. La Société Générale continue de résister, même si cela ressemble plus un combat d’arrière-garde. On verra plus clair, les prochaines années. La question est plutôt de savoir si l’Afrique constitue encore un vrai enjeu pour les banques françaises.
Dans le même temps, on voit l’émergence de groupes bancaires panafricains à l’image de ECOBANK (13%) avec des ambitions de puissance bien affichées. Déjà, elle a surclassé BICIS en devenant ainsi le "médaillé bronze" de la course. Une motivation titanesque pour affronter la prochaine cible, SGBS. Une proie, qualifiée de "facile". Pour eux, "le coup est jouable" et ils vont mettre tous leurs atouts dans la bataille...
Il y a aussi la nigériane UBA (5%) qui compte grandir et grossir très vite, avec de gros "deals" qui rapportent très fort. Ce qui les rend encore plus gourmands. Il y a aussi la "saoudienne" ou "panislamique", BIS (4%), qui vise les mêmes ambitions de croissance et de développement sur un marché à jeu très ouvert...
Last but not least, les Sénégalaises (BRM, BHS et CNCAS), qu’on n’avait pas l’habitude de prendre en considération, pèsent quand même 18% du marché. En plus, ils affichent maintenant de vraies ambitions sur leur marché domestique. Désormais, il faudra compter avec elles parce qu’elles ne se laisseront plus faire. Surtout, depuis quelque temps, pointe un discours plus ou moins "nationaliste" pour un "patriotisme économique et même financier". Alors, à bon entendeur !