RÉPLIQUE DU MINISTRE DU BUDGET
MANQUE D’AMBITION DU PSE, SELON CERTAINS OBSERVATEURS
Le Pse, les chiffres de la croissance, ses relations avec son collègue des Finances, Amadou Ba, voilà autant de questions sur lesquelles le ministre du Budget, Mouhamadou Makhtar Cissé, a fait le point, samedi, sans langue de bois.
Le ministre en charge du Budget, Mouhamadou Makhtar Cissé, n’est pas en phase avec ceux qui véhiculent au niveau des supports d’informations l’argument selon lequel le Plan Sénégal émergent (Pse) manque d’ambition. Refusant de verser dans une polémique avec les détracteurs du Pse, le ministre veut en revanche qu’on lui explique comment financer les projets. D’après lui, personne ne peut dire non à une croissance à deux chiffres. Cependant, insiste-t-il, «ça ne se décrète pas».
Le ministre qui s’exprimait, samedi, lors d’une matinée organisée en faveur du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes) - où il a débattu de la stratégie d’endettement du Sénégal et le Pse - a tenu à asseoir son argumentaire. Ainsi, l’ancien patron de la Douane estime que c’est le secteur privé qui doit être au coeur de la stratégie, alors que, aujourd’hui il fait face à de multiples contraintes.
Et c’est en cela, selon lui, que le Programme pour l’amélioration de l’environnement des affaires conduit par le Premier ministre trouve toute sa pertinence. Car, il y a des projets purement privés.
Nécessité de vulgariser le Pse
Pour M. Cissé, le Pse qui se trouve être la référentielle de la politique économique du Sénégal doit être vulgarisés. Dès lors, il dit que le gouvernement doit jouer en équipe et les Sénégalais doivent à leur tour se l’approprier. D’après le ministre, les projets Ppp (Partenariats publics privés) doivent être vendus aux bailleurs pour les inciter à venir investir au Sénégal. C’est pour cela qu’il dit que «le débat ne fait que commencer ». Car les projets, il faut les vulgariser et les vendre, d’autant plus que les Sénégalais ne sont pas encore bien imprégnés. Et c’est dans la même lancée qu’il a annoncé que le Pse sera dans des plaquettes bientôt et souligné que le débat doit surtout se situer au niveau de la mise en oeuvre dudit plan.
«Les annonces de taux de croissance doivent être faites par le ministre de l’Economie»
Cette matinée passée avec le Cojes a également servi de tribune à Mouhamadou Makhtar Cissé pour préciser que «les annonces de taux de croissance doivent être faites par le ministre de l’Economie et des Finances». Il rejoint ainsi la position du ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance qui disait, la semaine dernière, n’avoir aucune information sur les annonces faites dans la presse par rapport au taux de croissance du Sénégal qui serait en baisse.
En effet, M. Cissé, qui reconnaît avoir entendu beaucoup de chiffres, déclare : «Je ne voudrais pas ajouter ma voix à ce débat. Je préfère qu’on attende sereinement le retour de notre équipe qui est actuellement avec les bailleurs qui auscultent tout cela. Ils ne peuvent pas être pris à défaut par rapport aux chiffres parce qu’ils connaissent la réalité économique de notre pays».
Selon le ministre du Budget, il faut néanmoins savoir qu’il y a une différence d’appréciation sur les taux de croissance. Ainsi, il dit préférer regarder l’avenir et l’espoir que porte le Plan Sénégal émergent qui n’a rien à voir avec ce débat. Parce qu’il y a des projets nouveaux et c’est de la richesse qui sera créée à travers eux et surtout des emplois nouveaux. Ce qui est le défi principal. Le ministre fait d’ailleurs valoir que «le taux de dépendance est extrêmement élevé. On a à peu près 3 millions de Sénégalais qui travaillent à entretenir les 10 millions restants». Ce qui est assez révélateur pour que M. Cissé estime qu’il faudrait tirer de ces 10 millions, 1 million d’autres pour diminuer le taux de dépendance.
Le déficit budgétaire du Sénégal en 2014 estimé à 396 milliards
Se prononçant sur le déficit budgétaire du Sénégal, Makhtar Cissé révèle qu’il est estimé en 2014 à 396 milliards. Cependant, fait-il remarquer, ce déficit a évolué, car il était de 406 milliards en 2013 et 420 milliards en 2012. Ce qui veut dire, selon lui, que progressivement l’Etat doit le réduire. C’est en tous les cas l’objectif de l’Etat, dit-il, en accord avec le Fonds monétaire international (Fmi) qui le surveille. Et il faut signaler, persiste-t-il, que le Pse est venu pour corriger ce déficit. Car, avec les nouveaux projets, l’Etat sera obligé de réviser ce taux de déficit tout en contrôlant l’endettement. Et pour financer ce déficit, informe le ministre, il faut aller s’endetter. Mais le défi majeur aujourd’hui reste la mobilisation des ressources à l’intérieur, en termes budgétaire et économique souligne au passage le ministre qui relève un paradoxe dans le fonctionnement du Sénégal où «ce sont les services qui tirent notre pays, alors que c’est un pays rural».
«Il faut sauver ceux qui veulent sauver le pays »
Par ailleurs, le ministre en charge du Budget a tenu à faire taire les supputations sur d’éventuelles bisbilles qui existeraient entre lui et le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba. C’est ainsi que l’ancien parton de la Douane a lancé à l’endroit des membres du Cojes «au moment où je vous parle, le ministre de l’Economie et des Finances qui vous salue est à Washington avec une équipe du ministère pour les assemblées annuelles du Fmi et de la Banque mondiale».
Et de rajouter : «Il faut sauver ceux qui veulent sauver le pays. Il faut qu’on travaille dans la sérénité. Il faut sauver ce pays. Et pour ça, il faut travailler, il ne faut pas parler ou polémiquer. Vouloir couper toutes les têtes, ça ne sert à rien, ça ne marche pas. Ce pays sera construit par des hommes. Les routes doivent avoir des noms. Il faut qu’on célèbre les Sénégalais qui essaient de faire quelque chose», conclut-il pour mettre fin au débat.