Révélations sur les auditions de Thierno Lô, Massaly et Bara Gaye
DIFFUSION DE FAUSSES NOUVELLES ET OFFENSE AU CHEF DE L’ETAT

Pendant plusieurs heures hier, Thierno Lô, Bara Gaye et Mouhamadou Lamine Massaly se trouvaient respectivement dans les locaux de la Brigade des affaires générales de la Dic, au commissariat du Bel-Air et au commissariat du Port pour répondre des propos jugés offensants qu’ils ont tenus à l’encontre du chef de l’Etat et de son gouvernement. Au cours des auditions, les limiers ont agité l’article 80 du Code pénal et demandé aux trois responsables politiques s’ils sont conscients des menaces qui pèsent réellement sur eux, avant de les libérer.
Comme nous le révélions dans notre édition d’avant-hier, Thierno Lo, Bara Gaye et Mouhamadou Lamine Massaly ont été entendus hier sur instruction du procureur de la République. Après plusieurs heures d’audition, les trois responsables politiques sont ressortis libres des locaux de la Brigade des affaires générales (Bag), du commissariat de Bel Air et du commissariat du Port où ils ont été ventilés. Avant d’arriver à cet épilogue, que de péripéties traversées hier par ses virulents pourfendeurs du régime de Macky Sall, et pour cause.
En fin de matinée, le responsable de la Convergence démocratique Bokk Gis-Gis, qui a accusé réception d’une convocation en bonne et due forme, a pris le chemin du Palais de justice où il est accueilli par les enquêteurs de la Bag. Au même moment, Mouhamadou Lamine Massaly et Bara Gaye sont cueillis à Hann Maristes, au domicile du second nommé. Le leader des jeunesses wadistes est acheminé au commissariat du Port, tandis que le patron de l’Ujtl est conduit au commissariat de Bel Air pour les besoins des auditions.
«L’As» au cœur des auditions
Selon nos sources, les questions posées à Thieno Lo et Bara Gaye se recoupent fondamentalement. Un exemplaire de «L’As» entre les mains, les enquêteurs ont demandé au jeune lieutenant de Karim Wade s’il se reconnaissait dans les écrits du journal. Réponse négative de l’auditionné. Il n’assume pas les propos contenus dans l’article annonçant par ailleurs leurs convocations, parce qu’il n’a jamais accordé d’interview à «L’As» (Ndlr : dans notre article, nous avons bien cité l’émission Faram facce»).
Les policiers changent alors de stratégie et brandissent la vidéo de l’émission «Faram Facce» qu’ils visionnent pendant quelques minutes. Là, rapportent nos sources, Bara Gaye assume avoir tenu tous les propos contenus dans la vidéo. On l’interroge sur la gravité de ses déclarations avant de lui détailler les différentes dispositions de l’article 80 du Code pénal. Pour l’informer des menaces qui pèsent sur sa tête, les enquêteurs citent l’offense au chef de l’Etat, trouble à l’ordre public et association de malfaiteurs.
A les en croire, les propos tenus par Bara Gaye par rapport à la garde-à-vue de Karim Wade sont constitutifs de troubles à l’ordre public. Pour asseoir le délit d’association de malfaiteurs, ils soutiennent que le leader de l’Ujtl passe des communications à partir de nombreux téléphones non identifiés à son nom. Qui plus est, Mouhamadou Lamine Massaly a été retrouvé hier dans son domicile au moment de leur interpellation.
Trouble à l’ordre public et association de malfaiteurs agités contre Bara Gaye et Massaly
A quelques exceptions près, l’audition de Thierno Lo à la Bag de la Dic ne diffère pas beaucoup de celle de Bara Gaye. Lorsqu’on lui on a montré un exemplaire de «L’As» en lui demandant s’il était l’auteur de la déclaration relayée par le journal, le natif de Darou Moukhty a exhibé la déclaration liminaire de sa fameuse conférence de presse.
«Voici ma déclaration liminaire. Vous pouvez lire. Nulle part, vous ne verrez parler d’homosexuel. Mais après, deux questions m’ont été posées. L’une concerne Karim Wade, l’autre avait trait à cette affaire de légalisation ou non de l’homosexualité. Il se pourrait que dans mes réponses, j’aie tenu des propos de ce genre (Ndlr, des homosexuels sont dans le gouvernement…)». Interrogé alors sur l’identité des pédés siégeant en conseil des ministres, il affirme que sa posture d’homme d’Etat ne lui permet pas de dire un certain nombre de choses. Et au cours de l’interrogatoire, les policiers lui ont posé une question qui manifestement a fait l’effet d’une bombe. «Savez-vous que vous pouvez tomber sous le coup de l’article 80 ?», ont-ils lancé à l’endroit de Thierno Lo.
Massaly se renie complètement
Lors de son face-à-face avec les policiers de la Dic qui l’ont interrogé dans les locaux du commissariat du Port, le président des jeunesses wadistes a opté pour le déni comme mécanisme de défense. Mouhamadou Lamine Massaly a vivement contesté la thèse selon laquelle il a usé de propos désobligeants à l’endroit du chef de l’Etat. Pour le confondre, les enquêteurs ont diffusé la vidéo dans laquelle il apparaît en train de déverser sa bile sur Macky Sall. N’empêche, Massaly qui se reconnaît dans la personne filmée soutient mordicus ne pas être l’auteur des paroles débitées, à l’exception du passage où il soutient que «Wade liggeyna» (Ndlr, Wade a bossé).
Poussé jusque dans ses derniers retranchements, il déclare enfin: «je ne m’adressais pas au chef de l’Etat, mais plutôt au chef de parti, parce que nous sommes sur le terrain politique». Après avoir agité l’article 80, les policiers ont mis en garde Massaly de tout acte susceptible de provoquer des troubles à l’ordre public. D’autant que, disent-ils, «nous sommes au courant des réunions secrètes que vous tenez et des nervis que vous comptez recruter».
Bara Gaye refuse de signer la deuxième mouture du Pv
De sources proches du dossier, les policiers enquêteurs qui écoutaient Bara Gaye sur procès verbal ont bouclé leur audition aux environs de 19 heures. Au terme de l’interrogatoire, ils ont présenté un Pv de cinq (5) pages au jeune responsable, pour signature. Ce qu’il s’est empressé de faire. «Mais c’est sur ces entrefaites qu’une autorité a appelé au téléphone les enquêteurs et s’est mise à corriger en direct le procès verbal que Bara Gaye avait déjà paraphé et signé.
Au bout de 30 minutes de correction et de résumé par l’autorité, un Pv de 3 pages a été produit. Ainsi, les enquêteurs ont demandé une deuxième fois à Bara Gaye de signer la nouvelle mouture du Pv, ce qu’il a catégoriquement refusé. Malgré l’insistance des policiers, il est resté sur sa position parce qu’il a estimé que ses propos n’ont pas été fidèlement restitués», renseigne notre source.