RÊVES D'UN SÉNÉGAL NOUVEAU

«A l’an 2000, Dakar sera comme Paris !» Cette belle note pleine d’espoir que l’histoire attribue au premier Président sénégalais Léopold Sédar Senghor a bercé la tendre enfance de millions de Sénégalais. Dakar comme Paris ? Que de rêves ! Des songes longuement nourris par une conviction rationnelle, selon laquelle, les autres ne peuvent pas éternellement faire mieux que nous. Mais bien des années plus tard, que de désespoir ! Les rêves se transforment de plus en plus en cauchemars. On attend toujours que Dakar devienne comme Paris...
C’est une expression plus imagée, pour dire que le Sénégal peut atteindre le développement au même niveau que les pays de l’Occident, à la tête desquels, on retrouve nos cousins français. Mais le développement, c’est un long processus pour lequel malheureusement, nous ne nous sommes pas préparés. Le développement économique passe forcément par le développement de notre capacité à changer les choses, à réfléchir autrement et à agir en Peuple responsable et soucieux de la prochaine génération. Mais que fait-on aujourd’hui de notre existence ? Sinon que de tricher pour réussir, de voler pour s’enrichir, de mentir pour se donner bonne conscience. Le futur ne semble pas nous intéresser. Ce qui nous semble plus important, c’est le devenir de nos propres familles. Familles au sein desquelles, on a tous grandi, avec l’idée que le développement est d’abord personnel. C’est comme ça qu’on a été tous formatés ou presque !
Les Sénégalais ne travaillent pas pour rendre le Sénégal prospère, mais pour se rendre prospères. Chacun là où il sert, comme fonctionnaire de l’Etat ou autres prestataires privés, pense d’abord à lui. Son confort personnel passe avant tout ! Des travaux d’intérêt public n’ont aucun sens pour nous. Le sens élevé de la citoyenneté n’existe que dans l’imagination fertile des idéalistes qui n’ont plus droit de cité au Sénégal. Certains ont même fini de baisser pavillon et se de rendre compte de l’évidence : on restera d’éternels retardataires. Le fait de nous faire croire que : «Xaliss kène dou ko liggèy, daniou koy lidienti» (L’argent ne se travaille pas, il se règle), demeure une parfaite illustration de notre rapport névrotique avec le mensonge et la tricherie !
Les Sénégalais ne font rien pour changer le Sénégal, dans le bon sens. Le culte du travail qui a profité à beaucoup de pays demeure un vain mot, malgré les preuves tangibles du développement par le travail et les conséquences ô combien importantes du sens élevé du civisme et de l’amour pour la Nation.
Rare sont ceux d’entre nous, qui accepteraient de servir la Nation sénégalaise, de façon désintéressée. C’est tout naturellement qu’on ressent un grand pincement au cœur, quand on croise un secrétaire d’Etat du gouvernement de Genève, dans un tramway, debout avec son sac, comme un citoyen lamda. Allez demander à un ministre ou un député sénégalais de prendre les cars Ndiaga Ndiaye, au moment d’aller au bureau ! Chez nous, la principale conception du pouvoir est la pleine jouissance même pour nos nombreuses épouses qui ont droit à des véhicules personnels et des passeports...diplomatiques. Et ce sont ces mêmes personnes qui crient sur tous les toits que nous sommes un pays pauvre et très endetté!