RACINE SY ET CIE DECRIVENT UN SECTEUR MORIBOND ET SONNENT L’ALERTE
TOURISME AU SENEGAL
Les professionnels du secteur du tourisme attirent l’attention des autorités sur le fait que le secteur du tourisme se meurt à petit feu. Selon racine Sy, président de la fédération des organisations patronales de l’industrie touristique du Sénégal (fopits), actuellement «le tourisme est un secteur en quasi sinistre et en quasi faillite, car confronté à des problèmes inconnus depuis l’indépendance ». cela résulte des niveaux de remplissage catastrophiques des hôtels de Dakar à Ziguinchor en passant par Saly, Saint-louis etc.
Les professionnels du tourisme sont désemparés face à la situation de leur secteur. Faisant face à la presse, Mamadou Racine Sy et compagnie ont tiré la sonnette d’alarme avant la mort du tourisme sénégalais. «C’est un secteur en quasi sinistre. Il est important de prendre l’opinion à témoin pour que les gens puissent prendre la mesure de l’ampleur des dégâts. On est à un stade où on peut parler d’agonie pour le secteur du tourisme. Nous n’avons jamais été confrontés depuis l’indépendance à une situation aussi catastrophique, qui ne manquera pas d’avoir des effets difficiles à quantifier sur le plan économique mais aussi social», tempête Racine Sy. Le président de la Fopits a tenu à faire part de sa préoccupation :«si c’était une société, j’aurais dit qu’on est en état de quasi faillite ou en état de cessation de paiement.
La situation est extrêmement grave et touche aussi bien l’hôtellerie d’affaires qui a vu son chiffre d’affaires baisser que l’hôtellerie de loisirs qui aujourd’hui pense plutôt à diminuer des emplois et pour certains, à fermer purement et simplement les établissements». Vu les bonnes dispositions de Macky Sall qui a été le premier chef d’Etat à lancer une saison touristique, Racine Sy dit avoir l’impression que le Président lui-même se heurte à des blocages.
Abondant dans le même sens, Mamadou Sow, président du Syndicat des agences de voyage et de tourisme du Sénégal, indique que «l’heure est grave, la situation catastrophique et le tourisme gravement malade».
UNE SITUATION SANS PRECEDENT
Pour M.Sow, il faut que les membres du gouvernement sachent qu’il n’y a plus de temps à perdre et qu’il faut des solutions concrètes, sinon c’est tout un pan de l’économie sénégalaise qui va disparaître. Le président Sow laisse entendre que le tourisme est profondément atteint par les conséquences négatives liées à l’accumulation de problèmes structurels, de phénomènes conjoncturels, de manque de visibilité
et de faiblesse de développement, qui n’ont jamais trouvé de solutions durables auprès des pouvoirs publics. Compte tenu de cette morosité, il ressort du dernier état des lieux établi par la profession, sur la base de données réelles recueillies auprès des exploitants, une situation alarmante et sans précédent. «Comme l’atteste le niveau catastrophique de taux de remplissage annuel des structures d’hébergement touristique, pour la saison touristique 2014/2015», Mamadou Sow déclare qu’à la station balnéaire de Saly le remplissage annuel a baissé de 75%, au Sine Saloum de 80%, à Saint-louis de 80%, à Tamba de 90% et en Casamance de 80%. D’après M.Sow, ces contre-performances concernent le tourisme balnéaire, le tourisme de découverte, le tourisme culturel, le tourisme de chasse et l’éco-tourisme, c’est-à-dire l’ensemble des activités qui constituent les principaux produits de l’offre nationale de la destination sur les marchés des voyages et du tourisme. A Dakar, le tourisme de congrès et d’affaires affiche un taux d’occupation de 40% de moyenne d’occupation annuelle pour les 4 et 5 étoiles et entre -65 à 70% de moyenne d’occupation annuelle pour les 3étoiles.
CONSEQUENCES ECONOMIQUES DESASTREUSES
Pour les acteurs, cette situation reconnue unanimement désastreuse a des conséquences comme la fermeture de structures d’hébergement touristique, faute de clients, la fermeture d’agences de voyage évoluant dans le secteur. Les membres de la Foptis estiment que ce marasme est dû essentiellement au poids excessif des taxes aéroportuaires qui ont rendu la destination Sénégal plus chère et moins compétitive par rapport à la concurrence et à l’instauration du visa d’entrée des touristes. Sur ce point, M.Sow confie que des experts avaient averti que c’est un suicide pour notre tourisme. Il regrette aussi l’absence de promotion de la destination Sénégal. Le chef de l’Etat avait demandé de créer l’Agence sénégalaise de promotion touristique(Aspt), mais le budget de 4 milliards qu’il avait promis n’est toujours pas disponible et le Directeur annonce la faillite prochaine de l’Agence. L’avancée de la mer qui a occasionné la perte de vocation de la station balnéaire de Saly est aussi une cause de la situation. Or, le calvaire des acteurs risque de continuer car avec l’arrêt définitif des vols charters en fin février, les touristes ne pourront plus arriver à la destination Sénégal.
Ainsi, les camarades de Racine Sy regrettent la perte d’activité de la saison touristique 2014/2015, alors que celle de 2015/2016 est définitivement compromise. «Ça fait plus de deux ans que nous avons écrit aux différents Premiers ministres, au président de la République et rien n’est fait pour relever ce secteur», constate pour le déplorer M.Sow, visiblement déboussolé.
SOS TOURISME
Les exigences des acteurs
Constatant des difficultés inouïes dans leur secteur, les acteurs du tourisme exigent, en plus du plan d’urgence de relance du tourisme, des mesures concrètes pour sauver ce qui peut l’être. Car, disent-ils, avant de penser à d’autres stations balnéaires (Pointe Sarène, Joal Finion), il faut sauver l’existant. D’ailleurs, Racine Sy, président de la Fopits indique qu’ils n’attendent pas des autorités des réunions qui ont déjà été tenues, mais des mesures. «Le miel on le préfère dans la bouche pas dans les oreilles», argue Racine Sy. Ainsi, les acteurs exigent la suppression du visa pour les touristes «qui est néfaste pour le développement du tourisme au Sénégal, fait baisser la clientèle car à l’ambassade du Sénégal en France ils n’arrivent même pas à contenir les visiteurs avec des formalités tellement fastidieuses». Ils demandent aussi la baisse substantielle des taxes aéroportuaires qui ont été multipliées par 4, l’allocation de ressources financières conséquentes pour la promotion de la destination. Au niveau fiscal, ils exigent l’arrêt immédiat des procédures contre les entreprises du secteur qui ne peuvent plus faire face, la baisse de la fiscalité comme mesure de soutien aux entreprises du secteur (la patente) ; le maintien du plafond de l’impôt minimum forfaitaire avant l’adoption de la loi rectificative d’octobre 2014, qui maintenait le plafond à 5.000.000 F Cfa; la généralisation de la baisse de 10% de la Tva sur les activités des agences de voyage et de tourisme, conformément à la directive de l’Uemoa.
Marche naTionale
Les acteurs du tourisme sont convaincus que la mise en oeuvre de ces mesures permettra efficacement de sauver les principaux acquis de la destination et également de contribuer à la réussite du Pse qui risque de connaître un échec si le tourisme s’écroule. En tout cas pour dénoncer la situation, les travailleurs du secteur, avec le soutien des patrons, ont entamé un plan d’action. Ils comptent organiser, selon Mamadou Diouf de la Csa, des marches régionales planifiées pour dénoncer cette faillite programmée. Une marche nationale sera aussi organisée à Dakar