RALENTISSEZ ! ON ÉTOUFFE
D’interminables files de voitures roulant au ralenti, des bouchons insupportables, un concert de klaxons, c’est le spectacle qu’offre la capitale aux heures de pointe. Dakar étouffe, à force de respirer le carbone rejeté par des milliers d’automobiles, mais aussi à cause des usines implantées dans la zone industrielle de Hann Bel-Air.
La ville n’en peut plus. Malheureusement, tout le monde fait comme si de rien n’était alors que notre cadre de vie est sérieusement compromis. Et le plus ironique dans tout ça, c’est que presque tous les jeunes rêvent d’avoir une belle voiture. Au même moment, les artères de la ville supportent mal cette prolifération beaucoup plus anarchique qu’organisée d’automobiles.
Considérée comme une nécessité, la voiture est devenue avec le temps un objet de luxe, un signe de prospérité matérielle. En effet, quoi de mieux qu’un véhicule flambant neuf pour montrer aux autres que notre situation sociale s’est nettement améliorée.
Aujourd’hui, il est impossible d’emprunter les voies de certains quartiers huppés ou populaires de Dakar sans être frappé par le nombre important d’automobiles garées sur les trottoirs.
Les conséquences d’une telle situation sont aussi désastreuses les unes que les autres. D’abord, la santé des populations se dégrade au quotidien avec une augmentation des infections pulmonaires et d’autres maladies liées à l’inhalation de fumées toxiques.
D’aucuns diront que c’est le prix à payer pour rouler à la vitesse de la modernisation et que le jeu en vaut bien la chandelle. Certes, l’utilité des moyens de transport routier et des usines n’est plus à remettre en cause. Seulement, si on campe sur cette position consistant à considérer la pollution de l’air comme un mal nécessaire, aucune action ne sera envisagée pour réduire l’effet nocif de toutes ces machines.
Dans un contexte marqué par une prise de conscience de la communauté internationale par rapport aux enjeux environnementaux et écologiques, il urge de réfléchir sur les moyens d’atténuer l’impact de toutes ces fumées toxiques sur notre bien-être.
Comme pour donner l’exemple, la taxe carbone a été proposée dans les sphères dirigeantes mondiales, et même si les pays concernés peinent à s’accorder sur sa pertinence et sa mise en pratique, le débat sur cette question montre à quel point la pollution de l’air se fait menaçante à l’échelle planétaire.
Chez nous, il est triste de constater que le débat n’est pas à l’ordre du jour et que les pays africains de manière générale, sont exclus de ce débat tant primordial que vital. Mais où sont les défenseurs de la cause écologiste ?
Auraient-ils renoncé à leur vocation de défenseurs de la nature ? Difficile d’y apporter une réponse convaincante, surtout que ces derniers ont quasiment déserté l’espace public.
Rares sont en effet les voix qui s’élèvent au Sénégal pour attirer l’attention des Sénégalais sur les abus dont la nature est en permanence victime.
Mais en attendant, rappelons juste que chacun de nous à l’obligation de s’ériger en garde-fou pour lutter farouchement contre toutes ces menaces qui pèsent sur notre cadre de vie. Il en va de notre citoyenneté et plus important encore, de notre survie !