REPRESSION DES HOMOSEXUELS: LES EURODEPUTES VEULENT SANCTIONNER L'OUGANDA ET LE NIGERIA

STRASBOURG, 13 mars 2014 (AFP) - Le Parlement européen a demandé jeudi à l'Union européenne de sanctionner l'Ouganda et le Nigeria, à la suite du vote de lois anti-homosexuels dans ces pays, en réorientant l'aide au développement au bénéfice de la société civile et d'ONG.
Dans une résolution non contraignante adoptée à une large majorité, les députés appellent la Commission européenne et les Etats de l'UE à "réexaminer leur stratégie d'aide à la coopération au développement à l'égard de l'Ouganda et du Nigeria et d'accorder la priorité à la réorientation de l'aide vers la société civile et d'autres organisations".
Selon les députés, les lois adoptées en décembre 2013 en Ouganda et au Nigeria qui prévoient de lourdes peines de prison à l'encontre des homosexuels constituent de "graves menaces" sur les droits de l'homme.
L'Ouganda a adopté en décembre une loi durcissant la répression de l'homosexualité, déjà passible de la prison à perpétuité dans ce pays et qui reste largement réprimée en Afrique.
Cette législation, promulguée un mois après l'entrée en vigueur d'une loi restreignant encore les droits des homosexuels au Nigeria, a suscité les virulentes critiques des défenseurs des droits de l'homme et des gouvernements occidentaux, dont certains ont gelé une partie de leur aide à Kampala, des mesures pour l'heure sans effet.
Près des trois-quarts des pays d'Afrique disposent de législations interdisant ou réprimant l'homosexualité, souvent héritées des lois coloniales. L'Afrique du Sud est le seul pays africain à reconnaître le mariage entre personnes de même sexe, ce depuis 2006.
Les députés européens demandent à la Commission d'entamer "d'urgence un dialogue politique renforcé" avec l'Ouganda et le Nigeria, comme le prévoit l'accord de Cotonou signé entre l'UE et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
Si ce dialogue ne porte pas ses fruits, l'UE a la possibilité de suspendre partiellement ou totalement l'accord de Cotonou en invoquant des violations graves des droits de l'Homme, comme le prévoit l'article 96 de l'accord. Intervenant au nom de la Commission européenne, le commissaire Janusz Lewandowski a jugé "prématuré" un "recours immédiat" à l'article 96.
En outre, "nous avons déjà des discussions très franches avec les autorités des deux pays", a-t-il précisé en soulignant qu'un dialogue renforcé allait être lancé le 28 mars avec l'Ouganda, pour lequel l'aide budgétaire est déjà "gelée dans la pratique", l'examen d'un nouveau déboursement de 24,9 millions d'euros ayant été reporté sine die par l'UE.
Bruxelles va également mener un dialogue renforcé courant mars avec le Nigeria, dont le gouvernement ne perçoit actuellement pas d'aide budgétaire au développement de l'UE, a précisé la Commission européenne.
"Le résultat de ces réunions sera d'une grande importance pour déterminer comment nos relations avec les deux pays, l'Ouganda et le Nigeria, vont se développer dans le cadre de l'accord de Cotonou", a précisé M. Lewandowski.