REVELATIONS LORS DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA SAGE-FEMME : Plus de 2000 sages-femmes au chômage au Sénégal
L’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes), en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), a célébré la Journée internationale de la sage-femme, samedi dernier à Dakar, autour du thème : «Aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de sages-femmes. Les sages-femmes sauvent des vies !» retenu au plan mondial, lequel s’est décliné au niveau national en : «Avec les sages-femmes, la planification familiale devient source de mieux vivre pour les familles et la nation».
La manifestation a été marquée par une cérémonie officielle suivie d’un panel sur le thème : «Planification familiale et religion». Selon un document des Nations unies, 300 000 femmes et 3 millions de nouveau-nés dans le monde peuvent être sauvés grâce à la disponibilité de sages-femmes qualifiées. Un constat qui a amené Mme Marième Fall, présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes), à interpeller les autorités sur la situation des sages-femmes au Sénégal. «Je pense que la situation est alarmante dans la mesure où nous avons plus de 2000 sages-femmes qui chôment et cela peut être un danger pour les populations», a révélé Mme Fall qui a expliqué que certaines d’entre elles peuvent prétendre ouvrir une structure privée qui n’aura aucune surveillance des autorités et cela est un danger.
Evoquant le manque de volonté politique dans le recrutement des sages-femmes et le problème de redéploiement et de maintien de ces dernières au niveau des zones reculées, elle dira que ceci peut être un frein pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Mme Fall a ainsi ajouté qu’il y a une mauvaise répartition des sages-femmes au Sénégal. Car il y a un manque criard dans les régions de Matam, Tambacounda, Kolda, Kédougou, Sédhiou et Fatick et que le ratio dans ces zones serait une sage-femme pour 4000 femmes.
Aussi, fait-elle savoir qu’il y a «un grand déficit de sages-femmes, mais que celui-ci est plus pointu en milieu rural qu’en milieu urbain». «Les femmes en état de grossesse à Dakar souffrent du fait que beaucoup d’entre elles et de nouveau-nés meurent dans les taxis en accouchant par manque de place dans les structures de santé», a précisé Marième Fall.
Seulement 200 sages-femmes recrutées depuis 2006 au Sénégal
Elle a, en outre, indiqué que de 2006 à nos jours, il n’a que 200 sages-femmes qui ont été recrutées par l’Etat et qu’il n’y a pas d’harmonisation dans certains recrutements de sages-femmes qui se font dans certaines zones. Car elles n’ont pas les mêmes conditions que celles qui ont été recrutées par l’Etat. Pour Marième Fall, «c’est paradoxal pour une sage-femme de payer 50 000 francs par mois et pendant 3 ans pour se former, sortir avec un diplôme et de dire que je vais travailler uniquement en ville. L’essentiel, c’est d’avoir un travail, mais avec des conditions pour exercer sa profession dans la qualité».
Selon elle, quel que soit le type de formation, il faut se dire que ces écoles font un diplôme commun. «Mais il y a un problème d’insuffisance de compétence. Parce que, a-t-elle expliqué. Les structures sanitaires, qui ont le rôle d’encadrer ces futures sages-femmes, sont en manque et cela impacte sur la qualité des prestations de service». Elle n’a, par ailleurs, pas écarté l’idée pour son association de passer à la vitesse supérieure en décrétant une journée sans sages-femmes dans les hôpitaux afin qu’elles soient entendues.