RTS, UN PETIT RAYON TELLURIQUE DE SOLEIL
Lylian Kesteloot a commis, dans la Gazette n°225 du 2 janvier 2014, un billet fort sympathique pour dire toute sa satisfaction (et son plaisir) de voir l’infléchissement notable de la Rts, notre télévision nationale, vers une meilleure prise en charge de sa mission de service public. Elle constate que l’information y est plus nationale qu’étrangère, plus professionnelle.
Très soucieuse du pays réel. Une information plus large, plus orientée vers le social, vers le rural. Elle se réjouit de la multiplication, riche et variée, des magazines et documentaires. Elle déguste au passage le magnifique reportage sur le ranch de Dolli et toutes ces campagnes d’information sur les questions de santé et d’éducation, de bonne gouvernance, etc.
Elle termine son propos en disant qu’il y a «un souci d’une communication plus transparente et exhaustive, intérêt pour les franges de la population ; intérêt aussi pour l’opinion des gens souvent interrogés, souvent critiqués». «La voix de la Présidence est en train de devenir une télévision vraiment nationale», conclut-elle.
Je ne suis pas loin de partager son propos et sa joie de voir un tel infléchissement riche d’avenir. Il y a en effet, un respect accru, pour ne pas dire nouveau, du téléspectateur. La Rts joue mieux son rôle qui est d’informer, d’éduquer, d’animer le débat démocratique, «dans le respect de la République et de ses institutions, de la démocratie et de ses principes», comme l’a dit le président de la République dans son adresse à l’intelligentsia sénégalaise lors du banquet du 4 janvier 2014, à la Présidence de la République. Notre télévision nationale est en train de faire une mue en douceur : elle n’est plus déjà cette officine de propagande éhontée de naguère seulement – qui l’a discréditée (rien à la télé ce soir) - et s’efforce avec plus d’efficacité de remplir sa mission de service public.
La Rts est en train de devenir une télévision de qualité : elle informe, distrait et cultive.
Personnellement, je suis très sensible à ces admirables reportages sur la faune et la flore de mon pays et ses magnifiques paysages – des rivages du mon Fouta natal aux luxuriantes et superbes îles du Saloum, en passant par l’est et le sud -, et à cette plongée dans nos traditions, dans notre folklore ; à cette monstration de notre di- versité culturelle, touristique, écologique. C’est très formateur pour la jeunesse, surtout urbaine, qui gardera ainsi de « tous nos paysages, intacte, la trace du passage ».
Certes, comme Lylian, je déplore le tam-tam abusif, la place excessive faite à la lutte-cirque, les mbalakh intempestifs et autres xawarés insipides et bruyants, au détriment du théâtre, du cinéma africain, de l’histoire, etc.
Et, peut-être aussi, un peu beaucoup, la Rts2 en déshérence. Ce n’est pas encore Byzance, mais cela pourrait en être le prélude. Acceptons-en l’augure ! Oui, il y a enfin quelque chose à notre chère Rts, depuis bien des soirs, bientôt (quelque chose à voir avec l’ancrage culturel, la propagation des savoirs et le renforcement du lien social): à ce quelque chose de prendre maintenant toute la place.
Oui, il y a un frémissement, un léger zéphyr. J’encourage vivement ce pli pris d’une télévision qui enfin respire, après une apnée longue et prolongée.