SANDAGA : DES CENTAINES DE MILLIONS PARTIS EN FUMEE APRES L'INCENDIE
PREJUDICE MATERIEL ET FINANCIER
Les dégâts causés par l’incendie qui s’est déclaré au marché Sandaga, dans la nuit du vendredi au samedi dernier, sont énormes. Ils sont estimés à des centaines de millions de FCfa. Pour l’instant, l’origine de l’incendie demeure méconnue.
Dame Ndiaye, tailleur, âgé d’une quarantaine d’années, est presque vêtu de haillons. Son visage est crispé. Il ne sait pas où donner de la tête et cache mal son désarroi. Il vit une scène ubuesque. Son atelier de couture est réduit en cendre après l’incendie qui s’est déclaré au marché Sandaga dans la nuit du vendredi à samedi. A côté de lui, les éléments du Groupement national des sapeurs pompiers battent l’eau avec un bâton. Toutefois, Dame ne désespère pas de trouver quelques restes utiles à l’intérieur de son lieu de travail. Mais c’est peine perdue, car il cherche une aiguille dans une botte de foin. Toutefois, il se contente d’extraire des tables les machines en coudre gravement atteints par le feu. Ses voisins, dont certains sont aussi victimes de l’incendie, viennent le consoler.
Il prend place sur une table et regarde dans le vide. Les dégâts matériels causés par les flammes sont énormes. « C’est le fruit de plusieurs années de labeur qui sont parties en fumée. J’avais près d’une dizaine de machines dans mon atelier, dont la moins chère coûte 300.000 FCfa. Certaines valent 800.000 FCfa et d’autres 1.200.000 FCfa. Sans compter les tissus des clients dont la valeur dépasse 2 millions de FCfa », explique Dame Ndiaye, la voix presque inaudible. Il est 11 heures en cette matinée du samedi, mais le feu n’est pas encore totalement maîtrisé. La fumée se dégage toujours à l’intérieur du bâtiment central. De même, les éléments des sapeurs pompiers sont également à l’œuvre. Les lieux sont encerclés par les forces de l’ordre qui y interdisent tout accès. Même aux propriétaires des magasins. Un jeune commerçant accuse : « Ce sont les forces de l’ordre qui ont aggravé la situation. Beaucoup de biens auraient pu être sauvés s’ils nous avaient laissés entrer et extraire nos bagages. Le feu n’avait pas une grande envergure au départ. Mais, ils nous ont interdit l’accès depuis hier (Ndlr : vendredi) nuit ».
Des commerçants et travailleurs du marché sont dans l’expectative. Ils ne savent pas ce qui se passe à l’intérieur de leurs magasins. « Je suis là, à quelques mètres de mon magasin, mais les forces de l’ordre ne me laisse pas y entrer », se désole Amadou, un commerçant. Sur les côtés où le feu est complément maîtrisé, les propriétaires des magasins et autres échoppes s’activent pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être. Et c’est vers 13 heures que l’incendie a été totalement éteint.
Dispositif de sécurité
Difficile de dresser un bilan, mais les pertes sont inestimables, selon Amadou Khar Fall, agent de la mairie de Dakar. « Ce qui est sûr, des centaines de millions sont emportés par le feu », avance-t-il. Des machines à coudre, des effets vestimentaires, des papiers, des outils informatiques…, sont simplement réduits en cendres.
L’origine de l’incendie reste toujours mystérieuse. Cependant, les occupants du marché indexent la mairie de Dakar et l’Etat du Sénégal. « Nous étions chassés des lieux vendredi, à la veille de la Tabaski. Depuis, nous n’y avons pas mis les pieds. Ce sont eux (l’Etat et la mairie de Dakar) qui ont fermé les boutiques, confisqué les clés et y ont mis un impressionnant dispositif sécuritaire pour veiller au grain. Donc, si le marché a brûlé, c’est à eux que les responsabilités incombent », accuse Dame Ndiaye. Serigne Habib Sy, fils de Serigne Mansour Sy, venu s’enquérir de la situation, a demandé aux victimes de l’incendie de garder leur calme et de s’en remettre à Dieu.