SES AVOCATS DÉNONCENT UNE ACROBATIE JURIDIQUE DE LA CREI
NOUVELLE MISE EN DEMEURE SERVIE À KARIM WADE
Mis en demeure une deuxième fois, hier, afin de justifier 99 milliards de flux financiers bancaires, Karim Wade risque une autre inculpation suivie d'un placement sous mandat de dépôt pour six autres mois. Mais ses avocats dénoncent une acrobatie juridique de l'État visant à contourner la loi : ''Il ne peut pas y avoir deux mises en demeure pour une seule enquête préliminaire'', soutiennent les conseils du fils de l'ex-président de la République, Abdoulaye Wade.
Auditionné 72h d'affilé, le fils de l'ex-président de la République Abdoulaye Wade a une fois de plus été mis en demeure dans le cadre des enquêtes sur l'enrichissement illicite. Hier, le Procureur spécial près la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), Alioune Ndao, a remis à Karim Wade le document attestant sa nouvelle mise en demeure. Il devra justifier une somme que le Procureur spécial de la CREI a évaluée à 99 milliards venant s'ajouter à un patrimoine déjà énorme prêté depuis son arrestation à l'ancien ministre d’État.
Mais, derrière cette nouvelle mise en demeure, les avocats du mis en cause décèlent une entreprise de l'État visant à le maintenir en prison pour six autres mois. ''Cette procédure relève d'une pure malice par laquelle le Procureur spécial tente l'ouverture d'une nouvelle information pour enrichissement illicite fondée sur des comptes bancaires qu'il veut distraire d'une enquête déjà en cours'', a dénoncé Me Ciré Clédor Ly, hier à Dakar, lors d'une conférence de presse du collectif des avocats du déjà pensionnaire de Rebeuss depuis près de six mois. Selon Me Ly, ''cette manoeuvre criminelle a pour but de demander et d'obtenir un nouveau mandat de dépôt qui maintiendrait encore Karim Wade en prison pour six nouveaux mois pour un nouveau dossier qu'on joindra immédiatement au dossier en cours''.
Soulignant que ''le dossier communiqué à Karim Wade est celui sur lequel travaille déjà la commission d'instruction'', Me Ciré Clédor Ly (photo) estime que ''le Procureur ne peut pas engager de nouvelles poursuites sur la base des pièces déjà utilisées dans la première mise en demeure''. Il explique "qu'il ne peut pas y avoir deux mises en demeure pour une seule enquête préliminaire''.
''Sans nouvelle enquête préliminaire, il ne peut y avoir une nouvelle mise en demeure'', insiste Me Ly qui parle d'''acrobatie juridique''.
''Contourner la loi''
Inculpé et placé sous mandat de dépôt depuis le 17 avril dernier, Karim Wade est depuis lors en prison. ''Selon la loi qui institue la CREI et le délit d'enrichissement illicite, l'instruction ne peut pas excéder six mois'', a tenu à rappeler Me El Hadji Amadou Sall, autre conseil de Wade fils. Soulignant ainsi que ''la conséquence logique est que, après six mois, Karim Wade est d'office mis en liberté provisoire, l'instruction close et jugé dans les deux mois qui suivent''.
Me Sall estime en outre que ''le dossier qu'on a présenté à son client est constitué exclusivement de documents qui viennent de la principauté de Monaco''. Ces documents, dit-il, ''établissent de façon formelle, claire et précise que Karim n'est coupable de rien. Ils retracent l'évolution de différents comptes bancaires appartenant à des sociétés et des personnes physiques qui n'ont rien à voir avec Karim Wade''.
L'avocat ajoute que ''les banques monégasques ont établi des documents clairs et précis, selon lesquels on peut affirmer que de tous les comptes qui ont été visés, pas un seul sou n'a quitté un des comptes pour atterrir dans un autre compte appartenant à Karim Wade. (Il) n'est actionnaire, délégataire ou mandataire dans aucune des sociétés visées''.
Pour Me Sall, ''l'enquête des experts peine à trouver des éléments objectifs pour renvoyer Karim Wade en jugement''. Et face à cela, ''il fallait donc trouver les moyens de contourner la loi et d'essayer de maintenir Karim Wade en prison'', pense Me Ciré Clédor Ly.