SEYDOU GUEYE REPLIQUE A WADE
«L’AGENDA DE L'ANCIEN CHEF DE L'ETAT, C’EST DE FAIRE DES ACCUSATIONS ET DES SUPPUTATIONS. CE QUI N’EST PAS CONFORME A SON STATUT.»
Après la sortie de l’ancien chef de l’Etat, tirant à boulets rouges sur le régime, et blanchissant, à nouveau, son fils, dans l’affaire de la traque des biens mal acquis, la réplique ne s’est pas fait attendre. Et c’est Seydou Guèye, Secrétaire général du gouvernement et porte-parole du parti présidentiel, qui est monté au créneau, pour dézinguer l’ancien Président.
Quel commentaire faites-vous de la sortie de Me Wade, depuis Abidjan, attaquant le régime par rapport à l’incarcération de son fils ?
Il n’y a absolument rien de nouveau dans la façon de faire de Wade. Abdoulaye Wade nous a habitués à se prononcer sur la vie politique nationale à partir de l’étranger. Donc, rien de nouveau. Par rapport maintenant au contenu de sa déclaration, Abdoulaye Wade reconduit les méthodes qu’on lui connaît. Pendant le dernier mandat, il a passé son temps à blanchir son fils. On lui rappelle tout simplement qu’il ne lui appartient, absolument pas, de blanchir son fils ou qui que ce soit. Dans notre pays qui est organisé, avec un Etat de droit et une justice indépendante, la culpabilité d’une personne ou son innocence est établie par la justice. Nous nous en tenons à cela. Maintenant, si Abdoulaye Wade dit que les juges devraient montrer à la télévision les preuves, ça nous renvoie à Abdoulaye Wade qui a montré le bulletin de santé de Talla Sylla, qui est une pièce dans un dossier en instruction, qui a montré à la télévision le rapport d’un Directeur général de la Lonase, pour établir leur propre culpabilité. Tout ça nous semble d’une autre époque. Et il faut lui rappeler que l’actualité nationale n’est pas autour de son fils.
A vous entendre parler, la sortie de Me Wade n’intéresserait pas les Sénégalais…
Ce qui intéresse les Sénégalais, aujourd’hui, c’est de trouver les moyens de remettre le pays à l’endroit. Puisque l’héritage qu’ils ont laissé est un héritage lourd de conséquences pour les populations sénégalaises. Les Sénégalais vivent des conditions difficiles du fait de la gabegie, des détournements de deniers publics, de l’enrichissement illicite, des gens du régime précédent. Et nous nous donnons les moyens d’établir les preuves et la culpabilité ou leur innocence, puisque nous avons une justice qui instruit à charge et à décharge. Donc, de ce point de vue-là, il n’y a rien d’extraordinaire dans la déclaration de Wade. La seule chose que nous pouvons retenir, c’est une voix venue d’outre-mer pour parler de questions qui n’ont aucun intérêt pour les Sénégalais. Il parle de campagne internationale d’accusation. Nous, nous croyons à la souveraineté de notre Etat. La justice est un domaine de souveraineté du Sénégal. Donc, de ce point de vue-là, nous ne faisons pas d’amalgame. L’international, peut-être que, c’est ce qui fait peur à Abdoulaye Wade, par rapport à la disponibilité des partenaires du Sénégal à aider le Sénégal dans ce projet de recouvrement des biens du pays, que des personnes qui ont été aux responsabilités ont acquis de façon illicite. Et de ce point de vue, la crédibilité du Sénégal lui vaut le soutien international de tous ses partenaires. Ce n’est pas un acharnement. Ce sont les logiques qui gouvernent le monde. La bonne gouvernance est devenue une vertu, une condition de notre développement, mais c’est également une exigence des populations.
Peut-on s’attendre à ce que le régime contre-attaque sur le plan international, si l’on sait que l’ancien Président est en train de faire le tour du monde pour le vilipender ?
Si Abdoulaye Wade a le temps pour faire le tour du monde, nous, nous n’avons pas le temps de vilipender qui que ce soit. Nous avons une seule préoccupation : mettre en oeuvre les stratégies, les projets et programmes qui vont aider les Sénégalais à sortir la tête de l’eau, et à envisager l’avenir, pour contribuer, tous ensemble, à la construction du Sénégal émergent. C’est ça notre agenda. L’agenda d’Abdoulaye Wade est l’agenda d’une parole qui n’est plus audible. L’agenda de Wade, c’est de faire des accusations et des supputations. C’est une attitude qui n’est pas conforme à son statut d’ancien chef d’Etat. Et il n’est pas dans son rôle à vouloir salir l’image du Sénégal. Wade veut toujours être la tour de contrôle de la vie politique du Sénégal, alors que, depuis le 25 mars 2012, les Sénégalais l’ont sorti du champ politique.