SHOW TELEVISE DE MACKY !
Le géniteur de la gouvernance sobre et vertueuse a surpris plus d’un hier, en théorisant la transhumance. Véritable gangrène de la politique sénégalaise, il a légalisé ce fameux «péché» dans le seul souci de massifier son parti politique
A Ziguinchor, dans un passé récent, lors du 3ème conseil des ministres délocalisé, le président de la République avait rencontré une partie de la presse nationale. Mais depuis, Macky Sall avait porté son choix sur les médias étrangers pour parler à ses compatriotes des questions éminemment nationales.
Hier, sa cellule de communication a remis ça. Des journalistes de trois groupes de presse notamment RTS, GFM et D-Média ont été conviés à un face à face avec le Chef de l’Etat pour discuter de l’économie, de la politique, de l’actualité, du social et autres questions.
Pendant quatre heures d’horloge, en français, puis en wolof, après une pause de quinze minutes, le président de l’Alliance pour la République(Apr) va peintre en marron son Sénégal. Un pays qui, selon lui, se porte à merveille avec son Plan Sénégal Emergent (Pse) qui a permis, nonobstant les effets combinés du virus Ebola et d’une mauvaise pluviométrie, une croissance de 4,5 % et se projette vers un taux de 5.4 en 2015.
Les privés sénégalais peuvent crier sur tous les toits qu’ils crèvent la dalle, à cause de la préférence de l’expertise étrangère, les Goorgorlu peuvent s’épancher sur les ondes, en déclarant «dekk bi defa Macky», le premier magistrat du pays lui, préfère retenir que 35 % sur les 3600 milliards du PSE ont été mobilisés. «Le Sénégal est crédible. Il a une bonne signature», se vante-t-il. Et d’ajouter : «il faut arrêter à se faire peur. On n’est pas à Bagdad».
«Je suis un réformateur»
Ceux qui tiennent au respect de règles de la transparence dans l’attribution des marchés publics n’ont qu’à non plus déchanter. Ce n’est ni l’ARMP, encore moins sa DCMP, qui vont bloquer les chantiers de Macky Sall. Hier, le Chef de l’Etat a réaffirmé sa volonté de rendre plus flexibles les gré à gré. «Les lois sont faites pour être modifiées. A chaque fois qu’il y aura des goulots d’étranglements, je réformerai», soutient-il pour justifier les différents marchés de gré à gré notés depuis sa prise de pouvoir. «Je suis un réformateur», s’autoproclame-t-il.
Théorisation de la transhumance
Le géniteur de la gouvernance sobre et vertueuse a surpris plus d’un hier, en théorisant la transhumance. Véritable gangrène de la politique sénégalaise, Macky Sall a légalisé ce fameux «péché» dans le seul souci de massifier son parti politique.
Obnubilé par un second mandat, le président de l’APR, certainement convaincu que ses militants et autres alliés ne peuvent récidiver le coup du 25 mars 2012, a décidé d’ouvrir les vannes à tous les courtiers politiques, mus justes par des appétits carnassiers, sans conviction aucune. Oubliant que la souveraineté appartient au peuple et qu’il a été élu alors que l’APR n’était qu’un simple mouvement, Macky Sall semble même en vouloir à tous ceux qui souhaitent la moralisation de la vie politique en stigmatisant la transhumance. «On est libre d’aller et de venir. Au nom de quel principe quelqu’un n’a pas le droit de quitter un parti qui vient de perdre un pouvoir pour rallier un autre qui a gagné ?, martèle-t-il. Je suis un homme de liberté. Pourquoi certains se prennent pour des censeurs pour nous dire ce qui est moral ou amoral. Personne n’est traître. Il faut qu’on arrête ces jugements de valeur sur les hommes politiques. Les idéologies doivent être relativisées. Ce qui reste maintenant c’est du feeling». Les maîtres es-opinion public sont alors avertis. Macky Sall tient à un second mandat et tous les coups sont permis pour y arriver.