SI AL AMINE AVAIT LES BONNES VERSIONS DE LA SITUATION, SON DISCOURS ALLAIT ETRE AUTRE
MAMADOU LAMINE DIANTE, COORDONNATEUR DU GRAND CADRE SUR LES PROPOS DE AL AMINE SUR LES ENSEIGNANTS
Après Cheikh Abdoul Aziz Sy Al Amine, c'est au tour de Mamadou Lamine Dianté de revenir amplement sur la discussion qu'il a eue avec le porte-parole de la parole de la famille tidjania. Ce, non seulement pour contextualiser, mais pour dénoncer la manière dont le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, est en train de combiner contre les enseignants.
Qu'en est-il exactement de votre discussion avec Al Amine ?
Il faut dire que Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine a voulu s'impliquer dans la résolution de la crise, l'année dernière, comme à l'accoutumée quand de pareilles situations surviennent. Notre rencontre était prévue le 30 avril, mais quand finalement le Premier ministre avait demandé à nous recevoir en tant que coordonnateur du Grand cadre, j'ai pris l'attache de son cabinet pour l'informer qu'on doit voir le Premier ministre pratiquement à la même heure qu'il devait nous recevoir. Il nous a fait donc comprendre que la priorité c'était de rencontrer le Premier ministre, parce que lui, en s'impliquant, c'était surtout pour faciliter notre rencontre avec les autorités. Il nous a donné son accord pour rencontrer l'autorité et, s’il le faut, après qu'on puisse le rencontrer pour lui faire un compte rendu.
Au sortir de la rencontre avec le Premier ministre, on (moi en tant que coordonnateur du Grand cadre et une délégation, mais j'avais déjà informé Zoumarou qui était en Casamance) s'est rendu à Tivaouane le 1er mai pour lui faire le compte rendu fidèle des échanges qu'on a eus avec le Premier ministre et des engagements pris de part et d'autre. Il a dit qu'il y a deux choses qui peuvent détruire une relation amicale. La première, c'est de demander à son ami ce qu'il n'est pas possible de faire. La deuxième, c'est que l'ami refuse de donner ce qu'il peut donner. Et, par conséquent, il nous a informés que, du côté de l'Etat, on lui a fait comprendre que ce que nous demandons, c'était des milliards et que ce n'était pas dans l'ordre du possible.
Nous lui avons dit que ce qui nous oppose au gouvernement, ce n'est pas des questions d'ordre financier. Dans la mesure où nous avions accepté d'appuyer l'examen des revendications, sur les indemnités à l'étude du système de rémunération et de motivation. Et que c'est au sortir de cette étude et des conclusions qui seront déposées que nous allons entamer des négociations avec le gouvernement. Pour tout le reste, c'était des accords qui étaient déjà signés avec le régime sortant et que le nouveau régime a estimé qu'il fallait reconsidérer pour qu'ils soient réalistes et réalisables. Nous avons renégocié ces accords et, depuis un an, ils ne sont pas respectés. Mais dès lors que le Premier ministre est intervenu en disant que ces directives seront appliquées, nous lui avions accordé une présomption de bonne foi.
Quelles promesses avez-vous faites à Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amin ?
Pour ce qui nous concerne, nous nous sommes engagés à reprendre les cours. Et si c’était également cela sa volonté en tant qu'autorité dans ce pays, nous allons reprendre les cours. C'est l'engagement que nous avons pris en disant que nous allons compenser les heures perdues pour permettre aux élèves d'être prêts pour les examens et nous participerons aussi aux examens. C'est ça qu'on lui a dit. Tous ces engagements étaient pris pour l'année scolaire qui était en cours, c’est-à-dire 2014-2015.
Comment jugez-vous cette réponse venant du Premier ministre ?
Nous n'étions pas surpris quand le marabout nous a dit que le Premier ministre a dit qu'on réclamait des milliards à l'Etat du Sénégal. Parce que, avant, nous avons rencontré également une grande autorité de ce pays- dont je me garderai pour le moment de dévoiler le nom- qui est aussi proche du Premier ministre que de moi-même, et qui m'a dit ce matin, à l'aube : "quelqu'un est venu me dire que vous demandez des milliards au gouvernement et je lui ai dit que ce n'est pas possible, que vous n'êtes pas capables de cela. Il est venu, je lui ai dit toute la vérité". Donc, à un moment, sa campagne (celle du Pm) a consisté à aller vers toutes les figures d'opinion de ce pays pour tenter de les mettre en mal avec les enseignants. Malheureusement pour lui, ce sont des hommes très avertis qui ont compris qu’en réalité, c'était une campagne de machination. Ce qui m'amène à dire que l'essentiel des enseignants du Sénégal avait donné beaucoup de crédits à la personne de Monsieur le Premier ministre au moment où on entamait les négociations avec lui. Et c'est d'ailleurs ce crédit qui a fait que tout de suite, à l'aveuglette, on lui a fait confiance et on a accepté d'aller dans le sens de suspendre le mot d'ordre sur la base de nouvelles promesses. Mais, aujourd'hui, je crois que Mahammad Dionne est en train de montrer son vrai visage et ce n'est pas heureux pour le Sénégal.
Par rapport à l'année scolaire 2015-2016, êtes-vous prêts à faire des concessions ?
Il est clair que nous, depuis le 1er mai, nous ne sommes pas retournés à Tivaouane. Nous savons que Al Amine, c'est à travers les rencontres qu'il a avec les autorités qu'il est informé de l'évolution de la situation. Hier (mardi), le ministre de l'Education lui a rendu visite avec sa délégation. Nous ne puisons pas dans le secret de ce qu'ils se sont dit. Mais, nous considérons que si on lui a donné la situation exacte de l'évolution ou de la mise en œuvre des accords ou du respect des engagements de part et d'autre, nous avons l'intime conviction que ce discours-là n'allait pas être tenu par le marabout. Parce qu'il attendait des deux parties le respect de la parole donnée. Or, aujourd'hui, nous savons pertinemment que le gouvernement n'a pas respecté ses engagements.
Nous considérons que si Al Amine avait les bonnes versions de la situation, son discours allait être autre. Nous, ce que nous disons, et nous tenons ces enseignements de lui, c'est quand une chose nous arrive émanant du Tout Puissant, vous devez vous en remettre simplement au Tout Puissant. Mais, quand quelque chose vous arrive émanant de votre prochain, si vous avez les moyens de faire en sorte que vous soyez rétabli dans vos droits, vous devez utiliser ces moyens-là. Et c'est ce que nous faisons à travers la grève. Maintenant, il est clair que nous sommes à quelques encablures de la rentrée des classes. Et en tant que mandataire, en tant que représentant des enseignants, nous avons également le devoir de leur rendre compte fidèlement le niveau d'exécution des accords avec le gouvernement. Et nous resterons entièrement à l'écoute des enseignants qui nous dicteront la conduite à tenir. Si les enseignants estiment qu'il faut renoncer à tout et continuer à travailler, nous le ferons. Mais, si les enseignants nous demandent d'avoir une autre attitude également, nous ne pouvons pas nous dérober.
Etes-vous sensibles aux demandes des parents d'élèves, à l'image d'Al Amine qui promet de marcher pour vous contrer si vous ne changez pas de manière de faire ?
Ce que je répondrai à cela, c'est que s'il y a des ports de brassages rouges à faire, les enseignants aussi vont porter des brassages rouges, parce que ce sont des parents d'élèves. Nous comprenons parfaitement ces propos venant de l'homme de Dieu, parce qu'il est là pour l'intérêt général. Et nous avons la conviction qu'en le disant, il n'exclut pas les enseignants parmi les parents d'élèves. Mais ce qui fait qu'aujourd'hui on a l'impression que son propos s'adresse aux enseignants, c'est simplement le fait qu'il n'a pas toutes les informations sur la situation actuelle dans la mise en œuvre des accords. Et cela nous impose le devoir d'aller vers lui pour lui donner la vraie version de la situation. Dans les 48 heures, nous nous rendrons à Tivaouane pour rencontrer Al Amine.