SI LE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER ETAIT UNE SOLUTION SIMPLE...
ABDOULAYE MAKHTAR DIOP SUR LA PENURIE D’EAU A DAKAR
En visite hier chez le khalif de Ndiassane, dans le cadre de sa tournée auprès des familles religieuses après son élection comme Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop a abordé l’épineuse question de la pénurie d’eau à Dakar. Après avoir indexé le fameux projet du canal du Cayor comme étant le principal frein dans l’approvisionnement en eau de Dakar, il pense que le dessalement de l’eau de mer, préconisé par certains, constitue une solution à long terme.
A Ndiassane hier, le Grand Serigne de Dakar Abdoulaye Makhtar Diop s’est prononcé sur la pénurie d’eau qui frappe les populations de Dakar. Ancien directeur général de la défunte Société d’Exploitation des Eaux du Sénégal (Sonees), il propose de revoir le
système d’approvisionnement en eau de Dakar et indexe le projet du canal du Cayor comme étant un frein dans l’approvisionnement en eau de Dakar. A l’en croire, le système envisagé actuellement pour contourner les difficultés n’est pas réalisable dans de courts délais. Il considère le dessalement de l’eau de mer comme un projet extrêmement coûteux. « Les usines de dessalement par un processus d’osmose inverse, ce sont des unités qui consomment énormément d’énergie électrique alors que nous en manquons déjà au Sénégal. Ensuite, le coût de l’eau de mer dessalée peut tripler voire quadrupler la facture des consommateurs. Si le dessalement de l’eau de mer était une solution si simple, tous les pays côtiers l’auraient fait », soutient Abdoulaye Makhtar Diop.
Dans le moyen terme, dit-il, il faut laisser le soin au ministère de l’Hydraulique et à la Sones le temps de réfléchir à des solutions alternatives, supportables par notre économie et nos finances. C’est dans cette logique, affirme-t-il, qu’il a convoqué une rencontre le mardi, avec le grand imam et tous les dignitaires lébous, pour maîtriser autant que faire se peut ce phénomène de pénurie d’eau dans la capitale. « Il ne s’agit pas de trouver des solutions techniques mais de faire en sorte que les populations puissent vivre le phénomène avec beaucoup de sérénité et créer ainsi les conditions qui puissent permettre aux autorités de rechercher des solutions sans précipitation ni pression, et sans être conditionnées par une opinion qui n’a pas la maîtrise du problème », indique Abdoulaye Makhtar Diop.
En tant que directeur général de la Sonees, il était opposé à la privatisation. « En réalité, c’est le modèle de privatisation adopté en 1994, sur proposition d’un cabinet d’études canadien, qui est à la base de tous nos malheurs ; car dans le cas d’espèce il y avait trois scénarii et celui qui a été retenu avait montré ses limites en Gambie, en Côte d’Ivoire et en Guinée où il avait été déjà mis en œuvre », renseigne-t-il avant de déclarer : « aujourd’hui le problème ce n’est pas de situer des responsabilités. Mais la priorité est de faire en sorte que la distribution de l’eau reprenne. Les Dg de la Sones et de la Sde n’ont rien fait et il faut éviter de parler de rupture de contrat avec la Sde. Car, s’il y a rupture de contrat, Bouygues propriétaire de la Sde va porter l’affaire devant le tribunal international pour sauvegarder son image et le Sénégal risque une condamnation. Et puis si le contrat est rompu dans ces conditions, qui va se charger de la distribution de l’eau? ». C’est pourquoi il propose d’attendre la fin du contrat pour envisager le lancement d’un appel d’offres.
Accompagné de tous les dignitaires lébous, des «diambours»(électeurs), des chefs de Pinth, notables et imams, le grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop était hier à Ndiassane dans le cadre de sa tournée auprès des familles religieuses, après son élection à la tête de la collectivité lébou.