SI ON PEUT EVITER LA COTE D’IVOIRE ET LE NIGERIA…
MONDIAL 2014 : ALAIN GIRESSE, COACH DES LIONS
Éviter la Côte d’Ivoire et le Nigeria au dernier tour qualificatif du Mondial 2014. Tel est le souhait du coach des Lions. Alain Giresse s’est exprimé avant-hier à Nice, où il a assisté à la victoire du Sénégal (3-0) face à Haïti, au tournoi de football des Jeux de la Francophonie. Entretien
Alors coach, on est à Nice pour supporter l’équipe du Sénégal U20 ?
Je suis là pour suivre nos équipes nationales, notamment les Olympiques. Je les ai vus en regroupement, lors de la préparation à Dakar. Aujourd’hui, je saisis l’opportunité de cette compétition pour les voir à l’oeuvre. Ça me permet d’avoir une idée du comportement de la future relève.
Est-ce à dire que ces jeunes sont dans l’antichambre de l’équipe A ?
(Eclat de rires). Non pas encore. Ils ne sont pas encore à ce niveau-là. Ils peuvent devenir des internationaux. N’oublions pas qu’ils sont très jeunes. Ces garçons ont entre 18 et 20 ans. Donc, ils ont encore du chemin à parcourir. C’est vrai qu’on peut conjuguer l’avenir de l’équipe nationale avec certains d’entre eux.
Avec le recul, êtes-vous satisfait du comportement de vos joueurs face à l’Ouganda ?
Qu’est-ce que l’on demande à une équipe ? C’est de gagner et de se qualifier. Et cela a été fait. Pour le Sénégal, quand il y a des matchs perdus, on critique. Là, savourons un peu notre victoire. Après, on peut toujours analyser le match. Le score pouvait être plus éloquent si on avait gagné par plus d’un but avec une manière un peu plus maîtrisée.
Pourquoi ça s’est passé comme ça ?
Je pense qu’avec le recul, on peut en savoir plus. Peut-être que c’est dû à l’enjeu, l’équipe du Sénégal avait du mal à se lâcher. Après, l’important, c’était la qualif’ pour le dernier tour.
Donc vous appréciez la qualification même si la manière laisse à désirer…
On a obtenu ce qu’on cherchait, c’està- dire la qualification. Dans ce matchlà, on a commis beaucoup d’erreurs techniques et il y a eu beaucoup d’approximations dans les prises de balle et la transmission. L’équipe a les moyens de mieux faire. Il y avait une espèce de blocage qui ne s’explique pas. C’est là toute la problématique.
Quelle appréciation faites vous des têtes de série pour le dernier tour qualificatif ?
«Quel que soit notre adversaire des barrages, nous ne serons pas favoris» Vous savez, à ce stade là, il n’y a plus de petite équipe. C’est déjà très bien d’arriver à ce niveau. Ça prouve que l’on fait partie des dix meilleures nations d’Afrique. Maintenant, il y a un bonus. Ce sont ces deux matchs qui peuvent nous donner une qualification. Ça se jouera certes sur deux matchs, mais ça peut également se jouer sur peu de choses. Vous parlez des têtes de série, mais quand vous voyez ceux qui sont dans notre chapeau (Cameroun, Tunisie, Burkina, Éthiopie), on voit qu’il n’y a que des grandes équipes. Cela prouve que seules les grandes nations sont à ce genre de rendez-vous. De toutes les façons, on ne se sera pas favori.
Quel est votre choix parmi ces têtes de série ?
(Eclat de rires). J’ai forcément un choix : C’est éviter la Côte d’Ivoire et le Nigeria. Mais ça ne reste qu’un souhait du moment que l’on ne maîtrise pas le tirage au sort.
N’est-il pas embêtant de devoir jouer loin de sa base affective ?
Plus on avance dans les échéances, plus c’est mieux d’avoir un soutien populaire venant de son propre public. Malheureusement, le Sénégal doit faire face à ça. C’est vrai que dans certains moments, on aimerait avoir ce soutien populaire pour stimuler un peu l’équipe. Mais il en est ainsi et il faut faire avec.
Avez-vous approuvé le choix des joueurs de recevoir à nouveau à Marrakech pour la prochaine sortie ?
Oui, mais après, ça va dépendre des tirages aussi. Si on devait jouer contre l’Algérie, je ne sais pas si ça serait une bonne chose. Si on joue les autres équipes, ça sera magnifique. On a trouvé des conditions extraordinaires d’hébergement, d’entraînement et de match à Marrakech et ça c’est important.
Il paraît que jusqu’ici vos joueurs n’ont pas reçu leurs primes de match…
(Il coupe et hausse le ton). Ce n’est pas «il paraît». Les primes n’ont pas encore été payées. C’est toujours regrettable. Ce n’est pas une question d’argent, mais plutôt de respect de l’engagement. Les joueurs sont professionnels, il y a certains qui arrivent pour la première fois. Et s’ils se trouvent dans un tel cadre, je dis que c’est regrettable. Récemment au mois de juin, on a eu des problèmes de déplacement pour rallier l’Angola. Aujourd’hui, c’est la question des primes qui est évoquée. Cela peut nous porter préjudice.
En avez-vous parlé à qui de droit ?
Moi je ne peux en parler qu’avec le Président Senghor qui, malheureusement, ne détient pas les moyens. On a rencontré ensemble les joueurs pour leur expliquer la situation. Heureusement qu’on a un groupe sain avec des joueurs qui ne mettent pas en avant l’aspect pécuniaire. À aucun moment, ils n’ont montré une mauvaise attitude ; même si, ensemble, nous avons tous déploré cette situation.