"SI QUELQU’UN DOIT QUITTER LE PARTI, C’EST IDRISSA SECK ET PAS MOI"
OUMAR SARR SUR SON REFUS DE PARTICIPER AU GROUPE ''VÉRITÉ-LIBERTÉ''
Oumar Sarr explique son refus de ne pas participer à un groupe parlementaire dont la présidence et la vice-présidence sont assurées par des alliés. Pour lui, c’est un «manque de considération» envers les sept autres députés de Rewmi. Dans cet entretien par téléphone, il avoue qu’il a des «divergences» avec Idrissa Seck, mais reste «optimiste». Il reste un non- inscrit et membre de Rewmi et lâche une franche rigolade qui peut être amère : «S’il y a quelqu’un qui doit quitter le parti, c’est Idrissa Seck et pas moi.»
Que s’est-il passé hier à l'Assemblée nationale, lors de renouvellement du bureau ?
Je n’ai pas compris la décision qui consistait à donner au groupe parlementaire, notamment au niveau de son bureau, les deux postes de président et de vice-président à des alliés. J’étais d’accord que la présidence soit donnée à Mamadou Diop «Decroix» ou à un allié quelconque puisque je ne me suis jamais soucié du nom de la personne.
Il faut dire que Idrissa (Seck) nous en avait parlé depuis début septembre si mes souvenirs sont bons. Alors, une réunion a été convoquée hier entre les députés de Rewmi pour finaliser (le groupe). Vers 23 h, j’ai reçu un coup de fil de mon collègue et jeune frère Samba Bathily qui est venu me dire qu’il manquait ma signature pour la constitution du groupe. Comme j’étais à un enterrement qui s’est terminé un peu tard, je n’ai pas pu assister à cette réunion.
Je lui ai dit : «Ah, vous avez pu finir ça !» Il m’a répondu : «Oui c’est fait.» Je lui ai demandé ensuite qui est le président, il m’a dit que c’est Mamadou Diop «Decroix». Et au moment de quitter, il m’a demandé à quel moment je devais aller déposer. J’ai dit : «Tu peux aller déposer dès la matinée comme cela tu n’auras pas à avoir la pression sur toi.»
Et aujourd’hui (hier), vers 11h, j’ai eu l’information que la vice-présidence devait revenir à un allié, en l’occurrence la dame Dieynaba Ndiaye du Fsd/Bj (Ndlr : de Cheikh Bamba Dièye).
Quel sentiment avez-vous sur ces choix ?
Alors moi, je suis un député qui, aujourd’hui, a le sentiment que le fait de donner la présidence et la vice- présidence à des alliés est un manque notoire d’estime. Autant je peux comprendre qu’on donne la présidence à un allié, autant je rejette avec la dernière énergie qu’on manque de considération aux sept autres députés (du parti).
Et après mûre réflexion, j’ai écrit une lettre à «Decroix» pour lui dire : «Au lieu de nous offrir en spectacle, j’ai une exigence : il faut remplacer Dieynaba Ndiaye par un député de Rewmi. En ce qui me concerne, votre choix me convient. Vous avez un certain leadership, etc. Mais que la première vice-présidente ce soit attribuée à un autre allié, cela ne me semble pas conforme aux intérêts de mon parti.»
J’estime que pour un parti politique et son chef, la courroie de transmission avec l’Assemblée nationale reste le bureau du groupe. Si on le confie à des alliés qui vont rendre compte à leur parti, c’est manquer de considération aux sept autres députés.
Quand j’ai posé l’exigence, ils avaient promis de régler la question. Ils m’ont dit : «Est-ce qu’on peut vous mettre (vice-président) ?» J’ai dit : «Non, mais je trouve qu’il y a trois autres personnes qui ont les compétences requises pour occuper le poste : Samba Bathily, Mamadou Faye et Magatte Mbodj.»
Ils ont essayé, mais ils n’ont pas pu y arriver. Et ne voulant pas me ridiculiser, j’ai pris la décision qui consiste, à mon avis, à protéger mon parti et défendre ses intérêts quoi que cela me coûterait.
Quand vous dites que c’est un «manque d’estime notoire», est- ce que vous parlez de Idrissa Seck ?
Vous savez, décision a été prise de donner la totalité des positions à l’Assemblée nationale à des alliés. Je répète que je n’ai pas assisté à la réunion pour pouvoir certifier si cette décision avait été discutée. Mais j’ai la liberté de dire que je ne suis pas d’accord. Maintenant, est-ce que c’est Idrissa seck qui a pris la décision ou quelqu’un d’autre ? Cela importe peu.
Y avait-il d’autres députés rewmistes qui n’étaient pas d’accord sur ces choix ?
Je ne peux pas le vérifier parce que je n’ai pas assisté à cette réunion.
Et là, vous restez un député non-inscrit ?
Je conserve mon statut de non- inscrit. Je l’ai été après la tentative avortée de l’année dernière, et cela ne m’a pas empêché de faire mon travail de député.
Et vous restez militant de Rewmi ?
(Rires) Jusqu’à demain. S’il y a quelqu’un qui doit quitter c’est Idrissa et pas moi.
La presse avait annoncé que vous auriez quitté Rewmi. Vous le confirmez ?
Non, je n’ai jamais quitté le parti et je n’ai pas l’intention de le faire. Mais j’avoue que j’ai eu des divergences avec Idrissa. Cependant, notre amitié est tellement profonde que quelles que soient les divergences, je suis optimiste et on arrivera un jour à les dépasser. Mais j’ai décidé de ne plus laisser faire certaines choses.
Vous dites que vous avez eu des divergences avec Idrissa Seck. Est-ce que ce n’est pas ce qui est à l’origine de ces choix sur lesquels vous n’êtes pas d’accord.
Ça, je ne peux pas en juger. C’est à lui de le dire. Mais en tout cas si je ne suis pas d’accord je le dis.
Et elles datent de quand ces «divergences» avec Idrissa Seck ?
Bon, je crois que ce n’est pas utile que je revienne sur cela. Limitons nous aux faits, à l’acte que j’ai posé, à la confirmation de mon encrage dans Rewmi et au renouvellement de mon amitié à Idrissa.
Mais vous ne l’avez pas approché pour comprendre ses choix ?
On a communiqué.
Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
Je ne peux pas étaler ce qu’on s’est dit entre membres d’un parti sur la place publique. Je pense qu’un jour ou l’autre, on parviendra à trouver des solutions. Ce sont des choses qui arrivent dans tous les partis.
Sauf que c’est une surprise que cela vienne de Oumar Sarr, n’est-ce pas ?
Oui, comme je l’ai dit, c’est la profondeur des relations que j’ai avec lui qui fait que cela a surpris.
Mais on va dire que c’est un autre échec après celui de l’année dernière quand Rewmi avait voulu avoir son groupe ?
Non, la constitution d’un groupe n’est pas une fin en soi. Avoir un groupe c’est bien, mais quand on ne l’a pas, cela ne va pas empêcher aux députés membres de Rewmi de se faire remarquer à l’Assemblée nationale.