SIDIKI KABA A AGI EN TOUTE "ILLÉGALITÉ"
L'UMS DÉNONCE LES RÉCENTES LIBÉRATIONS CONDITIONNELLES
L’indépendance de la Justice n’étant pas une faveur faite aux magistrats mais une garantie pour chaque citoyen, l’Union des magistrats Sénégalais (Ums) s’est fendue hier d’un communiqué pour se prononcer sur certaines questions de l’heure, concernant le secteur de la justice. Abdou Aziz Seck et ses camarades ont fustigé les conditions dans lesquelles des libérations conditionnelles ont été accordées récemment, le mutisme des chefs de Cour sur les attaques contre des magistrats, leur mise à l’écart dans les concertations de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri)…
Les conditions dans lesquelles la chancellerie a récemment accordé la libération conditionnelle à plusieurs détenus ne rencontrent pas l’assentiment du bureau exécutif de l’Union des Magistrats Sénégalais (Ums). Dans un communiqué publié hier, Abdou Aziz Seck, président de la structure et ses camarades s’insurgent contre le fait que la chancellerie, «manifestement trop pressée de sortir de prison ce lot important de détenus», n’ait pas pris le soin, à en croire les informations qu’ils ont reçues, d’observer les règles applicables en la matière.
Le fait est d’autant plus alarmant pour eux que certains parmi ces anciens prisonniers, bénéficiant d’une notoriété, sont impliqués dans des affaires d’une extrême gravité. Par ailleurs, en prenant ces mesures, le ministre de la Justice Me Sidiki Kaba n’a pas toujours recueilli l’avis de la commission pénitentiaire de l’aménagement des peines et a «agi en toute illégalité en libérant ainsi des personnes ne remplissant pas les conditions légales ou d’autres jugées dangereuses par les organes compétents».
Sur un autre chapitre, le Bureau exécutif (Be) s’est offusqué des attaques contre des magistrats qui ont juste rendu des décisions de justice selon leur conscience. Des critiques acerbes largement relayées dans la presse sont venues de journalistes, de justiciables, d’hommes d’affaires… Même un député de l’Apr (Ndlr : Moustapha Diakhaté) s’y est mis, en violation flagrante de la séparation des pouvoirs. Malgré cela, ni le garde des Sceaux, ni les chefs de cour n’ont levé le plus petit doigt pour s’offusquer du fait. Les dénonçant avec fermeté, l’Ums ne compte pas se laisser attaquer sans riposter et se réserve le droit de le faire «avec la plus grande vigueur».
La Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) qui vient de remettre son rapport à Macky Sall n’a pas fait mieux que Sidiki Kaba et les «sommets» de la magistrature. En effet, en préconisant des mesures pour le renforcement de la Justice, Amadou Makhtar Mbow et Cie n’ont pas associé dans leurs réflexions les magistrats représentés par l’Ums. Ce qui est inacceptable de l’avis du Be.
Pendant que de l’autre côté on semble se targuer d’avoir fait une trouvaille, l’Ums rappelle que depuis bientôt dix ans, des textes sur la réforme de la Justice dorment dans les tiroirs des autorités.
L’Ums, souligne le Be, s’est toujours préoccupée d’une réforme du système judiciaire axée sur la suppression des liens de subordination avec le pouvoir exécutif et exige des autorités d’adopter les textes en question, dans les plus brefs délais.