SON PATER FUT SON PROMOTEUR ET SON DESTRUCTEUR
Le père fut le promoteur et le destructeur du fils. Le Sénégal n’admet pas, en matière de pouvoir politique ou de gestion d’État, l’usurpation filiale. Philippe Senghor l’avait compris et avait fait profil bas tout comme Pédro Diouf
Pour vendre son fils, le père lui avait donné la Puissance de l’Avoir et l’étendue du Pouvoir avec une impressionnante chaîne de permissivité et de libéralités que nul dans le système n’osait contester au risque d'être dégagé. Tous ceux qui le contestaient ou lui résistaient étaient martyrisés et le pater est allé même jusqu’à le présenter comme le seul génie messianique, au Sénégal, doté d’une intelligence inégalable.
Ensuite, l’Etat qui était devenu une institution captive de la tentation totalitaire était mobilisé pour que les infrastructures portent le sceau du fils afin de faire admettre aux Sénégalais qu’il est un bâtisseur hors pair. Le français, la seule langue qu’il utilisait pour parler aux Sénégalais, avec un accent digne d’un aristocrate de Besançon, pénètre certains esprits mais ne conquiert pas les cœurs. Moralité : Jupiter écrivait qu’on «ne peut conquérir les masses sans s’accommoder de leur héritage linguistique et de leur patrimoine culturel».
C’est pourquoi tout l’arsenal de marketing politique qui était mis à sa disposition s’est avéré inopérant. Il était presque inaccessible à cause d’un puissant protocole d’Etat, à la limite princier, qui l’entourait avec une escouade de suppôts alimentaires. Son père fut son promoteur, il fut aussi son «destructeur» pour ainsi dire.
La culture sénégalaise n’admet pas, en matière de pouvoir politique ou de gestion d’Etat, l’usurpation filiale. Philippe Senghor l’avait compris et avait fait profil bas tout comme Pedro Diouf.
Il s’y ajoute que dans la culture et dans l’histoire du Sénégal, le pouvoir politique se conquiert. Birame Penda Ndiémé en est un exemple pour qui connaît l’histoire du Cayor. Or, le fils de son père n’est pas combatif. Avoir de l’argent «mal acquis», passer de Maïssa à Messie et être ministre de Tout ne suffisent pas.
Aujourd’hui son destin risque de se résumer dans une cellule sombre de Rebeuss. Mais nous lui souhaitons plutôt un retour aux sources occidentales pour méditer à son coup d’Etat manqué dont le Maitre d’œuvre «wade mander» en vain qu’il soit nommé ministre des nuages et de l’argile au Sénégal.