SON UTILISATION BIENTÔT INTERDITE
SACHETS PLASTIQUES À FAIBLE MICRONNAGE

Une loi interdisant la production, l'importation, la détention, la distribution et l'utilisation de sachets plastiques a été votée hier, à l'Assemblée nationale. Ce qui fait que les sachets à faible micronnage seront bientôt interdits sur tout le territoire national.
5 millions. C'est le nombre total de sachets plastiques qui flottent dans la nature, à travers les villes et campagnes du Sénégal, selon le ministère de l'Environnement et du Développement durable. Ce dernier veut "réduire sensiblement" le flux des sachets plastiques. C'est dans ce sens qu'un projet de loi, défendu par le ministre Abdoulaye Baldé et relatif à "l'interdiction de la production, de l'importation, de la détention, de la distribution, de l'utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des sachets plastiques" a été voté, hier à l'Assemblée nationale. Les discussions entre les parlementaires et le ministre Abdoulaye Baldé ont été passionnantes.
Car les députés sont conscients du danger que représentent ces sachets plastiques qui pullulent dans la nature. Ils sont dangereux pour la santé des populations, nocifs à l'environnement et aux végétaux. Même les animaux ne sont pas épargnés par ces sachets. Les bêtes qui, par malchance, les "ingurgitent" meurent par "étouffement". Dans les eaux, explique le ministre Abdoulaye Baldé, ils "tuent les tortues et autres animaux marins qui les prennent pour des méduses". La chasse au plastique de faible micronnage est donc lancée. Ces sachets constituent, selon le député Cheikh Diop Dionne, "un problème de salubrité et de santé publique" dans la mesure où les populations, les animaux, le sol et le sous-sol sont tous exposés.
Par ailleurs, l'objectif de ce projet de loi qui vient d'être adopté par les parlementaires "n'est pas la répression", selon le ministre Abdoulaye Baldé. Il vise plutôt, dit-il, à "inciter les populations à un changement de comportements". C'est pourquoi, les sachets visés sont ceux qui ont "un faible micronnage", c'est-à-dire les sachets qui sont offerts gratuitement dans les boutiques ou les marchés. Toutefois, pour "mieux réguler le flux", la gratuité de ces sachets qui sont d'une épaisseur égale ou supérieure à 30 microns sera interdite. La loi vise, d'après toujours Abdoulaye Baldé, à ne pas rendre gratuit le plastique pour dissuader les utilisateurs, le rendre plus consistant et qu'il soit réutilisable.
Cependant, si on en croit toujours le député Cheikh Diop Dionne, cette "mesure est bonne", mais elle constitue "une demi-mesure". Son collègue Cheikh Oumar Sy a aussi la même appréciation du projet de loi. Il "vient à son heure, mais les mesures ne sont pas fortes", estime-t-il. En dehors de ces sachets, il faut cibler d'autres types de plastiques. La députée Hélène Tine cite les tasses de café, les sachets d'eau qu'on retrouve partout au Sénégal et surtout après les cérémonies.
Un enjeu économique
En outre, c'est toute une industrie qui gravite autour des sachets plastiques. En commission, certains parlementaires ont même indexé les rédacteurs du texte qui, pour eux, "n'ont pas osé trancher le dilemme entre l'interdiction totale des emballages en plastique et la baisse de revenus des fabricants de ces articles polluants et des petits vendeurs", souligne le rapport rendu à la presse. Pourtant, une "interdiction totale", disent-ils, "obligerait les industriels à se reconvertir et à s'orienter vers l'utilisation d'autres matières de substitution".
La réponse du ministre lors du travail en commission est claire. "Seuls les sachets plastiques légers sont concernés" et "c'est le souci de préserver notre économie par rapport au plastique qui a fait penser à une frilosité dans la rédaction du texte". Mais, Cheikh Diop Dionne ne s'est pas empêché de demander si la préservation des industriels est plus importante que le coût que nous payons face aux dangers que représente le plastique".
Ainsi, la loi interdisant la production, l'importation, la détention, la distribution et l'utilisation de sachets plastiques de faible micronnage a été votée hier. Après amendement fait sur l'article 17, elle entrera en vigueur à la fin du 6ème mois, à compter de sa publication au Journal officiel.