SORY FANTA MADY KABA : TRANSFERTS DES SÉNÉGALAIS DE L’EXTÉRIEUR, 630 MILLIARDS PAR LES CIRCUITS FORMELS ET LE DOUBLE PAR LES CIRCUITS INFORMELS, AU TOTAL PRÈS DE 2.000 MILLIARDS CFA PAR AN
"C’est la personne de Karim Wade, un délinquant économique, un détourneur, quelqu’un qui n’aime pas sa patrie, son pays, qui fait bouger le PDS… Bientôt, la tête du PDS sera décapitée, Oumar Sarr, Ousmane Ngom et Modou Diagne Fada, ont chacun un dossier"
Sory Fanta Mady Kaba est le nouvel administrateur du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise) et membre du pool de communication de l’Apr. C’est sous cette double casquette qu’il s’est entretenu avec La Gazette. Il éclaire sur l’orientation qu’il compte donner au Faise et analyse l’actualité politique marquée par les agitations de l’opposition.
La Gazette : Quel est l’objectif du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur ?
Il s’agit d’un fonds exclusivement dédié aux Sénégalais qui vivent à l’étranger, dans l’optique de les accompagner dans leur projet migratoire. Ce qu’il faut signaler dans cette affaire, c’est que chaque migrant qui décide de quitter le Sénégal pour aller à l’étranger, porte en lui un projet qui peut être personnel, familial ou communautaire. Il est opportun d’identifier l’ensemble de ces projets en essayant de dresser le profil du migrant lui-même. Soit c’est un étudiant qui a terminé ses études, soit un fonctionnaire qui a démissionné pour aller à l’étranger et améliorer son bien-être, ou un Sénégalais lambda qui décide de migrer. Donc, il y a différents profils et différents projets. Le fonds va les accompagner dans leur recherche de financements, mais aussi dans la mise en œuvre et dans la réalisation de leur projet.
La conjoncture mondiale et nationale favorise-t-elle la réussite de ce fonds ?
Dans un contexte extrêmement difficile, marqué par une conjoncture internationale. Le principe du retour est devenu, depuis un certain temps, la demande la plus forte de la part des Sénégalais de l’extérieur. Ce qui fait que le fonds d’appui à l’investissement, à cause de la crise internationale et des problèmes que connaît notre pays, doit faire en sorte que les Sénégalais qui reviennent de l’étranger puissent être intégrés de manière économique et socioprofessionnelle, sans qu’il y ait des heurts. Egalement, que ceux qui sont à l’étranger et qui ne veulent pas retourner au bercail, décidant de rester dans leur pays d’accueil et voulant créer des projets, soient identifiés, afin que nous puissions les accompagner. C’est un contexte très favorable, pour que ce fonds d’appui puisse davantage se positionner, tout en faisant des réalisations en perspective. C’est un bon outil pour la concrétisation des engagements électoraux que le président de la République a pris à l’endroit des Sénégalais de l’extérieur.
Est-ce que les émigrés collaborent actuellement avec ce fonds ou montrent un certain intérêt par rapport à ce que vous faites ?
Je dirais non, parce que le fonds n’était pas très connu des Sénégalais de l’extérieur. Cependant, dans certains pays, il l’est. Depuis que j’en ai parlé à la presse, j’avoue que les réactions se font sentir actuellement et c’est un ballon de sonde de ma part. Le lendemain de mon interview, des Sénégalais de l’extérieur sont venus en masse prendre rendez-vous ; auparavant, ils ignoraient tout simplement l’existence de ce fonds, qui est un outil très souple dans son accompagnement. Contrairement à ce que font les investissements classiques, notamment les banques ou les autres structures que nous connaissons. Nous avons un taux assez faible qui tourne autour de 6%. En plus, nous ne demandons pas une garantie, juste un apport personnel, qui représente 20% du prêt sollicité. La souplesse du mécanisme et de l’accompagnement et celle du financement, font que de plus en plus de gens commencent à manifester leur intérêt et à exprimer leur volonté de nous contacter afin qu’on puisse les aider.
A combien s’élève la dotation du fonds ?
C’est là que nous avons un grand problème. Pour les Sénégalais de l’extérieur, bien souvent les statistiques font défaut et, hasardeusement, on nous parle de 3 millions d’individus vivant à l’étranger et qui envoient au moins l’équivalent de 650 milliards de F CFA, par an, dans les circuits formels, notamment Western Union ou dans les autres structures d’envoi d’argent. Et une étude faite par la Bceao a montré qu’autant d’argent (1.200 à 1.300 milliards de F CFA par an) a été envoyé au Sénégal via les structures informelles. Cela pose un problème, que le gouvernement ne puisse mobiliser que 300 millions pour accompagner les Sénégalais qui vivent à l’extérieur. C’est plus que dérisoire. A la limite, c’est un cri du cœur que je lance, d’autant plus qu’on a constaté, déjà, la volonté du président de la République Macky Sall, de respecter ses engagements électoraux. Les Sénégalais de l’extérieur ont massivement contribué à son élection et l’on se souvient dans l’entre deux tours, que les résultats internationaux ont été les premiers à être publiés. Cela a été un coup de massue. Donc aujourd’hui, c’est un devoir pour Macky Sall et son gouvernement, d’accroître ce fonds, dans le sens de le rendre proportionnel à la manne financière envoyée chaque année au Sénégal par ces gens, à leurs familles respectives. Je pense que les montants sont plus dérisoires sur ce fonds, mais dès lors que nous avons la volonté politique et l’engagement du président de la République, il n’y a pas de raison que ce fonds-là ne soient pas améliorés.
On constate dans les pays d’accueil qu’il y a des fonds de cette nature qui permettent aux émigrés de retourner chez eux. Est-ce que vous avez une collaboration avec l’Italie, ou l’Espagne qui a déboursé beaucoup d’argent pour préparer le retour des émigrants sénégalais ?
Malheureusement, dans l’héritage que nous avons reçu, au niveau du fonds, il n’y avait pas de partenariat. Par contre, il y a de bonnes perspectives de collaboration avec les pays d’accueil, dans le cadre global par lequel le Ministère des Sénégalais de l’Extérieur cherche à s’inscrire pour asseoir une véritable politique migratoire. Il faut noter que les pays d’accueil ont un intérêt à ce que le migrant quitte leur territoire. Même si le droit à la circulation et à la mobilité, est consacré par le droit international. Mais les pays d’accueil ont tendance à confiner, à réduire, le migrant, qui vit dans son territoire, à la limite dans une moindre existence, le considérant comme une personne qui gêne, qui dérange. Du coup, la politique migratoire du pays d’accueil est différente de celle du pays de départ. Il y a contradiction. Ce qui fait que la dialectique à terme n’est pas prise en compte. Mais, il faudrait qu’on comprenne que l’Europe a été développée à cause de la migration. Les Européens ont migré vers les États-Unis. C’était l’esclavage que nous avons connu, à l’époque, avec le commerce triangulaire. C’est cet esclavage qui a construit l’Europe. On ne peut pas nous le refuser, c’est un droit pour un citoyen du monde de migrer d’un lieu à un autre à la recherche de biens. Nos ancêtres ont fait de l’Europe ce qu’elle est aujourd’hui. Nous pensons que le rapport de partenariat ne peut pas être considéré comme un rapport gagnant gagnant, puisqu’ils veulent le retour du migrant. Il faut que nous considérions le retour définitif comme une volonté que doit porter le migrant. Ça ne doit pas être une imposition issue d’une politique, d’un contrat ou d’un protocole que le gouvernement d’accueil et celui de départ vont signer.
Travaillez-vous à conscientiser, en amont, les gens qui veulent aller à l’étranger ?
Nous travaillons avec tout le monde. En matière de migration, les Philippines ont réussi dans la démarche préparatoire à la migration. Ce pays prépare ses fils, ses citoyens, avant qu’ils ne migrent. C’est un modèle, qui est tout le temps enseigné dans les grandes facultés de migrations internationales. Nous considérons que l’exemple philippin doit nous servir. Et c’est à ce niveau que le travail doit se faire en amont. Il ne s’agit pas d’agir en aval. Le Sénégalais - potentiellement migrant ou sénégalais de l’extérieur - doit être doté d’un programme, d’un flux d’information. C’est pourquoi au niveau du Ministère des Sénégalais de l’Extérieur, on a créé le Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi (Baos) qui a pour mission non seulement d’accueillir et d’orienter, mais aussi de préparer le migrant avant son départ vers l’étranger. Il faut aborder la problématique migratoire, autant qu’au niveau du départ, de l’accueil, mais aussi au niveau du retour.
Vous avez tantôt souligné qu’il y a plus de 600 milliards qui sont envoyés chaque année vers le Sénégal. Est-ce que vous orientez ces émigrés à investir dans des secteurs qui génèrent de l’emploi, de la richesse ?
Effectivement ! C’est là où l’exemple marocain est intéressant. Au Maroc, la problématique migratoire est directement gérée par le Roi, qui a créé une banque. Aujourd’hui, les remises de fonds des Marocains qui vivent à l’étranger passent par les circuits bancaires créés par le Maroc lui-même. Quant à nous les Sénégalais, on utilise les circuits bancaires créés par d’autres structures. Ce qui fait que la plus-value reste chez eux. Nous n’avons aucun bénéfice sur ces remises financières. C’est pourquoi nous cherchons aujourd’hui à orienter l’action vers les Sénégalais de l’extérieur. D’abord, dans la sensibilisation : il faut que ces derniers comprennent que ce flux financier pourrait être beaucoup plus profitable, s’il était investi dans un créneau porteur. Certains l’ignorent mais d’autres le savent, parce bon nombre ont réussi par ce biais. D’ailleurs, nous préparons un film documentaire intitulé « Les success stories », parlant de ceux qui ont investi et réussi, afin que nous puissions les magnifier et les montrer à la face du monde. Afin que les Sénégalais de l’extérieur comprennent que ce flux financier peut servir à investir en vue d’accroître son bien-être et celui de sa famille et, au-delà, le bien-être du pays. Au niveau de Louga, par exemple, qui est une région d’émigration par excellence, l’on se rend compte que l’immobilier se développe à outrance. C’est l’une des villes où la location est la moins chère, parce que l’offre est quasiment supérieure à la demande. A travers ce fait, rendons-nous compte que si l’on avait autant investi dans l’agriculture, Louga serait une ville pilote dans le domaine agricole. Il nous incombe de faire savoir aux émigrés et aux Sénégalais de l’extérieur qu’il faut investir les secteurs porteurs tels que l’agriculture, le maraîchage, les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Même s’ils encourent des risques, puisqu’investir dans le secteur économique est un peu risqué, contrairement au secteur immobilier, nous cherchons à leur faire maîtriser l’environnement des secteurs d’investissement. C’est pourquoi la Direction d’appui à l’investissement des projets (Daip) et le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise), le Baos ainsi que l’ensemble des structures du ministère, cherchent à articuler leurs actions afin de leur permettre d’être le bénéficiaire numéro un.
A côté du fonds, le président, lors d’un conseil ministériel décentralisé, avait parlé de création d’une caisse de solidarité et d’autres instruments. Est-ce que ces projets sont en marche pour permettre aux Sénégalais de l’extérieur d’en bénéficier ?
C’est en bonne voie, d’autant plus qu’il y a un conseil présidentiel sur les Sénégalais de l’extérieur qui se prépare. Et à l’occasion de ce conseil, toutes les questions vont être posées sur la table, afin que cela soit le début d’une véritable politique migratoire. Un Sénégalais qui va à l’étranger a un projet en tête et s’il y acquiert le savoir, le savoir-être et le savoir-faire, c’est un bénéfice pour la population. J’ai du mal à comprendre que l’on puisse nommer quelqu’un ministre de la République ou député, alors qu’il n’a jamais voyagé. C’est très important, parce que le voyage est instructif. Il permet la découverte, l’apprentissage et la compréhension en bien ou en mal. C’est à la personne de savoir l’utiliser, pour que le bénéfice puisse se ressentir au niveau local. En parlant de local, on se rend compte que ce projet migratoire que porte le Sénégalais de l’extérieur pour développer sa zone de départ, est opportun. La migration et le développement local sont tout à fait liés. Ce qui fait que dans le pays d’accueil d’aujourd’hui, la problématique du coût de développement est abordée en mettant des migrants au cœur du processus. Le Sénégalais de l’extérieur est, en soi, porteur du bien politique que l’on appelle la coopération décentralisée. On doit être plus regardant sur ces trois termes que sont la coopération décentralisée, la migration internationale et le développement local. Ce sont des problématiques extrêmement liées.
L’actualité politique est dominée, ces temps-ci, par la réaction du PDS suite à l’emprisonnement de Karim Wade. Quelle est votre réaction concernant cette forte mobilisation du PDS, qui n’était pas attendue par l’opinion ?
Cela me laisse froid ! Cette prétendue mobilisation du PDS et de ses alliés. Parce que l’homme en personne n’en valait pas la peine. Nombreux sont aujourd’hui ceux qui sont accusés et condamnés et le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’a pas bougé. Mais, il a fallu que ce soit le fils du président Wade, pour qu’ils bougent. Cela veut dire qu’ils restent devoir à son papa, raison pour laquelle ils ont bougé, mais ce ne serait pas au regard problématique de la considération politique en soi. C’est un rapport de force entre l’opposition et le pouvoir, qui les a fait bouger. Cela me pose un problème : c’est la personne de Karim Wade, un délinquant économique, un détourneur, quelqu’un qui n’aime pas sa patrie, son pays, qui fait bouger le Pds. Que la loi s’exprime ! Qu’elle soit dite ! C’était cela le combat, en fait. Si Karim a tord, qu’il soit condamné ; s’il n’a pas tord, qu’il soit blanchi. Qu’est-ce qu’il y a de plus facile que cela ? Si le Pds se mobilise parce que Karim Wade a été emprisonné, donc, le jour où la sentence va tomber qu’est-ce qu’ils feront ? Le jour où l’on dira que Karim est coupable et qu’il est condamné à 20 de prison, qu’est-ce qu’ils diront ? Le contexte actuel du pays, à mon avis, ne doit pas pousser le Pds qui a mis ce pays à genoux en dilapidant nos ressources - ceci de manière honteuse - à se mettre dans la rue, muni de pancartes pour défendre Karim Wade. Cela pose un problème. Bientôt, la tête du Pds sera décapitée. Oumar Sarr, Ousmane Ngom et Modou Diagne Fada, ont chacun un dossier et ils vont répondre devant la justice.
Avec l’intention du PDS de faire pression sur le gouvernement, ne craignez-vous pas un embrasement ?
Ils sont en train d’essayer. Mais aujourd’hui, les Sénégalais ont du mal à disposer d’un passeport pour voyager. Au niveau de la direction du passeport et des titres de voyage, il n’y a pas encore eu de nomination pour changer les hommes qui y sont. Ils font un blocage systématique, pour pousser les gens qui ont besoin de passeport pour effectuer leur voyage à exprimer leur ras-le-bol. Sur le plan de la mobilisation et du rapport de force politique, ils ne valent rien. L’autre exemple, l’embrasement du pays dans le contexte actuel a permis au président de la République d’avoir toutes les cartes en mains. C’est vrai que nous avons une forte coalition qui ne bouge pas politiquement…
Cela ne permet-il pas de voir la mollesse de la réaction de la mouvance présidentielle par rapport aux menaces que subissent le président et ses alliés ?
En effet. Parce que ce sont seuls les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) qui bougent. Et cela me pose un problème, quant à l’avenir de la coalition Bennoo bokk yakaar (Bby). Etre dans un gouvernement qu’on ne défend pas, qu’on traîne dans la boue et que tu restes sans défense, ça me pose un problème. C’est comme si on disait : « Non c’est Macky Sall qui est élu et que moi je le soutiens ». Soutenir l’individu, c’est être avec lui au front, quand il fait chaud ou qu’il fait froid. J’avoue que si j’ai des inquiétudes, c’est à ce niveau-là. Et si jamais on perd l’initiative de la rupture pour créer un blocage au niveau de la coalition, on dira que ce sont des traîtres. Tout le monde constate que les membres de la coalition Bennoo bokk yakaar ne défendent pas le président comme il se doit, ni les actions qu’ils posent ensemble, car il y va de l’intérêt de la coalition. D’autant plus que le président Macky Sall a été loyal avec eux, en leur disant qu’il aurait souhaité qu’on soit ensemble jusqu’en 2017 et 2022 ; et qu’ensemble, nous choisirons qui portera les couleurs de la coalition. C’est à eux maintenant de prouver leur loyauté. Parce que je suis sûr d’une chose : si la coalition Bennoo bokk yakaar se mobilise devant le Pds, ce dernier sera noyé. Puisqu’on est en politique, le rapport de force est à notre avantage.
Il y a Idrissa Seck qui déroule son agenda politique. Ne craignez-vous pas que Moustapha Niass ou Tanor fasse de même et que l’avenir de la coalition soit incertain ?
Je suis sûr d’une chose : Idrissa Seck a déjà signé sa mort et je crois que cela est un enseignement positif, qui sert de leçon. Moustapha Niass, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily ou Amath Dansokho, celui d’entre eux qui prendra l’initiative de la rupture sera guillotiné. Nous sommes dans un contexte où le citoyen joue un rôle très important dans la société. C’est une démocratie participative. Le citoyen lambda a compris qu’il peut exprimer son opinion via sa carte d’électeur. Il a envie de mettre la main à la patte, c’est la démocratie délibérative. On ne peut manipuler personne. Le Sénégalais a plus envie de voir sa situation sociale et économique, améliorée, que de se mettre au front pour un parti politique soutenant un homme qui a dilapidé les ressources du pays...
Que vous suggère le rapprochement entre Idrissa Seck et le Pds ?
Je ne pense pas qu’Idrissa Seck puisse accepter d’être le numéro 2 du Pds et je ne pense pas, non plus, qu’au Pds il puisse être le numéro 1. La jonction, elle est presque impossible. Parce qu’Idrissa a été l’un des traîtres du Pds. Il a donné un coup de marteau au Pds. On se souvient encore de son audience en 2007, à la veille de l’élection présidentielle. Le Pds a applaudi tout en croyant qu’il était avec eux. Mais à leur grande surprise, il était candidat à l’élection présidentielle. Et il est arrivé second, derrière Me Wade. Ce qui lui a permis de bomber le torse en disant qu’il était le 2ème parti politique au Sénégal. Mais en 2012, il s’est retrouvé 5ème. Toute crédibilité perdue ! Voilà un homme à qui les Sénégalais ne feront jamais confiance. Et si c’est à cet homme que le Pds fait confiance, ce parti est foutu, donc je n’ai pas peur de la jonction. Que cette jonction ait lieu ! Ce sera pour nous l’occasion de les enterrer tous vivants. Si l’on nous accuse d’avoir usé de subterfuges politiques, de stratégie et de stratagème pour décourager Moustapha Niass, Ousmane Tanor Dieng tout comme le Pds l’avaient fait. C’est à ce niveau-là que j’ai un problème. Macky Sall a gagné le combat des valeurs légitimes. C’est un homme intègre et travailleur, qui a une vision. Et il est impossible de porter ces valeurs et d’écouter quelqu’un qui demande à ces gens de quitter sa coalition. Ces pratiques sont révolues. Idy sera considéré comme une brebis galeuse. C’est comme dans un troupeau : lorsque nous sommes ensemble, nous pouvons résister au loup ; mais si quelqu’un sort, gare à lui. Aujourd’hui, Idy est plombé et il le sera davantage. Comme il est né pour être président, peut-être qu’il sera président… le jour où il n’y aura plus de Sénégalais.
On a vu le Pds récupérer la cherté de la vie pour mobiliser, après l’aveu de Moustapha Niass. Ne pensez-vous pas que le rapport de force soit défavorable au pouvoir ?
C’est vrai qu’on l’aborde souvent en oubliant qu’il y a eu au moins une diminution sur certaines denrées de première nécessité. C’est un engagement fort du président de la République. Le riz, le sucre et l’huile ont connu une baisse dès les premières heures de gestion du pouvoir. On aurait souhaité que tous ces produits soient vendus à moitié prix, mais la conjoncture internationale ne nous le permet pas. Voilà ce que le Premier ministre a reconnu. Les Sénégalais s’attendent à ce que le kilogramme de riz soit vendu à 100 FCFA, c’est à ce niveau qu’il y a problème. Tant que nous n’avons pas une bonne maîtrise au niveau national, qui nous mène vers l’autosuffisance en riz, en produits maraîchers et en agriculture, entre autres, nous ne pourrons avoir une mainmise sur nos prix. Nous ne nous pouvons pas avoir un contrôleur derrière chaque boutique, comme l’a constaté le Premier ministre Abdoul Mbaye. Il faut qu’on fasse un effort de recrutement, pour que le service du Ministère du Commerce soit mieux outillé, afin de contrôler les prix et, dès qu’il y a diminution, qu’on puisse passer à l’application. La diminution qui a eu lieu dans les premières heures de gestion du pouvoir, n’a pas été véritablement respectée.
Mais est-ce que cela ne traduit pas le manque d’autorité du pouvoir ?
On a hérité d’un Etat avec ses biens et ses défauts. C’est l’un des défauts qu’il faut corriger : le service du Contrôle des prix, basé au niveau du Ministère du Commerce, n’est malheureusement pas assez outillé. Si j’ai un appel à lancer, c’est à ce niveau-là. On a un réel problème d’emploi. Il faut créer un lien, de sorte que le besoin et la demande de l’emploi puissent se retrouver.
L’emploi est un secteur d’urgence et les promesses tardent à venir. Pour les 5.500 offres annoncées, plus de 100.000 demandes ont été déposées au niveau du Ministère de la Fonction publique. Cela ne peut-il pas réchauffer le climat social ?
C’est dur, parce qu’il y a eu plus de 160.000 demandes. Il a suffi d’annoncer que la Fonction publique va recruter 5.500, pour que l’on ait reçue plus de 160.000 demandes. Cela veut dire que l’héritage n’est pas bon. Il faudrait que le Pds nous dise où étaient ces 160.000 demandeurs d’emploi, sans compter ceux qui n’ont pas eu l’amabilité de déposer en pensant que c’est de la peine perdue, sans oublier ceux qui n’ont pas de diplômes. Au lieu de dire que nous avons reçu plus de 160.000 au lieu des 5.500 demandés, On doit se demander où étaient ces gens lorsque le Pds était au pouvoir. La question de l’emploi ne peut pas être réglée directement par l’Etat. Ce dernier peut créer les conditions qui permettent aux jeunes de trouver un emploi et très tôt. Macky Sall a annoncé les conditions d’auto-emploi, en mettant en place deux systèmes : le Fonds de garantie et d’investissement prioritaire (Fongip) et le Fonsis qui est un fonds souverain, vont davantage soutenir le secteur privé, les entreprises en difficulté. Cela permettra, à terme, aux entreprises de recruter. Le président avait annoncé qu’il mettrait 17 milliards pour résoudre ce problème, pour favoriser les jeunes, les exhortant à être porteurs de projets. Les vrais résultats tardent à se réaliser ; mais au moins, sur le plan institutionnel, il est en train de prendre toutes les dispositions idones pour que cette demande puisse trouver une réponse positive du côté de l’Etat. Il faut qu’on soit porteurs d’initiatives. C’est à ce niveau que le bât blesse.
Que pensez-vous de ces cas de violences qui ont été constatés ? L’Etat ne devrait-il pas montrer plus de rigueur pour que de pareilles violences ne se répètent plus ?
Force restera à la loi. Pour rappel, je me souviens des violences qu’Abdou Latif Coulibaly avait connues au moment où il publiait des livres sur la gestion de Wade, de même qu’Alioune Tine. La violence est vraiment identifiée, parce que ceux qui sont du côté de l’opposition aujourd’hui ont été au pouvoir hier. Mais qui en est le commanditaire ? Ce qui est certain, c’est que l’Etat va sévir et il ne perd rien pour attendre. Dans le contexte actuel, les militants du Pds sont en train d’utiliser une arme, qui n’est pas en leur faveur. Parce qu’on ne peut pas être minoritaire et utiliser la violence pour semer le désordre dans ce pays. Un homme d’Etat ne doit pas réfléchir de cette manière. Il a laissé un héritage qui est ce qu’il est et il veut encore mettre de l’huile sur le feu. Comme ils ont perdu le pouvoir. Ils devraient prendre le recul nécessaire, ainsi qu’avait fait le Ps. On n’a pas entendu ce dernier deux ou trois ans après sa chute. S’ils continuent dans cette logique, on n’entendra plus le Pds. L’Etat fera ce qu’il faut pour identifier l’auteur de ces violences.
Mais les citoyens ne sont-ils pas exposés ?
Je pense qu’à ce niveau, il faudrait que l’Etat s’y mette et très vite, pour protéger les citoyens en général et le citoyen exposé à qui l’on cherche à infliger une certaine peur, en particulier.