SOULEYMANE JULES DIOP SOLDE SES COMPTES
EXCLUSIF LE POPULAIRE : ENTRETIEN AVEC LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT AUX SÉNÉGALAIS DE L'EXTERIEUR
Secrétaire d'Etat aux Sénégalais de l'extérieur, Souleymane Jules Diop n'en demeure pas moins un observateur averti de la scène politique. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le journaliste de formation analyse la situation nationale, flétrissant au passage «l'absence d'engagement » de certains alliés du Président Macky Sall.
Mesurez-vous (en tant que pouvoir) les attentes et l’impatience des Sénégalais, deux ans après la prise du pouvoir par Macky Sall ?
Personne ne pensait que la situation serait facile. Macky Sall a hérité d’une situation économique catastrophique. Je n’ai pas besoin de m’étendre là-dessus, les Sénégalais la connaissent, et c’est la raison pour laquelle ils ont fait partir Abdoulaye Wade. Ils ont élu Macky Sall pour qu’une politique alternative soit menée, qui puisse aboutir à un changement positif dans le vécu des populations.
Aucun homme sensé n’a jamais pensé que les choses s’amélioreraient d’un coup de baguette, sur une courte durée. Il faudra encore des années de travail, alors que nous vivons dans un contexte mondial peu favorable, une économie soumise à la fois à des chocs exogènes découlant d’une crise multiforme qui affecte l’économie mondiale mais aussi des facteurs endogènes d’ordre structurel liés à l’extraversion de notre économie, à des déficits de tous ordres que nous nous attelons à combler. Aucun homme de bonne foi ne doute de la volonté du chef de l’Etat d’assainir notre économie, d’orienter nos maigres ressources vers des secteurs porteurs.
Ces efforts ont été reconnus et salués par nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. Des efforts immenses ont été faits en matière de rationalisation des dépenses, pour orienter les ressources vers des secteurs sociaux, tout cela dans le but d’améliorer les conditions de vie des ménages les plus démunis. Des dizaines de milliards d’économie en fonctionnement, téléphone, électricité, eau, logement, vont aux plus démunis. Les 200 000 ménages les plus pauvres restent une préoccupation pour le président de la République. Pour accélérer la croissance et créer de fortes potentialités d’emplois pour les jeunes, il a lancé le Pse.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus dire que c’est de l’ordre du rêve. Il est en train de construire, et il va se construire sur les cinq prochaines années, 40 000 logements. Soit plus que ce que l’Etat du Sénégal a fait en 50 ans ; Macky Sall est en train de construire 200 fois plus de Km de routes que l’ancien régime en douze ans. Les autoroutes Diamniadio- Mbour, Diamniadio-Diass sont en construction. De même, le financement de l’autoroute Dakar-Touba sera bientôt bouclé. A Ziguinchor, est en train d’être réalisée la route à deux voies qui va jusqu’à Vélingara. Le Nord du pays est en voie de désenclavement. Au plan agricole, tous les records de production sont en train d’être battus, pour une autosuffisance dans les cinq prochaines années. Au plan social, qui pouvait imaginer que les ménages les plus pauvres pouvaient être dotés en ressources financières pour faire face aux dépenses les plus urgentes ?
Le monde rural n’a jamais bénéficié d’une si grande attention. Le ministère de la Jeunesse et de l’emploi va vers la mise en place de projets communautaires qui vont générer 450 000 emplois à terme, à travers des développements agricoles communautaires.
Il faut quand même plus pour qu’on en sente l’impact…
Au moment où les opposants radicaux se livrent à leurs imprécations, le président de la République est en train de réussir l’érection d’une nouvelle ville à Diamniadio et alentours. Nous y tiendrons la Conférence de la Francophonie, des hôtels vont émerger, un aéroport. Donc, il faut arrêter de dire que rien n’a été fait. Les prix des denrées ont été maîtrisées comme jamais, alors qu’à la même période, en 2002, ils étaient déjà multipliés par trois. Le président de la République a réussi là où tous les autres ont échoué, la baisse du loyer, devenue une réalité. Il a aussi baissé les impôts sur le revenu et permis aux travailleurs, comme vous, d’augmenter leurs revenus mensuels. Il a créé des milliers d’emplois.
Quand je vois les milliers de jeunes agents de sécurité qui régulent la circulation, je suis fier. Ils arrivent chez eux valorisés, peuvent aider une population sociale de 100 000 habitants, quand on considère que chacun des 10 000 peut avoir un impact sur 10 personnes. Quand le chef de l’Etat émettait l’idée, un politicien professionnel parlait de «milices». Ces gens n’avaient même pas de quoi acheter le café le matin, il y a un an. C’est une évolution, un mieux-être incontestable. Arrêtez donc de dire que rien n’a changé. Je ne parle pas des autres milliers d’emplois dans la santé, l’habitat,
les routes, l’agriculture. C’est faux, absolument faux, de dire que rien n’a été fait, au contraire. Ceux qui étaient là prédisaient la banqueroute au bout de deux mois… Je suis d’un optimisme radical. Inch Allah, tout ira bien, et tout le monde doit prier pour, au lieu de souhaiter que le malheur nous arrive pour que quelques-uns en profitent.
La situation nationale est grosse de tensions. Il y a la crise universitaire qui a débouché sur mort d’homme, il y a un drame en vue dans le monde rural déjà dans la difficulté. De quoi faciliter la tâche de l’opposition ?
Il n’y aura aucun drame dans le monde rural. Je dis bien aucun, Inch Allah. Deux ans après sa prise de pouvoir, en cette période-ci, Abdoulaye Wade était dans le monde rural, convaincu que les paysans et le bétail mouraient. La situation était difficile. En 2011, nous avons eu une campagne arachidière désastreuse, avec seulement 35 000 tonnes d’arachides commercialisées. Aujourd’hui, nous battons des records en exportation de produits agricoles. Des réformes foncières sont en cours, la mécanisation de notre agriculture, réelle cette fois-ci, nous permettra d’augmenter de manière significative la part de notre agriculture dans le Pib. La réparation des forages dans la région de Thiaroye, en cours, permettra de répondre aux 8/10e au besoin des maraîchers tout le long des Niayes.
Ce qui se fait est impressionnant, mais il faut du temps, je l’admets, pour en voir les fruits, et des observateurs qui acceptent d’ouvrir leurs yeux pour le voir. Pour ce qui concerne l’université, je dois avouer que j’en ai été peiné. Macky Sall est le seul, de tous les chefs d’Etat, à avoir étudié à l’université de Dakar, et donc, le mieux placé pour connaître ses problèmes. Je dois avouer que cela a toujours été sa préoccupation. Je l’ai vu l’évoquer, et demander aux départements concernés de veiller à ce que tout soit fait pour que nous sortions de crise. La seule question à laquelle je n’ai pas de réponse jusqu’ici, c’est pourquoi nous n’avons pas été prévenants, en sachant que pendant cette période de procès et de grande tension politique, nos adversaires allaient alimenter la crise et même infiltrer les lignes étudiantes pour provoquer les forces de l’ordre. Le ministre des Finances devait être en première ligne. Aucun ministère ne peut agir sans le ministre des Finances, il tient le premier instrument d’exécution d’une politique, le budget.
Tout ça, c’est quand même loin des préoccupations des étudiants…
Maintenant, il faut que les étudiants deviennent raisonnables dans leurs prétentions. La crise universitaire est structurelle, il faut réformer nos universités, si nous voulons les rendre performantes. Dans ce sens, le président de la République a proposé une politique alternative, accompagnée de nombreux efforts en matière de construction de plateformes d’accueil. Pour revenir à la gestion de la situation, à chaque fois que l’argent est disponible, il faut payer les étudiants. S’il n’est pas disponible, tenons leur un langage de vérité. Nous nous sommes trouvés à un moment donné avec des cas de fraude massive, ce qui a peut-être compliqué la situation.
Mais, encore une fois, je me dois de témoigner de l’engagement du chef de l’Etat à améliorer la vie sociale et pédagogique de nos étudiants. Parmi ceux qui ont été les plus critiques, qui ont voulu politiser cette affaire, il y en a qui peuvent être excusés. Parce que tout prétentieux qu’ils sont, ils n’ont jamais été étudiants dans leur vie. Quand on n’a jamais été étudiant, on doit se montrer mesuré dans ses critiques et éviter de s’ériger en donneur de leçon.
Aujourd’hui, quelle trajectoire doit prendre la gestion de toutes ces crises par le gouvernement ?
J’ai suivi la restitution des travaux de la commission de réforme conduite par mon professeur et homonyme Souleymane Bachir Diagne. Des propositions de réforme peuvent être bonnes, mais leur mise en oeuvre bloquée par les parties. Il nous fallait, je l’avoue, une phase d’incrémentation. Et c’est pourquoi le chef de l’Etat avait soumis l’idée d’un pacte de stabilité à tous les acteurs de la vie sociale, pour obtenir leur adhésion. Ce qui est arrivé est triste, vraiment malheureux. Mais, ceux qui ont fait des commentaires désobligeants, lors de la mort de Balla Gaye, Mamadou Diop, ceux qui se sont félicités de l’intervention qui a coûté la vie à Khadim Bousso, sont mal placés pour attaquer ou critiquer Macky Sall. C’est malhonnête.
Macky Sall n’a jamais souhaité cette mort, il en est peiné. Et d’ailleurs, à qui profite une déstabilisation du milieu universitaire, et pourquoi elle intervient en plein procès de dignitaires de l’ancien régime ? Le premier facteur de réussite d’une réforme, quelle qu’elle soit, c’est l’adhésion des parties prenantes. Il le faut. Ce sont des milliards qui sont perdus chaque année, qui auraient pu aller aux pauvres, aux paysans, mais que nous consacrons à la formation de nos élites. Il faut que ces investissements servent, pas seulement à former, mais aussi à éduquer.
L’éducation, c’est la formation aux valeurs morales, éthiques, à la citoyenneté, l’apprentissage d’une bonne tenue, la vie en société, l’idée de bien public, valeurs sans lesquelles la connaissance livresque, scolastique devient elle-même vaine et périlleuse. Et cette éducation, c’est au bas-âge qu’il faut la commencer, on n’éduque pas quelqu’un à 18 ans.
Ne doit-il pas y avoir un minimum de consensus autour de certaines questions qui touchent la Nation ?
Il faut une base de gouvernance minimale, un consensus autour des valeurs qui fondent et cimentent notre société, une entente autour de l’intérêt général. Personne n’a intérêt à ce que ce pays brûle. Nous avons élu Macky Sall, donnons lui tout notre soutien pour qu’il réussisse. S’il ne le fait pas, les populations jugeront. Mais vouloir bloquer la marche de notre pays, de nos institutions, de notre justice, pour le bien de quelques individus est inacceptable, et l’Etat doit se montrer ferme en toute circonstance.
Depuis quelque temps, le pouvoir est l’objet d’attaques tous azimuts de la part de certains cercles de l’opposition. Comment expliquez-vous cet état de fait ?
Nous avons une effervescence liée notamment au procès en cours, aux enjeux qu’il porte. C’est tout à fait compréhensible. L’essentiel est que cela reste dans un cadre républicain de contestation, avec l’exercice de libertés encadrées.
Wade et Idy ont repris du poil de la bête face à un manque de réponse politique des ténors du pouvoir. Comment en est-on arrivé là ?
Il faut dire que l’absence d’engagement de la part de certains alliés du Président de la République est quelque chose de surprenant à la fois, mais aussi de gênant. C’est comme si chacun essayait de se prémunir de quelque chose d’indicible. C’est déloyal comme attitude. On est avec ou contre, mais la franchise et la loyauté doivent être à la base de tout compagnonnage. C’est en tout cas mon leitmotiv.
Si vous voyez bien, le Sénégal marche bien, les institutions fonctionnent, la Justice fait son travail, l’Assemblée nationale fonctionne, les salaires sont payés, la sécurité des biens et des personnes est assurée. C’est cette tranquillité qui dérange certains partisans de l’apocalypse qui ne se retrouvent que dans le désordre.
Un grand débat se pose sur les interdictions de manifestation de l’opposition. Avec leur récurrence, le fait n’est-il pas là d’une restriction des libertés publiques constitutionnalisées ?
L’interdiction doit être l’exception. Mais, l’autorité préfectorale est seule à juger de l’opportunité, en raison des informations dont elle dispose. Moi, je suis pour les autorisations, tant qu’elles peuvent être encadrées pour ne pas déboucher sur des troubles à l’ordre public. Les dispositions légales existent d’ailleurs, concernant les responsabilités des organisateurs de manifestations, qui se portent euxmêmes garants de la sécurité des personnes et de leurs biens, mais aussi du bien public.
Le régime prend-il peur face à une opposition qui tente de s’organiser pour ainsi se radicaliser au risque de devenir liberticide ?
Mais, de quelle opposition parlez-vous ? Elle est où ? Vous l’avez vue marcher ? Le régime vient de remporter la quasi totalité des municipalités du pays, 478 sur 605. Mais, elle est incarnée par qui cette opposition ? A l’Assemblée nationale, la mouvance présidentielle est largement majoritaire. Quand il y a des contestations qui sont de nature républicaine, regardant la vie et les progrès de notre pays, nous devons les traiter en républicains. Quand il faut se battre, parce que les institutions de notre pays sont menacées, le faire en toute rigueur, parce qu’il s’agit de notre pays. Mais, l’instrumentalisation de la rue est à dénoncer, tout comme cette majorité médiatique que certains tentent de créer à coups de milliards qui sont payés à des firmes de communication pour créer un cadre de contestation virtuel. La preuve, c’est qu’à chaque fois qu’ils appellent les Sénégalais à la rue, ces derniers refusent.
Le cas de l’article 80 s’est encore posé avec le placement sous mandat de dépôt de Samuel Sarr. Le débat est lancé, et au sein du pouvoir, certains comme Moustapha Diakhaté ne sont pas d’accord. Votre position ? Faut-il le garder ou le supprimer
La prison n’est en rien souhaitable. Je ne crois pas en sa fonction dissuasive. Je pense que dans une démocratie apaisée, le débat doit rester au niveau des idées. Mais, un homme qui a occupé des fonctions étatiques, ministérielles, doit se montrer à la hauteur de ses charges présentes ou passées. Je sais que le président de la République a refusé de céder à la provocation pendant longtemps, quand certains dans son camp s’indignaient des attaques malveillantes. Mais, à un moment donné, c’est le Procureur de la République qui, lui-même, fait ce pourquoi il a été formé et nommé : faire respecter la loi, les institutions. Parce qu’il ne faut pas que la patience soit interprétée comme une faiblesse. C’est dangereux, quand, dans un pays, chacun peut se lever et insulter le chef de l’Etat, porter atteinte à nos institutions. Il faut des instruments pour prévenir de telles dérives et les sanctionner, le cas échéant. Que ce soit sous la forme de l’article 80 ou pas, il y a un comportement délictuel, criminel auquel correspond une sanction donnée.
Cet article n’est-il pas un écueil pour l’équilibre du système démocratique ?
Supprimer cet article, c’est ce que tous ceux qui ont été là ont souhaité, mais n’ont jamais pu faire. Il s’agit d’un débat qui n’intéresse pas seulement le président de la République, en tant que personne, mais l’institution que nous devons protéger, défendre. Pour avoir dit beaucoup moins, j’ai été l’objet d’un mandat d’arrêt international qui n’a été levé que le 23 décembre 2013. L’ordre avait été donné de m’arrêter, dès mon entrée sur toute l’étendue du territoire national. C’est une décision du Procureur de l’époque transmise à la Brigade de recherches qui l’a répercutée à tous nos postes frontaliers. Et effectivement, j’ai été interpellé au premier voyage que j’ai effectué seul à l’aéroport de Dakar. Heureusement que la police des frontières s’est montrée compréhensive et m’a bien traité jusqu’à ce qu’elle reçoive des ordres de sa hiérarchie. Si nous voulons supprimer cet article, il faut que ce soit le résultat d’une discussion profonde sur notre arsenal répressif. Macky Sall n’a pas fait cette loi, ce n’est pas à lui de l’enlever.
Quel commentaire faites-vous des propos qui ont valu à Samuel Sarr son mandat de dépôt ?
Je pense qu’il y a une condamnation générale des faits visés. Les gens commentent plutôt l’opportunité de son arrestation, mais tout le monde condamne. Il faut plus de sérieux, surtout quand on a occupé certaines fonctions dans ce pays. Quand on tient certains propos, il faut les assumer et en assumer les conséquences. Abdourahim Agne est allé en prison pour avoir appelé à la révolution orange, sous Wade. Madiambal Diagne a vécu la même chose. Donc ceux qui se livrent à ces pratiques doivent savoir à quoi s’attendre. S’il faut qu’à chaque fois que quelqu’un commet des méfaits, que cela aboutisse à des règlements politiques de compassion, il faut fermer nos tribunaux et mettre nos juges en congés. Un crime appelle, par essence et par définition, une sanction, il faut en convenir. Un climat apaisé relève de la volonté de tous, pas d’un seul.
La gestion du dossier de la traque des biens mal acquis s’est révélée plus complexe qu’elle n’a été théorisée. Ne devient-il pas finalement comme une épine dans le pied du pouvoir ?
Non, il y a des pays qui ont mis des dizaines d’années pour aboutir à des résultats probants dans le domaine. Je peux donner l’exemple du Nigeria. Même les pays développés, mieux outillés que nous, éprouvent du mal dans ce domaine. Les Etats-Unis, la France, d’autres pays, qui nous encouragent, aujourd’hui, sur la voie de la bonne gouvernance, font difficilement face aux nouvelles formes de criminalité financière. Il y a des paradis fiscaux qui sont faits pour que des gens puissent y cacher des milliards qui ne seront jamais trouvés. La question est de savoir pourquoi des gens d’ici, du Sénégal, laissent nos banques pour aller garder des milliards à Monaco, au Luxemburg, et omettent de les déclarer lors de leurs interrogatoires. Un centime volé est un centime à restituer. Ce n’est pas le bien d’une personne, c’est le bien de tous, et le tribunal, qu’il s’appelle Crei ou Crea, est là pour représenter le peuple.
Si au bout de cette procédure, des preuves suffisantes n’ont pas été apportées, le juge appréciera. Mais, il ne faut pas juger à la place des juges, condamner ou blanchir à la place des juges. Ce qui est étonnant dans cette affaire qui nous intéresse, c’est que ceux qui souhaitaient que ce procès se tienne font du dilatoire pour qu’on n’entre pas dans le fond des choses. De quoi ont-ils peur ? Je ne souhaite à personne la prison, sans doute pas à Karim Wade. C‘est pourquoi il faut que nous allions dans le fond des choses, et que la vérité se manifeste, enfin. Ce que je retiens pour le moment, c’est qu’il avait dit publiquement que l’avion qui le transportait avait été prêté par un ami arabe, dans une entrevue faite sur Rfm, la veille des Locales de 2009. Les Sénégalais ont fini par découvrir que cet avion a coûté au contribuable, en cinq ans seulement, 12 milliards de francs. Permettezdonc, qu’on l’interroge sur le reste !
Quel est votre point de vue par rapport au débat du mandat présidentiel ?
C’est au président de la République de s’en saisir, il est le seul juge de l’opportunité politique d’une telle décision. Il a été élu sur un calendrier républicain, pour sept ans. Le peuple n’a, sous aucune forme, demandé la réduction de son mandat à cinq ans. Il s’y est engagé volontairement, et c’est pourquoi je trouve malsaines les différentes interpellations qui sont formulées à ce sujet. Le moment venu, il fera ce qu’il faudra faire, et les Sénégalais apprécieront. Je ne vois pas pourquoi il renierait sa parole. Mais, il devra le faire conformément aux lois et règlements du pays, conformément à ce que prévoit la Constitution.
Bientôt deux mois que vous êtes nommé Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur. Un état des lieux ? Vos objectifs ?
Il est assez tôt pour faire un état des lieux. J’ai une mission bien définie qui est une mission de protection, de gestion, et de promotion des Sénégalais de la diaspora. J’ai pu voir, lors de ma tournée européenne et Nord américaine, à quel point les Sénégalais sont reconnaissants envers le président de la République, qui a fait énormément d’efforts en direction de la diaspora pendant ces années de crise que traverse l’Occident. Mais, toute cette aide ne peut être apportée que si nous avons une meilleure indication sur les Sénégalais de l’extérieur, leurs attentes.
C’est pourquoi nous voulons établir la nouvelle carte consulaire biométrique. Sa vente, pour un prix raisonnable, permettra d’alimenter un Fonds de solidarité pour la diaspora, qui servira à faire face à certains besoins d’urgence. La deuxième préoccupation est liée à la représentation de la diaspora dans nos institutions. L’ambition du président de la République de faire de la diaspora une 15e région, pourrait se matérialiser, si nous arrivons à faire des différentes régions du monde des circonscriptions dans lesquelles seront élus de véritables députés de la diaspora.
Il y a le problème du rapatriement des corps de sénégalais morts à l’étranger qui se pose souvent, comme celui des 5 Sénégalais décédés dans un accident en Espagne. Qu’est-ce que votre département va concrètement faire sur cette question qui a d’ailleurs été soulevée par les Sénégalais des Etats-Unis devant le Président ?
L’Etat a des moyens réduits, qui se résument à de l’aide ponctuelle. Le chef de l’Etat a déclaré que si nous voulons apporter une aide définitive et structurelle, il faut passer par des assurances, comme le font certaines associations, qui le réussissent bien. Il y a des formules proposées déjà par la banque de l’habitat, qui peuvent être adoptées. Mais, puisque l’Etat a tout de même une obligation d’assistance, à chaque fois qu’une situation se pose, nous allons apprécier et voir l’aide que nous pourrons apporter.
Pour le cas de l’Espagne, le Consulat a fait un bon travail, pour que les assureurs prennent en charge le rapatriement des corps. L’argent collecté en marge pourra être utilisé à d’autres fins. Mais, il nous faut vite apporter des réponses formelles à ces préoccupations, pour que chaque sénégalais décédé puisse être enterré chez lui, si tel est le voeu de ses parents, de sa famille.
Vous semblez entretenir des relations complexes avec le chef de l’Etat ?
Il me connaît depuis plus de vingt ans, sans doute mieux que ceux qui parlent. J’avais seize ans, quand j’ai connu son père, dans la mosquée de Peulgha puis Aliou Sall, son frère. C’est donc une relation vieille. Macky m’a testé en tout, je n’ai jamais été pris à défaut, jamais, sur des questions de moeurs, d’argent ou de loyauté envers lui. C’est ce qui fonde le respect qu’il a pour moi, au-delà de l’estime. Pour le reste, ce sont les aléas de la vie qui nous mènent aux divergences passées, du fait de nos différentes positions. Je suis surtout reconnaissant envers lui pour l’attention que lui et son épouse portent à ma mère. Trois ans avant sa victoire, il m’a dit : «Je vais gagner et tu vas rentrer». Le lendemain de sa victoire, il m’a envoyé un message pour me dire : «La guerre est finie, il faut rentrer ». Depuis, il ma couvert d’affection et a été mon plus grand défenseur.
L'Apr est aussi responsable non, puisque ses responsables n'interviennent pas pour défendre le Chef de l'Etat ?
C'est malheureusement la critique que beaucoup leur font. Il y a sans doute des responsables qui le défendent, défendent sa politique, montent au créneau quand il est attaqué. Mais il faut une stratégie claire, avec un axe bien clair, des messages à porter, des personnes pour les porter, des canaux pour les faire passer. Il faut de la veille, mais de la veille stratégique, un vrai travail d’évaluation.
A son retour de voyage le Président a eu un discours guerrier. N’est-ce pas mauvais pour la circonstance ?
Le président de la République a tenu le discours qui sied en la circonstance. Il a montré de la compassion et montré de l’empathie envers les étudiants, qui ont perdu un des leurs, la famille du disparu. Je l’ai vu très affecté par cette mort. Mais il s’est montré ferme envers ceux qui veulent politiser cette situation et créer dans le pays une situation insurrectionnelle porteuse de tous les dangers pour les citoyens et leurs biens. C’est dans la mission régalienne de l’Etat et le rôle du Président de la République que de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens. La première condition du Mutual convenent qui nous unit, le commun vouloir de vie commune, c’est la paix et la sécurité des personnes, sans lesquelles rien n’est faisable. C’est ce qu’il a fait et je l’en félicite. Après, en bon leader, il a appelé tout le monde au dialogue et au dépassement. Jeviens de parler à des responsables de la société civile qui ont apprécié la démarche du chef de l’Etat.