"SOULEYMANE NDENE NDIAYE TRAVAILLE POUR LE PRÉSIDENT MACKY SALL"
PAPE SALIOU DIOP, ANCIEN CONSULTANT EN COMMUNICATION AU PALAIS
Consultant en communication au palais de la République sous le magister d’Abdoulaye Wade, plus précisé- ment en tant qu’attaché du cabinet de Serigne Mbacké Ndiaye, Pape Saliou Diop est devenu le président du mouvement «Liberté pour l’émergence». Enfilant sa casquette de jeune leader, M. Diop n’a pas fait dans la langue de bois pour examiner l’actualité politique nationale. Dans cet entretien accordé à Grand-Place, le consultant traite nos hommes politiques de «pourriture, de punaise sans aucune ambition» et qui ignorent tout de leur «mé- tier». De la crise au Pds, aux libéraux transhumants en passant par Souleymane Ndéné Ndiaye, Macky Sall, le mouvement «Y en a marre », Alioune Tine, Pape Saliou Diop n’a raté aucune de ses cibles. Non sans en profiter pour revenir sur la gestion des Wade. Aussi, laisse-t-il entendre que le duo Idrissa Seck/Malick Gackou peut faire «avancer le Sénégal».
Grand-Place: Quelles analyses faites-vous de l’actualité politique au Sénégal?
Pape Saliou Diop: La politique sénégalaise par rapport à la politique européenne et mondiale est une sale politique. Je ne considère pas nos hommes comme des politiciens. Ce sont plutôt des profiteurs, des gens qui n’ont pas compris ce qu’est la politique qui est l’art de la cité. Ils ne gèrent pas la cité mais plutôt leurs intérêts. Leurs faits et gestes ne ré- pondent pas aux réalités de la société. Ils ternissent l’image des vrais politiciens. Nos hommes politiques, une fois élus, se mettent dans la peau du roi et commencent dès lors à faire ce qu’ils veulent. Cela ne contribue pas à l’émergence d’un pays. Pour faire émerger un pays, il faut avoir un bon cœur, être honnête et disponible, être à l’écoute de la population. Vous étiez au palais et vous avez eu à côtoyer les Libéraux.
Comment jugez-vous leur politique ?
Présentement, je suis à la tête du mouvement «Liberté pour l’émergence». J’ai été le premier à avoir dit qu’Abdoulaye Wade va perdre le pouvoir parce que le président n’avait pas un bon entourage. Il avait fait un mauvais choix. Il avait la capacité de redresser le Sénégal, il avait la volonté de pousser le pays à un stade où il n’enviera aucun autre pays. Le président Wade a réussi à enlever la domination des Français. Malheureusement, en l’enlevant il n’a pas fait attention et c’est la cause de sa chute. Wade est un amoureux du pays, il a fait piloter le pays du point A au point Z. Mais, il n’avait pas les hommes qu’il faut. Ses hommes là, passent tout leur temps à mentir, à tromper les gens.
Aujourd’hui, ces hommes auxquels vous faites allusion ont transhumé vers les prairies beige-marron. Certains ont même créé des mouvements ou encore des partis politiques… Ces hommes n’ont aucune foi. Ils ne sont pas croyants. S’ils croyaient à une idéologie, ce serait bien. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) manque de leaders. Abdoulaye Wade est le seul leader du parti. C’est lui qui amenait les idées et qui fait la presque totalité des travaux. Ceux qui accompagnaient Wade n’ont aucune qualification. Imaginez tous les politiciens appelés à un débat, aucun d’eux ne te dira qu’il a créé des emplois. Et pourtant ils ont des millions mais ne savent pas investir. Et ceci ne concerne pas seulement le régime sortant. Même l’actuel régime compte des gens sans objectifs. Wade avait les capacités de gérer le pays mais à un moment donné il avait fait preuve d’un excès de confiance. L’idée qu’un jour il ne serait plus président ne lui avait pas effleuré l’esprit. Le problème de Macky Sall est qu’il a été élu pas les Européens. Du coup, il est tout le temps stressé. Quand tu le vois il ne rit pas. C’est parce qu’il est embarqué dans un bateau sans escale ni destination. Si naturellement, il avait demandé le pays avec ses propres moyens, ses propres idées, il serait en mesure de régler le pays car son parcours est riche. Il est passé de directeur à ministre et aujourd’hui président. S’il croyait en lui, il serait un bon dirigeant.
Revenons sur ces gens qui ont quitté Wade pour Macky…
On n’a pas l’homme qu’il faut pour ce pays. On n’a pas de leader. On n’a pas de politiciens. C’est pourquoi ils font des allers et retours. Ils n’ont pas de partis fixes. On ne doit pas croire à ce genre de personnes. Ils méritent d’être sanctionnés sur toute la ligne. La population ne doit même pas les écouter. C’est de la pourriture, de la punaise. Ils n’ont pas de vision. Ils vivent sur des millions mais ne savent pas investir. Ils ne font rien pour la jeunesse. Ils ont des voitures de marques, ils voyagent, et quand ils ont besoin des gens, ils font appel à eux, leur distribue des T-shirts. Ils trompent la population. Parce que malheureusement au Sénégal, les intellectuels ne sont pas du tout des gens réflé- chis, ils sont faciles à duper. Si les transhumants étaient des bosseurs, on aurait cautionné leur intégration dans le parti au pouvoir. Mais, ce n’est pas le cas. Ce sont juste des rassembleurs de per sonnes, rien de plus. C’est tout ce qu’ils savent faire.
Si le fait de regrouper des personnes peut être considérer comme de la politique, qu’en est-il de l’idéologie, des connaissances ?
Souleymane Ndéné Ndiaye a soutenue que Wade est le plan B du Pds, vous y croyez ? Souleymane Ndéné Ndiaye travaille pour le président Macky Sall. C’est une stratégie. Wade en a fini, qu’on se dise la vérité. Wade a fini de s’activer en politique, même s’il est influent. Mais, Souleymane Ndéné Ndiaye devrait avoir une gratitude envers le «Pape du Sopi». Ndéné devait être un grand consultant, mais il n’a pas d’ambition.
Vous avez travaillé avec Serigne Mbacké Ndiaye, comment analysez-vous sa position mitigée ?
C’est lorsqu’il a intégré le Pds que j’ai su qu’Abdoulaye Wade allait partir. Serigne Mbacké Ndiaye, je le connais très bien. Il n’a jamais été à la hauteur. Je parle au nom d’Allah. Je n’ai pas été demandeur, c’est lui qui a sollicité mes services. Je ne me vante pas mais je sais que j’ai des compé- tences. Par rapport à mon âge, je m’accompagne de beaucoup d’hommes plus âgés que moi, c’est pourquoi je ne minimise personne quel que soit son statut. Mais lui, je l’ai fréquenté et j’ai su qu’il ne faisait pas l’affaire. Je vous disais tantôt que je fus le premier à avoir vu la chute de Wade parce que Serigne Mbacké Ndiaye essayait de berner le vieux. Il utilisait l’argent de Wade pour ses propres business. Il n’a même pas son Brevet de fin d’études moyennes (Bfem). On doit revoir le statut des ministres. Farba Ngom, Youssou Ndour ne méritent pas des postes aussi importants. On doit mettre en avant la compétence avéré. C’est pourquoi, je fais appel à la population en leur demandant de réfléchir murement avant d’élire un 5e président de la République. Aujourd’hui, le Pds est dans des difficultés.
Que pensez-vous de l’option Karim Wade ?
Il est le fils de son père. C’est un leader. Son père l’a forgé parce que toutes les responsabilités qui lui ont été soumises, il les a réussies. Les ministères qui étaient sous sa tutelle étaient en crise, seule une personne, voulant du bien à Wade était en mesure de les redresser. Il fut des moments au palais où Wade était malade, fatigué. A ce moment, son médecin lui avait demandé de se reposer et tous les ministres continuaient à fatiguer le vieux, seul Karim Wade venait dire à son père d’arrêter le travail et d’aller se reposer. Et j’ai vu des ministres qui courraient, rien que pour le saluer. Serigne Mbacké Ndiaye avait confectionné une banderole sur lequel il était inscrit: Karim Wade. Ils ont fait la promotion de Karim. Ils savent qu’il a des compétences requises. C’est eux qui sont allés vers le président Wade pour faire les éloges de son fils. Si Karim a occupé ces postes, c’est grâces à eux. Un jour, Me El Hadji Diouf est allé
voir Karim pour solliciter une photo avec lui. C’est pourquoi quand je l’entends dire du mal de Karim, j’ai honte. Au Sénégal, nous n’avons pas de leader mais des beaux parleurs. Depuis Senghor jusqu’à nos jours, Wade a été le seul président libre. Tous les autres ont été des pions des Français et même Macky Sall. Même les jeunes de «Y’en à marre» dépendent d’eux. Alioune Tine aussi. Ils les ont financés pour faire tomber le vieux. Mais depuis le départ de Wade, le Sénégal est dans la galère. Les gens souffrent.
Quelles sont les ambitions de votre mouvement «Liberté pour l’émergence»?
C’est un mouvement de liberté comme son nom l’indique. Et chacun a sa conception de la liberté, mais nous définissons la liberté comme: quelqu’un qui est éduqué de manière à intégrer une quelconque société, instruit, a du travail pour comprendre la vie, une profession pour subvenir à ses propres besoins. C’est cela une liberté. À ce stade de la vie, ces gens doivent être distingués. De plus, chaque retraité doit être en mesure d’écrire un livre sur son parcours. Je veux sonner le ré- veil les Sénégalais, les conscientiser pour qu’ils fassent le bon choix le moment venu. Mieux, en ce qui concerne notre mouvement, après avoir fait une analyse des potentiels candidats pour la présidentielle, nous allons aider celui qui est sur la bonne position.
Peut-on s’attendre à ce que votre mouvement rallie l’Alliance pour la République (Apr) ?
Je ne vais pas rallier l’Apr. Je suis Sénégalais et tous les chefs de partis politiques sont des frères pour moi. Je suis là pour la population. Je cherche l’homme qu’il faut pour ce pays. Si les opposants n’arrivent pas à égaler l’actuel président, je le ferai savoir aux électeurs. Nous devons prier pour que l’homme idéal soit à la tête de ce pays. J’ai déjà disqualifié Macky Sall parce qu’il est un pion des étrangers. Parmi les opposants, seul Idrissa Seck a la posture d’un leader. Les Sénégalais doivent l’écouter. Si Seck et Gakou fusionnent leurs forces, ils pourront faire avancer le pays. Peut-être qu’Idrissa Seck a fait des erreurs mais c’est un leader né et cela je le tiens de ses amis d’enfance. Tout le temps, ce sont des médiocres qui sont à travers les medias qui font leurs promotions. Le Sénégal est un pays de paix, nous devons retourner à nos sources. Nous devons faire en sorte que ce soit les Européens qui nous imitent et non le contraire.