TAPIS ROUGE POUR LE SENEGAL AU MAROC
18e édition du Festival du cinéma africain
Du 12 au 20 septembre prochain, Khouribga au Maroc, va vibrer aux rythmes, lumières, sons et couleurs du 7e art africain. La cérémonie de lancement de la 18e édition du Festival du cinéma africain, qui se tient chaque année dans cette province marocaine, s’est déroulée samedi dernier au Complexe culturel de Khouribga, sous la co-présidence du gouverneur de la province et de l’ambassadeur du Sénégal au Maroc.
Les rideaux se sont levés samedi dernier sur la 18e édition du Festival du cinéma africain de Khouribga où le Sénégal participe comme invité d’honneur. Ce fut surtout l’occasion pour NourEddine Sail, président de la Fondation du festival et ancien directeur général du Centre cinématographique marocain (Ccm), de rendre un vibrant hommage au pays de Sembène Ousmane, devant un riche parterre composé d’hommes et de femmes évoluant dans le milieu du 7e art.
«Une injustice de l’histoire a fait que Dakar, qui a été dans les années 70 la première capitale du cinéma africain, joue aujourd’hui les seconds rôles. A l’époque, c’est avec fierté que nous autres cinéastes du continent, nous nous rendions au Sénégal pour écouter la parole de la cinématographie africaine», a témoigné ému M. Sail.
Selon lui, «le Sénégal a été l’âme et l’esprit du cinéma en Afrique» et il n’y a pas de raison qu’aujourd’hui, ce pays soit à la traîne. Rappelant que Ousmane Sembène disait déjà en 1970 que «rien ne peut se faire sans production, parce que si on ne produit pas, on ne vit pas», NourEddine Sail a indiqué que c’est cette leçon de «l’aîné des anciens» qu’a comprise le Maroc qui, qu’on le veuille ou non, est aujourd’hui sur une bonne lancée en matière de production cinématographique.
«Le Sénégal nous a donné l’amour du cinéma africain. Si le Sénégal n’avait pas fait ce qu’il a fait à l’époque avec la génération de Sembène, l’Afrique serait encore à la traîne. L’Afrique serait toujours un grand marché de consommation de production américaine», estime Nour-Eddine Sail qui, à l’attention des cinéastes africains, a lancé un édifiant cri du cœur : «Si nous ne savons pas où nous allons, sachons d’où nous venons. Et nous venons tous de Dakar !», at-il crié sous les ovations de l’assistance séduite par son discours à la fois artistique, philosophique et symbolique.
«Seul, le Maroc n’y arrivera pas. Seul, le Sénégal n’y parviendra pas...Debout pays d’Afrique. Ensemble levons-nous et faisons nôtre l’avenir. L’avenir du 7e art dépend de nous !», a conclu le président du festival africain de Khouribga.
Trophée de reconnaissance
Cette cérémonie d’ouverture du festival a servi de prétexte pour remettre un trophée de reconnaissance au Sénégal. M. Hugues Diaz, le directeur de la Cinématographie du Sénégal, après avoir reçu des mains du gouverneur de la ville de Khouribga cette distinction, a exprimé sa gratitude au pays hôte. «Ce trophée est pour nous une source de motivation, de dépassement pour propulser le cinéma sénégalais là où il devrait être, en synergie d’action avec les pays africains», a dit M. Diaz.
L’ambassadeur du Sénégal au Maroc, M. Amadou Sow, prenant la parole au nom du gouvernement du Sénégal, mais surtout du ministre de la Culture, qui n’a pas pu faire le déplacement, a lui aussi mentionné que «cette marque de reconnaissance à l’endroit du Sénégal nous va droit au cœur».
Le diplomate a poursuivi : «Le Maroc, à travers cette initiative, témoigne encore une fois de son amour et de son attachement au Sénégal. C’est une fois de plus, l’exaltation de l’excellente relation qui existe entre les deux pays...», a poursuivi M. Sow, d’après qui, «le pays de Ousmane Sembène, de Djibril Diop Mambety, de Mahamat Johnson Traoré, de Alain Gomis et des autres cinéastes, reste reconnaissant». L’ambassadeur n’a pas manqué de rappeler la nouvelle dynamique que les autorités sénégalaises impulsent à la cinématographie locale.
Cette cérémonie a été agrémentée par les prestations folkloriques de la compagnie de danse et de ballet Bakalama de ThionkEssyl. A côté de l’imprésario marocain, on avait également au micro, notre consœur Oumy Ndour de la Rts, qui a assuré le conducteur de la soirée avec l’élégance sénégalaise qui sied en de pareilles occasions.
Cela, devant des centaines de participants d’où se remarquait une forte délégation sénégalaise composée de 26 personnes et conduite par M. Rémi Sagna, directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la communication. Cette cérémonie d’ouverture de la 18e édition du Festival du cinéma africain de Khouribga a été clôturée avec la projection du film Le Mandat du regretté Ousmane Sembène.
LA RTS L’APPREND À SES DÉPENS
Ne capte pas d’images qui veut au Maroc
Le royaume du Maroc est loin d’être la cour du roi Pétaud. On n’y entre pas sans prendre les dispositions adéquates. Surtout lorsqu’on est du monde des médias. Et la Rts en a payé un prix lourd, puisque ses envoyés spéciaux n’ont pu entrer dans le royaume avec leur arsenal de reportage.
En effet, les caméras et tout le matériel de tournage de la télévision nationale ont été confisqués samedi dernier par la police de l’aéroport. Et pour cause, nos confrères de la télévision publique n’avaient pas les autorisations qu’il fallait pour capter des images au royaume de Mohammed VI.
En clair, si les accords diplomatiques permettent aux Sénégalais de rentrer et sortir comme bon leur semble au Maroc, il n’est pas question de ne pas respecter les lois en vigueur pour capter des images, quelles qu’en soient les finalités ou les missions.
Néanmoins, en attendant que le centre marocain de la cinématographie leur délivre les visas d’entrée de leur matériel de tournage, les envoyés spéciaux de la Rts n’ont pas chômé. Ils ont cherché des solutions palliatives pour couvrir les activités du festival de cinéma de Khouribga, en attendant de pouvoir entrer en possession de leur «matos».