TARIQ RAMADAN : "LE SENEGAL FAIT PARTIE DES RARES PAYS CONSCIENTS DE LA DIVERSITE INTERNE DANS L'ISLAM"
Colloque International des musulmans de l'espace francophone
Dakar, 11 mars (APS) - L'Afrique occidentale n'est pas le lieu d'un islam "littéraliste et violent", a soutenu, lundi à Dakar, l'universitaire et islamologue suisse d'origine égyptienne Tariq Ramadan, exhortant les musulmans africains à continuer d'être ''une communauté du juste milieu''.
"L'Afrique n'a pas cette histoire. L'Afrique n'a pas ces racines (islam littéraliste et violent). Vous n'avez pas cet islam", a-t-il dit lors du lancement du Colloque international des musulmans de l'espace francophone (CIMEF), prévu du 23 au 26 août à Dakar.
"Ce n'est pas d'être moins musulman, mais d'assumer son islam et refuser que certains utilisent la religion à des fins de violence, à des fins géostratégique", a déclaré M. Ramadan, professeur d'islam contemporain à l'université d'Oxford (Royaume-Uni), en plaidant pour que le discours sur l'islam soit développé à partir des fondamentaux de cette religion.
"Il faut qu'on se place clairement dans un islam comme il a été dit. Vous êtes une communauté du juste milieu'', a-t-il encore déclaré, en soulignant que le Sénégal fait partie des rares pays conscients de ce qu'il "y a une diversité interne dans l'islam".
"Vous êtes un pays majoritairement musulman, vous êtes le pays qui sait depuis longtemps qu'il y a une diversité interne dans l'islam (et vous êtes pour) qu'on l'accepte dans l'islam. Il n'y a pas un seul groupe qui dit : +j'ai le monopole de l'interprétation+", a souligné le professeur Ramadan.
Selon lui, cette diversité existait déjà du temps du Prophète Muhammad (PSL), de sorte que lorsque quelqu'un travaille contre cela, "on doit se lever pour lutter".
Abordant la question de la corruption, le professeur d'islam contemporain à l'université d'Oxford affirmé qu'on "ne pourra pas ni devant Dieu, ni devant nos consciences dire que l'Occident est responsable de la corruption qui sévit en Afrique et du manque de transparence".
"On est au premier rang partout quand on parle de corruption. On n'est pas dans les 20 premiers de la transparence, mais on est parmi les 20 premiers de la corruption. En l'occurrence, on peut bien dire au monde qu'on a une religion extraordinaire mais dans la pratique on en est loin", a expliqué Tariq Ramadan.
Selon lui, en pratique, les pays musulmans n'ont pas réussi à lutter contre la question de la corruption. "Et ce n'est pas en restant assis en regardant le pouvoir (qu'ils le réussiront), en disant que tous les politiciens sont des corrompus".
"La corruption, elle commence dans le quotidien de notre vie, dans la façon dont nous traitons les institutions, dans la façon dont nous respectons la loi", a indiqué le professeur Tariq Ramadan.