TERGIVERSATIONS
MEA CULPA DE LA CENA À PROPOS DE L'IMPLICATION DU MINISTRE DES COLLECTIVITÉS LOCALES DANS L'AFFAIRE DE LA LISTE DE TOUBA MOSQUÉE
La Cena revient sur les propos selon lesquels le Khalife général des mourides avait rapporté à sa délégation que Oumar Youm lui avait assuré que la liste de Touba n’a pas à respecter la parité. Elle s’excuse auprès du ministre qui, lui, l’accuse de «légèreté» et de «discourtoisie».
«Au cours des échanges, le Khalife général de Touba a précisé à la délégation de la Cena que le gouvernement, en la personne du ministre en charge des Collectivités locales, avait solennellement déclaré lors d’une visite sur place que la liste de Touba Mosquée n’avait pas à respecter la loi sur la parité», avait déclaré la Cena dans un communiqué. Voilà la phrase-choc qui a attiré l’attention de la presse qui en a fait sa Une hier.
Rebondissement. Puisque hier, l’organe de contrôle et de supervision des élections est revenu dans un bref communiqué pour rectifier le tir. «Dans le précédent communiqué de la Cena, envoyé le 15 mai 2014, il a été prêté au ministre en charge des Collectivités locales des propos qui ne sont pas les siens en contradiction avec ceux contenus dans le rapport de la délégation de la Cena qui s’était rendue à Touba. Nous nous en excusons au près de vous et du ministre», corrige la Cena.
En fait, Le Quotidien a appris que les services de Doudou Ndir voulaient dire que «le Khalife avait déclaré avoir signifié le ministre en charge des Collectivités locales que la liste de Touba ne saurait prendre en compte la parité».
Mais Oumar Youm ne se contentera pas de ce mea culpa de la Cena et le dit, acerbe, via la cellule de communication de son département : «Sans aucune courtoisie, ni respect des règles d’éthique et de déontologie devant régir les rapports entre les différentes institutions de la République, la Cena a fait publier un communiqué citant nommément un membre du gouvernement, faisant fi de toute démarche contradictoire, socle de fonctionnement des organes de régulation qui se respectent.»
Le ministre poursuit que le communiqué de la Cena «contient malheureusement des informations erronées témoignant à suffisance de la légèreté avec laquelle cette affaire a été traitée», ajoutant qu’il «n’a jamais abordé la question de la parité lors de son entretien avec le vénéré Khalife général des mourides».
Mieux, M. Youm souligne que les propos qui lui ont été prêtés par la Cena ne peuvent, d’ailleurs, «valablement se Substituer ni à la loi, encore moins empêcher à cette instance d’accomplir sa mission, en application des dispositions législatives et réglementaires en vigueur».
En somme, fait-il remarquer, le rectificatif de l’organe de contrôle des élections est «la preuve» qu’il «n’est nullement impliqué dans cette affaire».
La Cena perd le contrôle
Le rectificatif de la Cena est troublant. Elle prête des propos au ministre Oumar Youm et au Khalife général des mourides, «qui ne sont pas les (leurs)». Mais aussi, elle laisse un goût d’inachevé dans son communiqué qui, en réalité, n’a pas communiqué sur ce que le marabout a exactement rapporté à la délégation qui s’était rendue à Touba.
La Cena n’a fait que ravaler la phrase et s’excuser. Il serait plus crédible, en rectifiant, de préciser ce que le Khalife a dit à sa délégation et de le souligner dans le communiqué. La précision des propos que le Khalife a effectivement tenus à l’endroit de la délégation n’en serait que bénéfique pour édifier l’opinion.
Il ne serait pas non plus exagéré de considérer que ses membres ont fait preuve de légèreté dans leur compte rendu. Pour cette liste de Touba qui n’a pas respecté la parité, la Cena avait reçu les encouragements de certaines organisations de la société civile et de défense des droits de la femme, après avoir annoncé qu’elle «utilisera tous les moyens que lui confère la loi».
Mais en renvoyant son avis aux recommandations de son rapport post électoral, c’est une fuite de responsabilité. En gros, c’est comme si l’organe de contrôle des élections ne se contrôle plus !