TOUBA : L’IMAM RAPPELLE LES INTERDITS DANS LA VILLE SAINTE

A Touba, les fidèles ont pris d’assaut la place de la grande mosquée pour sacrifier à la prière de l’Aïd-el-Fitr. Cette année encore, l’imam est encore revenu longuement sur les interdits dans la ville sainte.
TOUBA - En présence du Khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, l’imam ratib de Touba qui a dirigé la prière de l’Aïd-el-Fitr à la grande mosquée de la ville sainte, a demandé aux fidèles de respecter les directives pour donner à la capitale du mouridisme toute sa dimension spirituelle. Il a souligné l’importance de jeûner pendant les six premiers jours du mois qui vient de commencer, soulignant que c’est un geste de haute portée religieuse. Il a aussi rappelé le rôle de la Zakat-el-Fitr communément appelée Mouroum Koor.
Serigne Fallou Abdou Khadre, qui n’a pas beaucoup parlé, a aussi remercié les fidèles qui n’ont ménagé aucun effort pour faire de bons actes durant le mois béni de Ramadan avec les «Nafilas», comme les œuvres de solidarité, les aides aux nécessiteux, la lecture du saint Coran.
A Daroul Khadim, «Joumada» crache ses vérités
A Touba Daroul Khadim, l’imam Serigne Fallou Mbacké «Joumada», fidèle à sa réputation, s’en est vivement pris aux Salafistes, Wahhabite et chiite, entre autres. Très en verve, le guide religieux a aussi tancé les autorités étatiques et la presse.
L’imam de Daroul Khadim n’a pas mis de gants pour dénoncer les agissements de certaines associations islamiques financées depuis l’extérieur et qui tentent de déstabiliser les confréries du Sénégal. «Leurs tentatives seront vaines», a soutenu l’imam qui appelle la majorité musulmane du Sénégal - composée essentiellement des grandes familles religieuses - à s’unir pour faire face à ceux qu’il appelle des «musulmans de type nouveau».
Croissant lunaire : «Une minorité n’impose pas une loi»
Selon toujours Serigne Fallou Mbacké, Serigne Touba avait, dans ses écrits, fait une longue description de cette catégorie de musulmans. «Il cherche toujours une promotion à travers les actes qu’il pose», avait dit le fondateur du mouridisme qui poursuivait dans ses écrits : «Il parle plus qu’ils n’agissent et maîtrise peu de versets du Coran et n’arrive pas à distinguer dans sa tromperie un hadith authentique et non authentique».
Pour le guide religieux qui s’adressait aux fidèles venus assister à la prière de la Korité, à Daroul Khadim, «cette catégorie de musulmans qui a fait ses humanités ici a été pervertie, son cerveau lavé par des musulmans du Moyen orient avec de l’argent». «Il faut faire face à ces gens, parce qu’une minorité n’impose pas une loi», dira-t-il avant d’ajouter que «couper le jeûne après 28 jours de diète sur aucune base religieuse relève d’un sabotage et d’une provocation manifeste. Et les religieux doivent faire face pour les arrêter, car leur intention réelle est inavouée».
Le gouvernement pas sur la bonne voie
Poursuivant son sermon de Korité, Fallou «Joumada» a passé au peigne fin le bilan du gouvernement d’Abdoul Mbaye. «Ce gouvernement est le plus nul que le Sénégal n'a jamais connu, depuis les indépendances», assènera-t-il. Car, pour lui, les secteurs clés de notre économie sont toujours à genoux. Prenant à titre d’exemple l’agriculture, l’imam pense que le régime actuel, loin d’aider les paysans, les appauvrissent. «Plus grave, dira-t-il, l’Etat se glorifie d’avoir distribué des semences, mais elles sont de mauvaise qualité et trop chères. La preuve, les vrais agriculteurs l’ont boycotté».
Revenant sur la relation entre le pouvoir et les religieux, Fallou «Joumada» pense qu’elle n’est pas au beau fixe. «Même s’ils font semblant d’entretenir de bonnes relations avec les religieux, en réalité tel n’est pas le cas», affirmera-t-il en donnant les raisons de ce manque de considération : «Le régime actuel pense que le ‘ndigël’ ne fonctionne».
C’est la raison pour laquelle, il a invité le Khalife a donner une consigne de vote pour prouver que l’effet du «ndigël» peut, a défaut d’élire un président, faire tomber un régime. L’imam de Touba Daroul Khadim a bouclé son sermon par un appel à l’unité des musulmans qui se battent entre eux, dans le monde entier, pour des raisons purement politiques et sociologiques.