TOUCHE PAS À WADE !
ME EL HADJI AMADOU SALL MET EN GARDE MACKY SALL
Avocat de Karim Wade et responsable du Parti démocratique Sénégal (Pds), Me El hadji Amadou Sall pense que le président Macky Sall est en train d’écrire les pages les plus sombres de l’histoire judiciaire du Sénégal. Dans cet entretien, l’ancien ministre de la Justice met en garde les apéristes et leur leader Macky Sall «qui ne cessent de menacer d’emprisonnement Me Abdoulaye Wade». Pour lui, le régime est libre d’envoyer le pape du Sopi en prison pour le faire taire, mais que Macky Sall sache que toucher à un seul de ses cheveux si rares équivaut à leur arrêt de mort. Le Conseil de Karim Wade évoque également les témoignages de Cheikh Diallo et Cheikh Tidiane Ndiaye et invite le régime en place à demander pardon à Karim Wade pour l’avoir accusé à tort.
Quelques mois après le début du procès de votre client Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis qu’est ce que vous retenez de cette affaire d’une manière générale ?
Me El Hadji Amadou Sall : Depuis le début de l’enquête préliminaire, je ne cesse de répéter que les poursuites contre les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) procèdent du règlement de compte politique. Le Président Macky Sall est en train d’écrire les pages les plus sombres de l’histoire judiciaire de notre pays. Jamais la justice n’a été aussi discréditée avec ce procès de la honte. Après trois mois d’audience, il y a une unanimité sur le sentiment de répulsion qui anime tous ceux qui observent ou surveillent sur ce qui se passe à la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (Crei). Ce qui s’y fait et s’y joue ne fait pas honneur à notre démocratie. On pensait dès l’entame que le procès de Karim Wade allait enfin permettre aux Sénégalais d’être édifiés sur les prétendus milliards détournés et à l’arrivée, tout le monde s’interroge.
Aucune preuve, ni début de preuve, rien ! Toute l’accusation est fondée sur de simples témoignages, tous aussi farfelus, pour tenter d’établir un enrichissement portant sur des centaines de milliards. Dans ces conditions, je retiens que la messe est dite et le moment est venu de dire aux Sénégalais qu’on s’est trompé, et qu’on rende justice à Karim Wade en le laissant en liberté avec des excuses publiques de ses accusateurs qui ont fait fausse route.
Continuez-vous à penser que votre client est innocent malgré les témoignages à charge contre lui, surtout ceux de cheikh Diallo et cheikh tidiane ndiaye de canal info ?
Comment voulez-vous limiter les preuves d’un enrichissement de centaines de milliards à de simples témoignages de personnes qui mordent la main qui les a nourries ? Quel crédit devrait-on donner à des personnes qui manifestement disent des contrevérités ? Quel crédit peuton donner à un témoin à charge qui déclare à la barre remercier une personnalité très proche du président de la République, qui l’aurait aidé à «s’en sortir» ? Quel crédit accorder à un témoin désigné comme expert pour administrer une société dans laquelle il est en conflit avec son associé et avec ses dirigeants ? Quel crédit accorder à des témoins qui n’ont cessé de varier dans leurs déclarations ? Quel crédit accorder à des témoins qui manifestement ont signé un accord avec l’autorité des poursuites pour enfoncer Karim Wade et être libre de poursuites ? Ce ne sont pas des témoins, mais des accusateurs de service qui sont récompensés pour cette charge qui ne leur fait pas honneur. La culpabilité de Karim Wade doit être établie par des preuves solides rapportées et montrées aux Sénégalais et à ceux qui nous regardent. Et cela l’accusateur en est incapable
On a remarqué dans le procès que souvent il y a eu des attaques personnelles et des polémiques entre le parquet et la défense. Qu’est ce que vous pensez de cela ?
Vous regardez tout cela souvent avec une mauvaise grille de lecture. Les incidents d’audience sont des pratiques courantes dans la justice. Mais lorsque les choses débordent et prennent une tournure subjective et personnelle, ça ne renvoie pas une image apaisée de la justice. Vous faites preuve d’une grande détermination depuis le début de l’affaire Karim Wade. Qu’est-ce qui explique cette attitude et pourquoi avez-vous décidé de défendre le fils de l’ancien chef d’Etat, malgré tout.. ? Je ne défends pas le fils de l’ancien chef de L’Etat. Je défends un ami et un frère de parti. C’est l’expression d’un acte de solidarité et d’un engagement militant. Karim Wade est un frère qui a toujours cultivé le sens de l’amitié, de la loyauté et de la fidélité. Si en plus je suis absolument convaincu de son innocence, je ne peux m’engager dans sa défense qu’avec une grande détermination, ayant l’absolue certitude qu’il a la conscience de ceux qui ont fait leur devoir. Celui qui a ordonné les poursuites contre lui sait, et nous savons avec lui ce qu’il lui doit et ce qui lui fait perdre la raison. Qu’il sache et se souvienne d’une seule chose : Dieu est avec les justes !
On remarque que depuis votre perte du pouvoir le pds se cherche. Qu’est-ce qui se passe en réalité ?
Si le Pds se cherchait, il s’est trouvé. Beaucoup de prétendus observateurs avaient prédit la mort prochaine de notre parti après la défaite de l’élection présidentielle de 2012. Ils ont été surpris par le score, certes modeste mais combien important, que nous avons obtenu lors des élections législatives qui ont suivi. Ils ont surtout été interloqués par notre performance remarquable obtenue à la suite des dernières élections locales et qui nous place sur la trajectoire de premier parti politique au Sénégal, le parti présidentiel ayant une peur démentielle d’aller seul affronter le suffrage des électeurs. Pour nous, ce résultat est au demeurant en deçà de nos attentes, si l’on s’en tient au travail effectif et colossal abattu sur le terrain par des militants déterminés, sous la direction de leaders aux convictions fortes. Souvenez-vous, toutes les manifestations organisées par notre parti depuis la défaite de 2012 ont été marquées par une très forte mobilisation militante et une très grande participation citoyenne. Cela augurait déjà nos dernières performances électorales et explique l’acharnement politico-judiciaire contre nos responsables.
On a l’impression que Wade est toujours la seule constante dans votre parti. Est-ce que ce pds pourra survivre à Me Wade ?
Cette remarque n’est pas juste. Notre leader, le président Abdoulaye Wade, s’est éloigné du Sénégal après 2012 et est resté pratiquement à l’étranger pendant deux années au cours desquelles notre parti s’est renforcé pour devenir une des toutes premières forces politiques du pays. Tout cela s’est certes fait sous l’inspiration de Me Wade, mais aussi en son absence et sous la direction d’une équipe bien soudée, quoiqu’une certaine presse téléguidée depuis le palais tente vainement de la présenter comme une direction divisée et minée par les rivalités. Cette incroyable vitalité établit les bases de l’après Wade. Il l’a dit lui-même, son rôle politique c’est de nous accompagner et de nous inspirer dans la nouvelle marche du sopi vers la reconquête du pouvoir. Le Sopi a fait ses preuves en transformant ce pays comme il ne l’a jamais été. Son pape se fait le devoir d’en poser le dernier jalon : aller résolument vers l’émergence véritable qui placera notre pays en orbite.
Est-ce qu’il n’est pas temps d’organiser un congrès au pds pour permettre à Wade de se reposer et choisir un nouveau secrétaire général national pour le parti ?
Le congrès est incontournable pour parfaire la démocratie interne par, entre autres, la désignation d’un nouveau secrétaire général national et une réorganisation de notre parti pour en faire le fer de lance du Sénégal nouveau et émergent. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment nous continuons notre marche et avons encore besoin de l’accompagnement et de l’inspiration de notre cher secrétaire général national, qui fait preuve de vitalité et d’un engagement sans retenue.
Serez-vous candidat au poste de secrétaire général national du pds ou êtes-vous favorable à un autre leader du parti ?
Ma seule et unique ambition, c’est de faire partie de cette équipe qui aura en charge de transformer l’espérance des Sénégalais en actes. La bataille des postes et des ambitions personnelles n’a jamais été et ne fera jamais partie de mes préoccupations.
Qu’est-ce que vous pensez des récentes critiques des membres de l’Apr contre Me Wade, l’accusant même de crime de sang ?
C’est la réponse de ceux qui sont habités par l’incompétence et que le peuple balayera à la moindre occasion. Jamais dans l’histoire de notre pays, on aura connu un président et une équipe aussi incapables. Et chaque fois que les difficultés se sont accumulées, c’est-à-dire tous les jours, ils évoquent les poursuites judiciaires : contre Abdoulaye Wade, contre Bara Gaye, contre Aida Ndiongue, contre Aziz Diop, contre Karim Wade, contre Madické Niang, contre El Hadji Amadou Sall, contre Samuel Sarr, contre Bara Sady, contre Thierno Ousmane Sy et tant d’autres. Macky Sall, qui n’a jamais connu la prison du temps où Diouf tirait sur tout ce qui bougeait et qui en a peur comme de la peste, pense que tout le monde développe les mêmes angoisses que lui. La prison est son arme ultime. Abdoulaye Wade est là, s’ils veulent l’emprisonner pour l’empêcher de parler et d’agir, libre à eux de le faire. Mais qu’ils sachent que toucher à un seul de ses cheveux si rares équivaut à leur arrêt de mort !