TROIS CADRES DU PARTI DE GBAGBO INTERPELLÉS
Abidjan, 4 mai 2015 (AFP) - Trois cadres du parti fondé par Laurent Gbagbo ont été interpellés lundi, après leur participation la semaine dernière à une réunion de "frondeurs" ayant désigné l'ex-chef de l'Etat ivoirien "président" de cette formation en crise, a-t-on appris de sources concordantes.
Hubert Oulaye et Sébastien Dano Djédjé, des proches de l'ancien chef de l'Etat actuellement détenu par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, ont été "arrêtés à leur domicile tôt ce matin par des policiers", a affirmé à l'AFP leur défenseur, Me Toussaint Dako.
Justin Koua, un responsable de la jeunesse du Front populaire ivoirien (FPI), a de son côté été interpellé à Bondoukou (est) "sur son lieu de travail", selon Laurent Akoun, un autre cadre du principal parti d'opposition, fortement divisé à l'approche de la présidentielle d'octobre.
MM. Djédjé, Oulaye et Koua ont été arrêtés pour répondre des faits de "trouble à l'ordre public" et "défiance à l'autorité de l'Etat", a-t-on appris de source sécuritaire. Les trois hommes font partie des principaux organisateurs d'un meeting qui a désigné jeudi Laurent Gbagbo "président" du FPI, qu'il a fondé.
Des échauffourées s'étaient produites avant la manifestation, qui s'était finalement tenue sans heurt à Mama (sud-ouest), le village natal de l'ex-chef de l'Etat. La démarche des "frondeurs" du FPI a été jugée sans "aucune valeur" par la direction du parti, plus que jamais divisé entre deux camps.
Le premier camp, derrière le président du parti Pascal Affi N'Guessan, veut aligner un candidat au scrutin d'octobre face au chef de l'Etat Alassane Ouattara. Mais le camp rival refuse un tel scénario et fait de la libération de M. Gbagbo "le coeur de la stratégie de lutte du parti".
M. N'Guessan avait dénoncé jeudi les "attitudes puériles" de ses adversaires en interne, qui ne "font pas avancer la lutte ni pour la libération de Laurent Gbagbo, ni pour la reconstruction de la Côte d'Ivoire".
"Affi a été radié du parti" lors de la réunion de Mama, lui a répondu lundi M. Akoun, un proche de Laurent Gbagbo. "Il ne fait plus partie des nôtres car il a commis de nombreux forfaits, dont la trahison", a-t-il ajouté.
Les deux camps qui s'affrontent au sein du FPI se sont opposés à plusieurs reprises devant la justice ivoirienne. Celle-ci a invalidé en avril la suspension de M. N'Guessan décrétée par le camp rival.
Elle a aussi prononcé fin 2014 l'irrecevabilité de la candidature de M. Gbagbo à la tête du parti. Ses partisans avaient fait appel. La décision est attendue le 5 juin.
L'ancien chef de l'Etat est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé par la CPI pour des "crimes contre l'humanité" présumés commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
Née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, la crise a fait plus de 3.000 morts, selon l'ONU.
Les élections d'octobre sont considérées comme cruciales par les partenaires de la Côte d'Ivoire pour la stabilisation du pays. Ces partenaires appellent à une participation du FPI au scrutin, afin que toutes les tendances y soient représentées.