UN BONHEUR QUI CÔUTE 40 À 44 MILLIARDS
LA BAISSE DE L’IMPÔT SUR LE REVENU FAIT CHUTER LES RECETTES
Le manque à gagner pour l’Etat du Sénégal avec la baisse de l’impôt sur le revenu des travailleurs en 2013 se situe entre 40 et 44 milliards de FCfa, mais l'exercice 2014 s’annonce prometteur avec la deuxième année du nouveau Code général des impôts et la modernisation de l’administration fiscale, selon Pierre Ndiaye, chef de la Direction de la prévision et des études économiques.
Dans un entretien paru dans l’édition de janvier 2014 du magazine «Gouvernance», M. Ndiaye indique que «la baisse de l’impôt sur le revenu des personnes physiques a certes entraîné des gains importants de pouvoir d’achat pour les contribuables, mais elle a eu un impact plus important que prévu sur les recettes budgétaires». «Le manque à gagner pour l’Etat est évalué entre 40 et 44 milliards au lieu de 29 milliards» de FCfa, souligne-t-il, précisant toutefois que «la deuxième année de mise en oeuvre du nouveau Code général des impôts couplée à la modernisation de l’administration fiscale devrait permettre d’accroître sensiblement les recettes budgétaires en 2014».
Le chef de la Dpee, qui dépend du ministère de l’Economie et des Finances, soutient que «des efforts substantiels seront réalisés pour affermir les recettes budgétaires, en particulier le renforcement du contrôle fiscal et l’élargissement de l’assiette fiscale». Il rappelle que l’exécution du budget 2013 a été caractérisée par des moins-values importantes de recettes, attribuables, en grande partie, aux recettes nonfiscales, à la taxe sur la valeur ajoutée (Tva) et à l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
«La baisse des recettes de Tva reflète, en partie, l’impact de la récente réforme fiscale et, en particulier, la suppression du précompte de Tva effectué par les agences publiques sur les grandes entreprises», signale Pierre Ndiaye. «Cependant, cette mesure a permis de renforcer la trésorerie des entreprises concernées et devrait, à terme, améliorer la collecte de la Tva intérieure», fait-il remarquer dans «Gouvernance».
Risque de surendettement faible
Par ailleurs, M. Ndiaye note que le déficit public a été ramené de 6,7 % du Pib en 2011, à 5,8 % en 2012 et 5,4 % du Pib en 2013. «Afin de préserver la stabilité macroéconomique et la soutenabilité de la dette publique, et de restaurer la marge de manoeuvre budgétaire pour l’avenir, le déficit budgétaire sera réduit à 4,9 % du Pib en 2014». Au sujet du financement de ce déficit budgétaire, il explique que le gouvernement privilégiera les emprunts concessionnels et les émissions sur le marché financier sous-régional, celui des huit Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa).
Avec «Gouvernance», le chef de la Dpee précise toutefois que l’Etat du Sénégal «se donne la possibilité d’explorer le marché financier international et d’émettre un eurobond si les conditions financières sont avantageuses». «Avec ce niveau de déficit (de 5,4 % en 2013), dit-il, les analyses de viabilité de la dette, menées aussi bien par les services du ministère de l’Economie et des Finances que ceux du Fonds monétaire international (Fmi), montrent que le Sénégal reste un pays à risque de surendettement faible».