UN CHEMIN DE CROIX POUR LES JEUNEURS SENEGALAIS EN FRANCE
RAMADAN CANICULAIRE AU CŒUR DE L’ETE EN EUROPE
Le Ramadan, qui a démarré en France, depuis près de deux semaines, n’est pas une sinécure pour les Sénégalais de France. En effet, jeûner en cette période d’été est un véritable chemin de croix pour les Sénégalais établis au pays de Marianne. Ce, à cause notamment de la canicule et de la longueur de la journée.
PARIS - Cette année, en Europe, en France notamment, le Ramadan est tombé en plein été, une période complexe pour les jeûneurs qui ont droit à des journées très longues et des nuits très courtes. Aussi, les Sénégalais qui séjournent actuellement en France sont obligés de supporter non seulement la chaleur étouffante, mais aussi les longues journées. Car, en ce moment, le jeûne démarre à 4 heures du matin pour se terminer à 22 heures, dans des conditions éprouvantes, sous la chaleur de l’été. Ce qui constitue une véritable épreuve, parce qu’il faut tenir pendant 18 interminables heures sans manger, ni boire dans un pays non-musulman. Autant dire que cela constitue un calvaire pour les ressortissants sénégalais, à l’image de ce jeune sénégalais du nom d’Alassane Cissé, rencontré à la gare de Paris Montparnasse, située dans les 14e et 15e arrondissement. Il n’a pas hésité à sortir de la gare pour aller se tremper le visage et la tête au point d’eau qui se trouve près de la célèbre gare ferroviaire de la capitale française.
«Je ne vous le cache pas, je souffre. Car il fait très chaud en France actuellement. Aujourd’hui, (jeudi dernier) la température affiche presque 40 degrés, donc c’est cette canicule qui me fatigue. Et c’est pourquoi je suis sorti de la gare pour aller me rafraîchir un peu au niveau de la fontaine. Moi, je ne supporte pas cette chaleur terrible. D’ailleurs, j’ai été obligé de tremper ma serviette dans l’eau et je vais la poser sur ma tête de temps à autre pour atténuer la chaleur qui est vraiment insupportable», explique ce Sénégalais qui vit à Rennes depuis 2005. Cissé d’ajouter : «Comme j’ai un train pour Rennes à 22 heures, je suis obligé de rester ici jusqu'à l’heure de la rupture qui est prévue à 22 heures 14 minutes. Cela va me trouver dans le train, c’est vraiment compliqué, j’aurai bien aimé être au Sénégal en ce moment».
Un Ramadan difficile de 18 heures de résistance
Abdoulaye Dieng, qui est revenu du Sénégal il y a peu, explique que «c’est pour le travail que je suis rentré à Paris, sinon je serais resté au pays jusqu'à la fin du mois de Ramadan. Car il est très difficile de jeûner en France présentement à cause de la chaleur, mais aussi et surtout de la longueur de la journée. A Paris, on débute le jeûne très tôt, vers 4 heures, pour ne couper que très tard, au-delà de 22 heures. C’est vraiment le pire Ramadan que je pouvais avoir», confie ce chef d’entreprise franco–sénégalais.
Force est de reconnaître que le Ramadan en plein été est un moment complexe pour les jeûneurs en France, surtout avec les journées longues et les nuits trop courtes. En effet, il faut résister pendant 18 heures à la faim, à la soif et à la chaleur. Et c’est pendant 18 tours d’horloge qu’il faut tenir. Parce qu’en cette période d’été, l’heure de «Salat sobh» (prière de l’aube) est fixée à 4 heures, alors que la rupture du jeûne est prévue à 22 heures 14 minutes. Ce qui fait que les journées sont si interminables…
D’ailleurs, le journaliste sportif sénégalais, Viyé Dabo, établi à Angers depuis un an, avoue que c’est le Ramadan le plus long de sa vie. «Je n’ai jamais observé un mois de Ramadan aussi long que celui-là. Car cette année, les journées sont très longues et les nuits courtes et je jeûne pendant 18 heures, soit presque 6 heures de plus que celui qui jeûne au Sénégal. J’avoue que c’est très difficile, surtout avec la chaleur. Et puis ici, l’environnement n’est pas propice, les gens ne sont pas concernés par le Ramadan. Les horaires ne sont pas adaptés, de même que les moyens de transport. On a même parfois des problèmes de repère pour prier», se désole l’ancien vice-président de l’Association nationale de la presse sportive du Sénégal (Anps).
18 heures de jeûne, un phénomène qui survient en France une fois tous les 10 ans
Mme Ndour Mbacké Sarr embouche la même trompette. «Je suis en France depuis une quinzaine d’années. Mais cela ne m’empêche pas de souffrir. Car cet été, le Ramadan est vraiment dur, même pour nous qui sommes habitués. Il est tombé en plein été où les jours sont tellement longs. On jeûne presque toute une journée. Car sur les 24 heures de temps, on jeûne 18 heures et c’est vraiment beaucoup. Heureusement que ça n’arrive qu’une fois tous les 10 ans», note cette dame qui habite Place Yann Sohier, à Lorient.
Sami Ngom, pour sa part, a préféré quitter sa ville d’adoption de Lorient pour aller au Sénégal avec toute sa famille. Il compte y passer le restant du Ramadan, pour ne retourner en France que vers fin août.