UN CHOIX CONTESTABLE
Le prestigieux Prix Nobel de la Paix 2014 vient d’être attribué à Malala, une adolescente pakistanaise de 17 ans, en partage avec un Indien. Si on peut comprendre que le jury d’Oslo veuille encourager la scolarisation des filles, même dans les sociétés les plus conservatrices comme au Pakistan, tout en récompensant celle qui, grâce à la presse, est devenue le héraut attitré, par contre, d’autres choix pour des causes non moins nobles portées bien antérieurement par d’autres personnes étaient possibles.
Je pense notamment au gynécologue congolais Denis Mukwege qui, en 2013, a reçu le prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits et qui faisait partie, cette année encore, des candidats au Prix Nobel de la Paix. En une douzaine d’années, il a opéré des dizaines de milliers de femmes violées et parfois mutilées.
A Bukavu, dans l’est de la république démocratique du Congo où il a établi son hôpital, le docteur congolais se bat inlassablement et avec courage pour soulager les femmes soumises au bon vouloir des bandes armées, des miliciens et des soldats qui utilisent le viol comme une arme de guerre. Le 25 octobre 2013, le Dr Mukwege, qui gêne certainement ceux voulant continuer à terroriser les femmes congolaises en violant sans « témoin », a échappé de justesse à une tentative d’assassinat à son domicile.
Après trois mois d’exil en Belgique, et malgré le danger, il est rentré à Bukavu, dans son hôpital, pour venir au secours des femmes violées. Son combat est unanimement reconnu à l’échelle internationale, et c’est à ce titre que je m’interroge sur le recalage du gynécologue congolais.
Le Prix Nobel de la Paix est une distinction qui implique une lourde responsabilité de la part de son récipiendaire surtout lorsqu’il s’agit d’une adolescente de 17 ans.
Ne pouvait-elle pas être gardée en repérage en attendant qu’elle grandisse, même si ses prestations médiatiques sur la scène internationale montrent une personne trop mûre pour son âge ?
Mais puisqu’elle est déjà choisie, souhaitons à Malala bon vent à travers cette mer médiatique déchainée.