UN, DEUX, TROIS... GRIEFS !
Sévère réquisitoire de Doudou Wade contre le régime de Macky Sall
C'est un long et violent réquisitoire contre Macky Sall et son régime que fait Doudou Wade, dans l'entretien grand-format qu'il nous a accordé. L'ancien président du groupe parlementaire des libéraux était sans concession.
L'actualité récente, c'est la confirmation du verdict de la Crei par la Cour suprême condamnant Karim Wade à 6 ans de prison ferme. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Je vous remercie de votre question, et vous dis, tout de suite, que ça n'a jamais été une surprise pour moi, si vous m'avez suivi depuis. D'abord, très souvent, je prends l'exemple de mon cas personnel. J'ai été convoqué à la Crei, où j'ai été retenu pendant des heures. Le surlendemain, j'ai retrouvé tout le procès-verbal dans la rue. Et dans une émission télévisée, j'ai dit que le gouvernement était un gouvernement de menteurs. Nous étions dans un État de menteurs, pour la simple raison que je ne pouvais pas disposer de 500 millions de francs dans mon compte. Mon compte était à ce jour de moins de 100 000 francs. Et pour dire que je n'ai jamais eu 500 millions dans mon compte, j'ai pris comme témoin Amadou Kane qui était ministre des Finances et qui avait effectivement des possibilités, en tant qu'ancien directeur de la Bicis et ancien de la Bnp, de connaître l'évolution de mon compte.
Tout ça était parti d'une situation politique, et le Président Macky Sall se devait, comme il l'avait dit aux États-Unis, de prendre sa revanche sur le Pds. Après, quelles armes ? D'abord, la Crei. La Cour de répression de l'enrichissement illicite est une Cour d'exception, de renversement de la charge de la preuve. On vous prend, on vous dit que telle chose vous appartient, prouvez-le. La première mise en demeure de Karim Wade devait durer 6 mois, après 6 mois, la Cour est obligée de vous libérer ou de vous mettre en détention. On avait déjà dépassé de 4 heures ou 3 heures de temps, parce qu'autour de 3 heures du matin, on avait dépassé les 6 mois, c'était la veille de la Tabaski, et on a servi une 2e mise en demeure. Malgré cela, on a envoyé des commissions rogatoires. Vous vous rappelez cette fameuse déclaration de Félix Sow (ndlr : un des avocats de l'État) : "Nous avons trouvé quelque part plus de 300 et quelques milliards, il suffit de nous donner de l'argent, nous allons les prendre". Au finish, qu'est-ce qu'il nous dit, Félix : "J'ai perdu mon ordinateur, c'est là où il y avait les données". On ne lui demandait pas des données, on lui demandait de satisfaire à sa déclaration d'aller trouver de l'argent.
Est-ce à dire que c'était du toc ?
A ce jour, il n'y a aucun franc qui a été trouvé dans un compte appartenant à Karim qui semblait être de l'enrichissement illicite. On avait parlé d'appartements, d'avions. Ces mêmes avions ont été utilisés pendant ce magistère de Macky Sall qui se déplaçait par des avions privés. Par conséquent, c'est ça les faits. Maintenant, on a eu à se référer à certaines institutions. La Cour de justice de la Cedeao a eu à se prononcer sur l'affaire Karim Wade, pour dire que sa détention était arbitraire, et que la présomption d'innocence n'a pas été respectée. Malgré cela, il a été condamné à 6 ans de prison, et nous avons eu à nous pourvoir devant les juridictions internationales, notamment l'Organisation des Nations-unies, qui a eu à se prononcer sur question.
Et le Groupe de travail dit que la détention était arbitraire, le Sénégal se devait de réparer le préjudice subi par Karim Wade. Comme nous sommes dans un pays d'anormalités, le ministre de la Justice, Sidiki Kaba, qui était un avocat de Bourgi, qui a eu à faire des dépositions pour Bourgi, pour dire que son client n'était coupable de rien, et que la Crei n'était pas un tribunal, mais une cour d'exception, ce même Sidiki Kaba s'est adressé au Groupe de travail sur les prisonniers de Guantanamo pour demander leur libération, et c'était des éléments d'Al-Qaïda. Alors, par conséquent, la Crei, ayant pris une décision pour condamner Karim Wade, la Cour suprême n'a fait que consolider l'orientation prise par l'État et par Macky Sall de condamner Karim Wade à une peine de prison.
Maintenant que la Cour suprême a débouté Karim Wade, vous allez internationaliser le combat ?
Oui. C'est parce qu'il y a des traités internationaux, des conventions sur le plan international, en droit international, qui ont été signés par le Sénégal. Et le Sénégal est obligé de les respecter. Par conséquent, nous continuons la bataille sur ces organisations pour voir si le Sénégal est disposé à continuer à violer allègrement les conventions qu'il a signées et à refuser de respecter le droit, notamment le droit international. Cette démarche va continuer. Et comme c'est une situation politique, je pense qu'il faut une réponse politique.
Jusqu'où le Pds pourrait aller dans son combat face à ce régime ?
D'abord, informer les Sénégalais. Et ça, nous l'avons déjà fait, et continuerons à le faire, pour faire découvrir aux Sénégalais le vrai visage du régime de Macky Sall, par le manque de vision qu'il y a eu, où on a traîné de 2012 à 2014 : mensonges d'État, falsification des faits, reniements à ses propres actes. Il n'est pas possible pour Macky Sall de renier tout ce qu'il a fait avec nous, de 2000 à 2017. Le reniement de l'histoire.
Le regret que j'ai, et la question fondamentale que je pose, c'est pourquoi le Président Macky Sall renie son passé ? Il a dit un jour que les infrastructures ne sont pas importantes, ce ne sont pas sa priorité. Alors que, sur instruction de Wade, quand nous avons abordé l'installation d'infrastructures de nouvelle génération, ce qu'on appelle le passage Cyrnos, c'est Macky Sall qui était là. Mais, nous pouvons aller jusqu'à l'atteinte de nos objectifs. L'atteinte de nos objectifs, c'est de récupérer nos droits qui ont été confisqués, de reprendre le pouvoir des mains de Macky Sall et de réinstaurer un pays qui marche à l'endroit.
Justement, que répondez-vous à vos frères de parti réformateurs du Pds qui exigent le renouvellement des instances du parti pour pouvoir faire face à ce régime ?
Avec Modou Diagne Fada, je ne discuterai pas des problèmes du parti par presse interposée. Ce que je sais, et je l'ai déjà dit dans la presse, quand, nous, et un certain nombre de personnes, nous disions qu'il fallait revoir le parti dans ses orientations, dans ses objectifs majeurs, dans son organisation et dans son renouvellement, Modou Diagne Fada était contre. Qu'est-ce qui a changé entre-temps ? Je ne le sais pas. Mais, je me rappelle encore de ce séminaire, ils étaient tous là-bas. Tous ceux qui sont avec lui, et tous ceux qui sont avec nous, ont su qu'à un certain moment, on a commencé à le faire, mais ce que je sais, c'est que c'est le vœu de tous les militants du parti.
Mais, il fallait choisir le bon moment pour se tourner vers la vente des cartes, la mise en place des structures du parti, le renouvellement de nos instances. Et c'est pour cette raison que certains disent que la situation n'était pas prête pour cela à cause des différentes personnes qui étaient en prison, et il était, effectivement, difficile de lier ces deux combats. Devant ces difficultés, vous êtes obligé de préférer une voie que l'autre. Mais, nous n'avons pas de divergences sur la réorganisation du parti. Et d'ailleurs, les réformateurs sont partout. Ils sont avec lui, mais ils sont aussi avec nous. Mais, c'est le travail effectif qui a été fait à ce jour. Le jour où il appelait à cette réforme, certains qui sont chez nous, étaient beaucoup plus avancés. D'ailleurs, Modou Diagne Fada a dit qu'il n'a pas été à l'origine, il n'a pas été initiateur de ce mouvement. Les gens ont fini, et sont venus lui dire : venez présider le mouvement. C'est assez indicatif.
Pensez-vous réellement que Pds peut survivre à Me Abdoulaye Wade ?
Vous savez, le Pds survivra à Me Abdoulaye Wade, comme le Ps a survécu à Senghor et à Abdou Diouf, comme nous-mêmes, on a survécu après le décès de nos grand-père, de nos pères. C'est une organisation sociale, c'est une organisation d'hommes et de femmes qui sera dirigée par un homme ou une femme dans ses orientations, dans son vécu, et en fonction des moments et des circonstances dans lesquelles on se trouvera. Le Pds survivra, et survivra après Wade. Maintenant, la question qui va se poser, qui se pose certainement, c'est : est-ce que le Pds entre les mains de Doudou Wade ou d'une autre personne, le Pds sans Wade au front, est-ce qu'on peut avoir les mêmes résultats ? C'est ça la grande question. Est-ce qu'avec Diouf, avec Senghor, avec Ousmane Tanor, on a les mêmes résultats ? Ça dépendra des hommes. Est-ce que la situation du Ps, aujourd'hui, qui se trouve dans ce cas précis, après Diouf et Tanor, est-ce que nous avons la même forme d'organisation ? Est-ce que le Ps a la même efficacité ? C'est ça que nous cherchons, à avoir une efficacité meilleure que celle que nous avons trouvée au Ps qui se trouve, aujourd'hui, dans une situation extrêmement compliquée à cause de sa direction. Est-ce que nous sommes capables, nous, de procéder à une organisation telle que nous puissions choisir les meilleurs hommes pour diriger notre parti. Mais, le Pds survivra.
Ne craignez-vous pas que le Pds vole en éclats, après Me Abdoulaye Wade ?
Es-ce une nouveauté ? Mais, ce n'est pas du nouveau. C'est des choses que nous avons déjà vues. Pourquoi s'inquiéter ? Je ne m'en inquiète pas. L'essentiel, c'est que ceux qui sont dans l'organisation politique et qui resteront dans le parti, soient capables, se mobilisent, pour continuer le parti. Combien de personnes ont quitté le Pds pour d'autres partis ? Combien de personnes ont quitté le Ps pour d'autres partis ? Combien de personnes ont quitté l'Afp pour d'autres partis ? Mais, tout dépend des circonstances dans lesquelles on se trouve placé et des hommes qui sont chargés de diriger le parti. Et pour ces hommes, il faut qu'ils aient la conscience et l'ambition, et les valeurs du parti, pour savoir qu'un parti, c'est d'abord un instrument de bataille politique, un instrument de conquête du pouvoir, une organisation sociale. Mais, si on veut diriger un parti pour le monnayer après, je dis que le parti ne disparaîtra pas, mais sera très faible.
Que répondez-vous à l'ancien bâtonnier, Me Yérim Thiam, qui a récemment disqualifié de nouveau Karim Wade dans la course à la Présidentielle à cause de sa double nationalité ?
Est-ce qu'on ne peut pas renoncer à sa nationalité ? Si lui, Me Yérim Thiam a renoncé à sa nationalité, pourquoi il le refuserait à Karim ? Il (Me Yérim Thiam) est né français ou sénégalais. Ce n'est pas sérieux.
Quel regard jetez-vous sur la situation économique du Sénégal que d'aucuns qualifient de critique ?
Écoutez, une crise économique, tous les gouvernements du monde peuvent la traverser. Nous avons vu les crises économiques en 1970, en 1974, avec la sécheresse, la dernière, c'est en 2008. Ce qui compte, c'est quels sont les hommes et les femmes qui, face à cette crise, tiennent les destinées de la nation, c'est-à-dire par son gouvernement et par le président de la République. Mme Fatou Sow Sarr se posait la question de savoir que font certains hommes dans ce gouvernement. C'est une question qui a été posée par une grande intellectuelle, professeur de son état, enseignante dans les universités et sollicitée par le monde, et qui n'est pas partisane. C'est ça l'intérêt. Alors, quand une telle personne se pose la question, il est important de s'arrêter pour essayer de répondre à cette question.
C'est parce que, simplement, moins d'un an, après l'arrivée de Macky Sall, c'est le Premier ministre Abdoul Mbaye qui disait qu'il était obligé de faire un remaniement, parce que le gouvernement était inefficace et inefficient. Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est le chef d'équipe qui le disait. Moins d'un an après, il est limogé du poste de 1er ministre. Le président de la République est arrivé au pouvoir par un programme qui s'appelle le "Yonnu yokkute". Dans le rapport économique et social de 2013 et de 2014, il n'est pas apparu, une seule fois, dans ces textes fondamentaux de conduite de la nation, le Plan Sénégal émergent (Pse). C'est d'abord la Stratégie nationale de développement économique et sociale en 2013 par Amadou Kane, et en 2014, le président de la République fait une sortie pour dire qu'il se rend compte, après deux ans que le "Yonnu yokkute" ne pouvait pas faire évoluer le Sénégal.
Quelle est la conclusion que vous en faites ?
C'est un aveu d'échec. Deuxième aveu d'échec. Cela veut dire quoi ? Il a fallu attendre deux ans, en février 2014, pour aller créer le Plan Sénégal émergent. Cela veut dire que nous avons fait deux ans de retard pour un pays où les gens n'ont rien fait, parce qu'ignorant la voie à choisir. Et deux ans, c'est important pour la marche d'un pays comme le Sénégal, c'est peu pour un gouvernement qui connaît sa voie. Mais, c'est trop pour un Président qui ne connaît pas sa route. On nous a fait des annonces extrêmement importantes pour nous donner. Dans le Pse, ce qui est important, c'est les taux de croissance, tout le reste n'est pas important. On nous a donné des taux de croissance en 2014, en 2015, et tous ces taux de croissance n'ont pas été atteints. Vous prenez le Pse, vous regardez les taux de croissance annoncés par le Président Macky Sall, ces taux de croissance n'ont pas été atteints.
Ensuite, le Président, lui-même, dans l'analyse économique qu'il nous fait très souvent, nous dit, dans le discours du 31 décembre, que jamais au Sénégal, depuis 2005, on a atteint un taux de 4,5%, alors que ces propres statistiques, comme les statistiques de la Banque mondiale, de la direction de la prévision, donnait 4,9% qu'on a déjà atteint. Mais, il faut reconnaître que nous étions passés parfois à quelques fois 6%. Mais l'essentiel, ici, c'est que le Pse a fixé des taux de croissance. Regardons ce qui s'est passé en 2014, et ce qui se passe en 2015.
En 2014, il devait être à 5%. Cela veut que le Pse ne sera pas un Sénégal émergent, mais un Plan Sénégal endetté. Et pour cela, il faut aller vérifier la situation de la dette publique au Sénégal et l'encours de la dette, et les services de la dette au Sénégal, il n'y a pas de grandes difficultés sur ça. Il est vrai qu'il y a une progression des recettes budgétaires, le ministre des Finances l'a dit récemment : progression des recettes budgétaires au 1er semestre. Mais, il dit que les objectifs n'ont pas été atteints. Mais, ce qui nous intéresse, ce n'est pas la progression, c'est une progression qui fait que les prévisions soient atteintes. Mais, s'il y a, effectivement, une amélioration sur les recouvrements, est-ce que les prévisions faites sur le plan du coût ont été atteintes. Non. C'est pour cette raison que le ministre a dit à la Douane :
"Je ne suis pas satisfait des résultats". Et il s'est même posé dans un discours un problème de contradiction entre les deux corps, les impôts et la Douane. Ce n'est pas parce qu'on a progressé, mais il faut tout simplement reconnaître que le budget du Sénégal est passé de 19 milliards en 1960 pour atteindre 1889 milliards, d'après les études qui ont été faites après les 8 ans de Wade, en 2010. Cela s'explique par notre politique budgétaire. Il est même dit que les recettes cumulées de 1960 à 2000 sont inférieures aux recettes cumulées de 2000 à 2010. C'est-à-dire qu'en 10 ans, on a eu des recettes budgétaires supérieures au cumul des recettes en 40 ans. Maintenant, le problème qui se pose, c'est : qu'est-ce qu'on en fait ? Et qu'est-ce qu'on finance ? Est-ce que le gouvernement de Macky Sall a respecté ses promesses. D'abord, sur la dette. Sur la croissance économique, ce n'est pas respecté. Sur la dette, ce n'est pas respecté. Du point de vue économique, nous n'avons pas les résultats escomptés.
Mais, il y a eu, quand même, la baisse des impôts sur les salaires…
Des hommes comme Amadou Ba ne savent pas restituer la vérité. J'ai un article, ici, qui a été fait le 18 juillet 2011 - ça, c'est avant l'arrivée de Macky Sall au pouvoir - qui dit : "Une bonne nouvelle pour les travailleurs. Il est prévu la baisse des impôts sur les salaires, selon le Secrétaire général de la Cnts, Mody Guiro. Qui ira jusqu'à hauteur de 25 milliards". Et la presse disait que le Président Wade l'avait acceptée pour des motifs électoraux. Il est important à ce qu'Amadou Ba dise que ce travail a été fait avant et que le Code général des impôts a fini d'être élaboré par l'ancien régime. Et d'ailleurs, c'est ce que reconnaît l'inspecteur des impôts, El Hadji Ibrahima Diop, qui disait en 2012, que ce travail a été commencé, il y a plus de 2 ans.
Sur le téléphone, il y a un article qui a été fait en 2011, sur la mise en place de la téléphonie de l'État, qui expliquait comment l'État du Sénégal allait faire des bénéfices de 4 milliards de francs à partir de 2011. Et les tests ont été faits à partir de certaines structures de l'État, notamment avec les gouverneurs de Thiès, Ziguinchor et Tamba. Comment se fait-il qu'on ne puisse pas reconnaître cela ? C'est à dire que c'est un travail qui a été fait par nous et qui a été finalisé par Wade. Le reste, c'est de ne pas dire aux Sénégalais la vérité, quand cela concerne leur vie.
Vous prenez le cas des mutuelles. Vous pensez qu'elles sont gratuites ? La Couverture maladie universelle (Cmu) ? Non. Voici un document fait par le ministre de la Santé qui est un contrat. Un contrat entre l'État du Sénégal et les prestataires des services, et/ou un hôpital ou un centre de santé. Et on nous dit que les frais couverts par la présente convention sont les tickets de consultation au poste de santé et les journées d'hospitalisation au maximum une semaine. Vous pensez que dans tous les centres de santé, il y a un lit ? Et la consultation, c'est quoi ? C'est 300 francs. Si vous ne passez pas par le centre de santé, vous ne pouvez pas être référé au niveau du centre de l'établissement public de santé. Et là aussi, on vous précise que les tickets, la prestation couverte, sont : les tickets de consultation des enfants en urgence - donc, ce n'est pas tout le monde - vous savez ce que veut dire une urgence médicale ?
Et ensuite seulement les tickets de consommation et on vous précise que les médicaments ne sont pas pris en charge. C'est de l'arnaque. Et on nous dit Couverture maladie universelle. Mais, il faut aller au-delà du mot, de l'appréciation du mot Cmu, entre les dispositions qui régissent les utilisateurs et les centres hospitaliers. Nous sommes encore devant un mensonge d'État.
C'est la même chose qui se passe partout, même à l'université. Je dis bien que je ne cautionne pas ce qui s'est passé à l'université, mais il est important de se poser la question : pourquoi ? Il y a tellement de personnes qui passent par l'université et on ne les caillasse pas. Le Président a fait fi des avertissements qui lui étaient donnés à Ziguinchor en 2014. Il a fait fi de la marche déclenchée par des étudiants pour venir à Dakar. Le ministre de l'Enseignement supérieur ne dit que des contrevérités. Il ne pense qu'à sa personne, qu'à sa promotion. Et cet avis-là, il est partagé par ses propres collègues. Voilà la situation dans laquelle nous sommes. Je pense qu'il est important pour le Président Macky Sall de se ressaisir, et principalement de respecter le droit et de le faire respecter.
Est-ce que cela veut dire qu'à moins de deux ans de la Présidentielle de 2017, si elle se tient à cette date, le Président Macky Sall ne sait toujours pas où il va ?
Peut-être qu'il sait où il va, parce qu'il regarde et il voit où est-ce qu'il en est. En posant le problème, et en déclinant sa promesse sur la durée du mandat à 5 ans, Macky Sall démontre, indique les difficultés qu'il a rencontrées et qu'il rencontrait. C'est quoi ? Je pense qu'il a été honnête avec lui-même, quand il disait qu'il va diminuer son mandat à 5 ans. Mais, je prends en compte, le contexte dans lequel, il le disait. Pendant la campagne électorale du 1er tour, Macky Sall n'a pas parlé de la durée du mandat, ce n'est nulle part dans son programme "Yonnu yokkute". Nous savons tous que c'est à la sortie de chez Amadou Mahtar Mbow, pour pouvoir avoir les retombées du vote des partisans des "assisards", que Macky Sall s'est engagé pour signer, sans réserve, comme il le disait, les Assises nationales qu'il ne partageait pas.
A partir de ce moment, il y a eu une proposition du Président Wade, à la veille du 2e tour, pour demander aux Sénégalais de l'élire pour trois ans. A partir de ce moment, Idrissa Seck a eu un réflexe d'accepter le principe. D'aucuns même disent le Parti socialiste. Parce que certains de ses adversaires disaient qu'il était préférable de rester 3 ans avec Wade, que de rester 7ans avec Macky. Devant cette situation, Macky Sall est sorti pour faire une proposition de réduire la durée de son mandat à 5 ans. Il l'a répété à l'intérieur et à l'extérieur du pays. La promesse d'avant les élections du candidat a changé pour devenir un engagement du président de la République. Il y a une mutation. Par conséquent, il a un problème, et il doit le faire. Et il peut le faire, sans qu'il y ait de gros inconvénients, c'est possible. Je crois qu'aujourd'hui, ceux qui étaient contre la voie parlementaire disent que c'est possible.
Le professeur Ismaël Madior Fall a dit il y avait la voie royale, mais il y avait d'autres voies possibles. Le Président, aujourd'hui, sur cette question n'a pas l'aval de son parti et de son groupe parlementaire. Arona Coumba Ndoffène Diouf disait récemment dans une interview que sur cette affaire, c'est une affaire personnelle du président de la République, parce qu'il n'a demandé à personne, il n'a consulté personne. Il n'en veut plus de cette durée de 7ans, il préfère une durée de 5ans.
Mais, il est en train de calculer les conséquences du revirement par rapport à la suite de son mandat, et par rapport à un 2e mandat. Est-ce que si je conserve les 7 ans, je pourrai aller jusqu'en 2019 ? Je réponds à sa place. Et je lui dis : "Non". On ne vous laissera pas continuer le mandat jusqu'en 2019, parce que vous avez tenu un engagement, en tant que président de la République élu. Donc, cet engagement, nous vous le ferons respecter. Devant cette situation, on nous parle d'Assemblée, on nous parle de référendum. On va, peut-être, nous dire que c'est parce que ce n'est pas prévu dans le budget de 2015, c'est certain. Mais, il y a une voie plus royale.
Quelle est cette voie royale dont vous faites allusion ?
La voie la plus royale, c'est quand Macky Sall, lui-même, prend l'initiative et l'exécute. C'est-à-dire, le 31 décembre (2016), il fait un message à la nation, et il dit qu'il démissionne de son mandat de président de la République, et qu'il appartiendra au Conseil constitutionnel et au président de l'Assemblée nationale de se mettre en place pour préparer les élections dans 90 jours au maximum. En ce moment, il sera candidat, et je pense qu'il lui sera facile de gagner les élections, parce que les Sénégalais lui diront que vous avez tenu votre engagement de réduire votre mandat. Même si, par ailleurs, tous les engagements que vous avez pris sur le plan économique, les 500 000 emplois, les 500 milliards du Fonsis, la Capsu…, n'ont pas été tenus. Toutes ces structures qui ont été annoncées ont disparu. Tout ce qu'il y a de mauvais dans la gestion d'un pays se trouve dans ce Fongip-là, comme dans d'autres sociétés de la place.
On va terminer avec l'Assemblée nationale. On nous avait annoncé une Assemblée de rupture…
Avant ça, vous savez, l'Assemblée nationale est liée à l'exécutif. Je voudrais rappeler par rapport à la question qu'on vient de quitter, pour dire que Macky Sall, non seulement, il ne saura pas comment s'organiser avec ses Premiers ministres. Mais ce qui est grave, c'est qu'il ne respecte pas les dispositions de la Constitution, parce que le Président Macky Sall, la Constitution ne lui permet pas d'avoir des Secrétaires d'État. La Constitution dit que le Président nomme le Premier-ministre, il nomme les ministres sur proposition du Premier ministre et met fin à leurs fonctions. Mais, plus grave, dans le titre du gouvernement, on dit que le gouvernement est composé de : du Premier ministre, chef du gouvernement, et des ministres. Pourquoi Macky Sall s'obstine-t-il délibérément à violer la Constitution ?
Et pourtant, il y a eu des défenseurs de la Constitution. Ça fait partie des difficultés que nous avons pour rassembler les citoyens pour mener la bataille politique du respect de nos institutions, parce que tous ceux qui se proclamaient défenseurs de la Constitution sont en train de tuer, eux-mêmes, la Constitution. C'est toutes ces personnes qui se transforment, aujourd'hui, en laudateurs. C'est le cas de votre confrère qui sort un livre pour chanter les louanges de Macky Sall, alors que la Constitution est agressée. On nous nomme des Secrétaires d'État comme Souleymane Jules Diop. Ce qui explique, d'ailleurs, sa situation avec l'État, ce qui explique sa situation avec Macky Sall, ce qui explique sa situation avec le ministre des Affaires étrangères. Il n'a aucun respect pour ces gens-là. Il a déjà dit que Macky Sall n'était pas capable de diriger un service, à plus forte raison une direction. Et que ça, c'est la faute de Wade de confier des responsabilités à des gens aussi incompétents que Macky Sall. Ça, c'est Souleymane Jules Diop.
Dans ces conditions, vous ne pouvez pas avoir du respect de la part de Souleymane Jules Diop. Par conséquent, il est important que Macky Sall se ressaisisse et trouve les moyens de respecter notre Constitution dans son prochain gouvernement, en supprimant tous ces Secrétariats d'État qui ont été créés, sauf maintenant à modifier la Constitution et de dire que le président de la République nomme les ministres et les Secrétaires d'État. A partir de ce moment, je pense que nous serions d'accord.
Maintenant, sur l'Assemblée nationale…
Sur l'Assemblée nationale, je pense qu'il est important de reconnaître, aujourd'hui, et c'est reconnu. Je pense qu'il n'y a plus de quiproquo possible. Ce sont ceux qui sont à l'Assemblée nationale qui ont jugé l'Assemblée. El Hadji Diouf dit que ce sont des nullards. Modou Diagne Fada dit que c'est l'Assemblée la plus nulle de notre histoire. Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de la majorité, dit qu'il aurait aimé avoir des ruptures, mais qu'ils sont dans une Assemblée d'immobilisme. Mais, il n'y a rien à dire, et on ne peut avoir que cela.
Ensuite, dirigée par une personnalité politique, certes, qui a eu un passé, mais qui est d'un antiparlementarisme sans précédent. Les ruptures qui étaient annoncées sont-elles là ? Prenez le cas du règlement intérieur. Voici les nouvelles dispositions du règlement intérieur et le rapport final du processus de modification du règlement intérieur qui a été fait en 2011 avec l'union européenne. On le laisse de côté, qu'est-ce qu'on fait ? On modifie simplement le nombre de personnes qu'il faut pour avoir un groupe parlementaire et pour ramener la durée du mandat de 1 à 5 ans. Et là, il faut ouvrir la parenthèse. Moustapha Niasse avait déjà dit dans vos colonnes qu'il ne voterait pas cette loi, quand la proposition de loi a été déposée par Oumar Sarr.
Ensuite, pourquoi a-t-on attendu 4 ans - parce que c'est en octobre qu'on va aller aux renouvellements du bureau ? Le prochain président sera élu pour le reste du mandat, mais ce n'est pas pour 5 ans. Il ne sera pas élu pour 5ans, mais il sera élu pour le reste du mandat. Effectivement, la loi Sada Ndiaye a été une bonne loi. On ne peut pas dans une assemblée pareille, où aujourd'hui, il y a une modification budgétaire. L'ensemble des dépenses de l'Assemblée sont mis dans le compte de transfert. Vous avez un président de l'Assemblée qui a une caisse noire, vous avez une commission de comptabilité à qui on refuse le contrôle de l'Assemblée. Et vous voulez laisser ce président d'Assemblée pour 5 ans, c'est injuste. La meilleure situation, c'est d'élire le président de l'Assemblée nationale pour un an, et à chaque fois de besoin, assurer le contrôle et savoir si ce président-là, a eu à atteindre les résultats qui lui ont été assignés dans la gestion de l'Assemblée nationale.
Toutes les propositions de loi, sauf celles qui sont faites pour bâillonner l'opposition, où sont-elles ? La proposition de loi sur la peine de mort, il y a d'autres propositions qui ont été faites, le président s'assoit dessus. Sur le code de la presse, le président du groupe parlementaire nous disait que le président de la République en visitant la presse en ligne, a dit que le code va bientôt passer. Dans une première déclaration, le Président dit qu'il n'y croyait pas, mais qu'il a été convaincu par Abdou Latif Coulibaly. Mais, ça fait 3 ans et demi. Sa dernière sortie, c'était de dire est-ce qu'il faut des journalistes avec de la responsabilité ? Est-ce qu'il faut continuer à laisser les journalistes dire ce qu'ils veulent ? Avec Macky Sall, nous irons vers la situation égyptienne, où il est interdit au journaliste d'avoir une position contraire à celle de l'État. Par conséquent, il n'y a pas de rupture du tout à l'Assemblée nationale. A la limite, c'est une Assemblée inutile.