UN DISCOURS RASSURANT MAIS SANS VISION
LA DPG DE MIMI TOURÉ : ABSENCE DE CONTEXTUALISATION DES PROJETS ALIGNÉS À LA QUEUE LEU LEU COMME UN CATALOGUE DE BONNES INTENTIONS
La déclaration de politique générale du Premier Ministre, Mme Aminata Touré a été globalement réussie. A vrai dire, on n’en attendait pas autant, d’elle. En effet, l’exercice nous paraissait trop délicat, pour un ministre qui a eu jusqu’ici du mal à remplir correctement ses missions de Garde des Sceaux. Impulsive, autoritaire, entêtée et surtout peu convaincante dans son système argumentaire, l’ancien ministre de la Justice ne présentait pas, loin s’en faut le meilleur profit pour le poste de premier ministre, animateur de l’équipe gouvernementale. Cette déclaration de politique générale lui offrait donc une bonne occasion pour convaincre les sceptiques et autres dubitatifs. Au final, l’impression est globalement bonne après ce grand oral, exceptionnellement long. Plus de dix heures d’horloge de marathon !
La lecture du texte a été presque parfaite. A défaut d’être séduisante, la tonalité n’est pas moins acceptable. Et les réponses marquées du sceau de la correction et de la cordialité, assez remarquables. Le Premier ministre n’est pas tombé dans le piège de la polémique que lui préparaient certains adversaires. Et puis, son dada, la traque des biens mal acquis ne constituait pas l’essentiel de ses propos. Elle n’a été qu’effleurée, par une phrase sibylline, intelligemment balancée, toute acquisition d’argent ou de richesse doit être légale. Elle s’est donc voulue résolument positive, en présentant des projets concrets, financièrement estimés et socialement bien ancrés dans les attentes des populations. Même si leur impact n’est pas structurant et pérenne.
Absence de vision
Cependant, il faut tout de même noter l’absence de contextualisation des projets alignés à la queue leu leu comme un catalogue de bonnes intentions. Il est vrai que certains parmi les projets annoncés ont déjà trouvé début d’exécution, la bourse sociale, la couverture médicale universelle, la lutte contre le chômage, et certaines mesures en faveur de l’agriculture, la réduction de la dette publique. N’empêche, faute d’avoir fait le point sur la situation économique réelle, par un état des lieux exhaustifs de nos principaux agrégats, le Premier ministre a déroulé une litanie de propositions dont on se demande où elle va trouver les financements.
Personne ne doute effet, de la pertinence des choix économiques et sociaux qu’elle a faits. Seulement, il lui faudra bien convaincre de leur faisabilité et de la crédibilité des délais présentés qui butent pour la plupart sur 2017… date de la prochaine élection présidentielle. Le caractère court-termiste de son discours en constitue la faiblesse majeure, tant cette déclaration manque de vision à moyen et long terme. Mme Touré a davantage donné dans l’urgence, comme pour éteindre l’incendie que dans une approche stratégique, seule capable de résoudre structurellement les problèmes. C’est un discours de circonstance qu’on peut comprendre, rapport aux diligences du moment. Mais force est de constater que pilotage à vue risque de ne pas nous mener loin.
Les grands dossiers zappés
On n’a pas senti les stratégies de politiques publiques sur des secteurs sensibles comme l’industrie, les mines, l’accès à l’eau et aux énergies, l’éducation et l’enseignement supérieur privé, complètement zappé. A l’heure où quatre universités sénégalaises, BEM, ISM, IAM et Sup Déco font partie des 10 meilleures Business School, d’Afrique d’après le dernier classement de Jeune Afrique, cette omission est gravissime. On pourrait en dire autant du développement durable et de l’emploi des jeunes, des valeurs démocratiques, de l’économie numérique, entre autres. Il ne suffisait que d’un discours de synthèse d’une heure et demie pour tracer ces axes stratégiques avec une mise en perspective plus intelligente. La longueur d’un texte ne fait pas toujours sa qualité. Bien au contraire.
En somme, si le Premier mInistre s’en est bien sorti, elle est au moins attendue sur ses promesses. A moins qu’elle ne considère que celles-ci n’engagent que ceux qui y croient. Le dispositif de surveillance et de pilotage et d’évaluation de ces projets mis en place à la primature comme dans les ministères laissent entrevoir une réelle volonté à aller jusqu’au bout de ses engagements. Acceptons-en l’augure.