''UN MANDAT PRESIDENTIEL DE SEPT ANS, MAIS UN SEUL.''
EXCLUSIF SenePlus : MAMADOU NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DE LA LD
Le nouveau secrétaire général de la Ligue démocratique est, ‘’à titre personnel’’, contre une réduction du mandat de Macky Sall. Il préfère son maintien à 7 ans, mais propose qu’il ne soit pas renouvelable. Dans la deuxième partie de l’entretien accordé à SenePlus, Mamadou Ndoye évoque les réformes institutionnelles promises par le chef de l’Etat.
Qu’attendez-vous de la commission des réformes institutionnelles dirigée par Amadou Makhtar Mbow ?
Je mets les réformes institutionnelles dans le cadre du développement. Je ne sépare pas les réformes institutionnelles du développement, je ne les sépare pas, non plus, de la démocratie. Donc si on veut poser sérieusement les réformes institutionnelles, la première chose, c’est de voir comment ces reformes vont être au service de l’approfondissement de la démocratie sénégalaise. Deuxièmement, voir comment ces réformes vont être au service de notre programme ou de notre projet de développement. Ce sont les deux questions fondamentales.
Pour l’approfondissement de la démocratie, quelles sont les réformes pertinentes à apporter ?
La démocratie participative doit prendre le pas sur la démocratie représentative, la décentralisation doit être au service du développement, l’Exécutif ne doit écraser ni le Législatif ni le Judiciaire. Donc, nous devons avoir un équilibre institutionnel. Alors, si nous arrivons à équilibrer les institutions, ça va nous permettre du point de vue démocratique d’avoir le jeu des pouvoirs et des contre-pouvoirs nécessaires à une démocratie véritable. C’est ce à quoi je suis favorable. Je suis également favorable à des institutions capables de donner une justice indépendante, des institutions capables de donner aux citoyens un service public efficace. Aujourd’hui, quand un travailleur veut avoir une pièce d’état civil, combien de temps il va courir pour l’obtenir ? Il laisse son boulot pour courir derrière une administration afin d’obtenir une pièce d’état civil. Je prends cet exemple, mais on peut en prendre mille autres.
La réduction de 7 à 5 ans du mandat du chef de l’Etat devrait être prise en compte dans le paquet de réformes. Que pensez-vous de cette promesse de campagne que Macky Sall compte respecter ?
Je n’ai pas discuté avec mon parti pour qu’on arrête une position commune. Je donne une position tout à fait personnelle. Je préfère un mandat de 7 ans, mais un seul. Vous avez le temps nécessaire de travailler et vous ne pensez pas à un deuxième mandat. Mais les débats, les compromis peuvent amener à autre chose mais moi, c’est ce que j’aurais choisi aussi bien pour le président de la République que le président de l’Assemblée nationale. Ainsi on aurait les élections présidentielles et législatives en même temps.
Quelles sont les réformes économiques nécessaires pour placer le Sénégal dans le peloton des pays émergents ?
Le Sénégal, comme le reste de l’Afrique, est au fond du classement mondial, en termes de développement. Si nous n’arrivons pas à l’accélération, on ne peut pas parler d’émergence. Aujourd’hui, nous restons autour de 3, 4 et 5% de taux de croissance économique. Il n’y a aucun avenir d’émergence avec ça. Les pays émergents ont des taux de croissance proches de deux chiffres. Et ils le mènent dans la durée pour pouvoir devenir émergents. Nous sommes très loin de ça. Donc, nous avons un devoir de créer de nouvelles conditions.
Lesquelles ?
Certains disent qu’il faut pousser l’agriculture. Bien entendu, il faut pousser l’agriculture, mais qu’est-ce que c’est pousser l’agriculture. Avons-nous la maîtrise de l’eau ? Avons-nous mobilisé la recherche scientifique pour les innovations nécessaires ? Avons-nous mobilisé une industrie capable, en amont, de donner le matériel agricole qu’il faut ? Avons-nous commencé à faire la diversification économique, qui est indispensable à l’accélération ? Il n’existe aucun pays émergent où il n’y a que l’agriculture qui joue. L’émergence exige la diversification économique. Cette diversification permet la transformation structurelle. Et pour y arriver, il faut augmenter la part de l’industrie et des services modernes. Il faut aussi que nous ayons, dans les domaines où nous avons des avantages comparatifs, de pouvoir faire plus.