UNE CHANCE POUR REDORER LE BLASON DE L’ÉCOLE SÉNÉGALAISE ?
LES ASSISES DE L’ÉDUCATION

Plombée par des défis de toute nature, le Sénégal s’engage de nouveau dans des Assises avec l’espoir de refonder son système éducatif. Les acteurs de l’Education se retrouvent dans un vaste et ambitieux chantier qui est de loin plus difficile et plus complexe que celui des Etats généraux de l’éducation et de la Formation de 1981 et les Concertations de 1993. Pour cause, ni le contexte, ni les acteurs, encore moins les défis ne sont plus les mêmes.
En effet, contrairement à ces deux grandes dates marquantes de l’histoire de l’Ecole Sénégalaise post indépendance, celle de 2014 à cause de la nouvelle dimension de la mondialisation qui assigne à l’éducation de nouvelles urgences marquées par l’innovation et la compétitivité, ne leur ressemble nullement. A cette différence s’ajoute la rupture annoncée par la nouvelle alternance politique dans la gestion de tous les secteurs de l’Etat, y compris l’éducation, un secteur nodal sans le développement duquel probablement l’émergence du Sénégal risque d’être différé pour longtemps. Même si à regarder de près, l’éducation ne constitue pas la priorité des priorités du Programme Sénégal Emergent (Pse). Un pays ne peut cependant pas se développer si le type de citoyen formé par son Ecole n’est pas apte à marcher au rythme d’un monde changeant et s’il n’est pas capable de faire face aux nouvelles exigences scientifiques, techniques et technologiques.
Autrement dit, un citoyen apte à accéder à la nouvelle culture et civilisation universelles, parce que producteur et non importateur de besoins et services nouveaux de sa communauté voire de son pays. Mais ni la qualité ni l’équité, encore moins la performance et la gouvernance actuelles de l’Ecole sénégalaise ne répondent aujourd’hui à de telles exigences surtout dans ce nouveau contexte où plus de la moitié des élèves de l’Ecole de base ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer.
Les enseignants mal formés, les infrastructures scolaires insuffisantes et les curricula en mal de pertinence.
Mais aussi une Ecole qui vit dans des conflits permanents. Refonder l’Ecole sénégalaise dans un tel contexte suppose de la part des acteurs, comme l’a si bien dit le Pr Abdou Salam Sall, Président du Comité de pilotage des Assises de l’Education, mardi 15 avril dernier au Cices, lors du lancement des travaux des sept commissions thématiques, d’être à la fois “ audacieux, responsables et raisonnables”. Les nouvelles orientations de l’Ecole sénégalaise refondée requièrent non seulement un consensus mais une bonne dose d’adaptabilité à notre croissance démographique et à notre réalité linguistique.
Et il est grand temps certainement que nos langues nationales participent comme dans les pays réellement émergents d’Asie ou ailleurs en Amérique Latine, à l’éducation des enfants Sénégalai afin de mieux dompter la science, la technique et la technologie, les véritables clés de l’émergence. Il s’agira donc au sortir de ces Assises de rompre avec l’inertie qui a toujours pris le devant sur le mouvement au Sénégal, comme l’a souligné pour le regretter, le doyen Amadou Ndéné Ndaw.
A l’en croire, au Sénégal on réfléchit beaucoup mais on agit peu. Ceci pour dire que comme en 1981 et en 1993, les Sénégalais réfléchissent encore une fois sur le devenir de leur , mais sans aucune garantie que les résultats auxquels ils aboutiront seront appliqués. Et si tel devait être le cas, la rupture va être un vain mot pour l’Ecole.