UNE COHABITATION BIEN DIFFICILE
SENCHIM ET LA CITÉ FAMARA IBRAHIMA SAGNA DE THIAROYE/MER
Relations problématiques ou conflit latent entre la Cité Famara et l’usine Senchim. Une vraie poudrièreaux conséquences graves pour la zone de la banlieue.
Située à la lisière de Thiaroye sur mer et Thiaroye Gare, la Cité Famara Ibrahima Sagna "n’aspire" plus l’odeur d’une brise de mer. Cela, depuis l’installation au cœur de leur quartier de l’usine chimique de Senchim.
En effet dès l’entrée au quartier, la respiration est fortement gênée par une succession d’exhalaisons sulfuriques. Il faut impérativement se pincer le nez avec un mouchoir pour prétendre aspirer de l’air pur. Les riverains exposent leur colère.
Bamba Sagna étudiant, se confie : "On a attrapé toutes sortes de maladies respiratoires. Les de cette localité tous malades. Cette usine continue de nous asphyxier. Nous ne pouvons plus vivre de cette façon. Alors, nous demandons aux autorités étatiques et locales de réagir. Car nous avons tout fait. Nous avions toujours dénoncé les conséquences néfastes que nous impose cette usine."
Pour son oncle, cette situation ressemble à un film d’horreur. Son neveu, A. Sané, a un rhume chronique" à cause des produits chimiques de l’usine Senchim. "Mon neveu a attrapé un rhume chronique. Et cela est dû aux vapeurs que l’usine de Senchim dégage dans l’atmosphère.", a-t-il déclaré.
La cohabitation entre l’usine Senchim et les habitants de cette Cité est acide. C’est une poudrière qui risque d’exploser à tout moment. Les conséquences sont néfastes à toute la banlieue les populations ont tout essayé pour protester contre cette anomalie : marches, sit-in, alertes et autres, mouvements d’humeur. Rien n’y fait. La situation perdure. Et il y’a juste quelques jours, les habitants ont repris "parole".
"Les responsables de l’usine font la sourde oreille. Ils savent bel et bien que leurs produits provoquent des conséquences néfastes sur la santé des populations. Je vis ici depuis mon jeune âge. Et ce sont les mêmes dégâts que cause cette industrie sur notre quotidien. Nous n’accepterons plus ça. Alors si les autorités ne réagissent pas, nous saurons quoi faire", martèle Moussa Fall un habitant de la localité.
Les habitants dénoncent la prévalence d’autres affections comme l’irritation des yeux, des narines, de la gorge, des maux de tête, des allergies, des éternuements répétitifs, des pertes d’appétit et des insomnies, entre autres pathologies causées par cette usine. Mais, il y a une coïncidence troublante. Car soutient le jeune enseignant:
"Les pathologies sont apparues dans notre localité depuis l’installation de l’usine. Les résidus sont drainés par l’air et les eaux usées ou stagnantes à cause de la gestion défectueuse à l’intérieur de l’usine, aggravée par les inondations et l’exiguïté des locaux. IL y’a aussi l’absorption répétée des produits, même à doses minimes, qui constitue un risque réel pour notre santé lance-t-il désespéré.
Alla Dieng, directeur délégué de Senchim : "Des accusations non fondées"
Accusée de tout bord par les habitants de la Cité Famara Ibrahima Sagna de Thiaroye/Mer d’être la cause de tout leur malheur, l’usine Senchim par la voix de son directeur délégué M. Alla Dieng dément ces allégations. Pour lui les produits ne portent nullement à la santé des populations environnantes. Il rejette également toute idée de délocaliser l’usine.
LE TÉMOIN : Les populations de la Cité Famara Ibrahima Sagna accusent "votre" usine, Senchim, de polluer l’air de la zone avec des conséquences graves sur leur santé.
ALLA DIENG : Mais quand on doit accuser quelqu’un, il faut s’armer de preuve palpable. Ce qui est loin d’être le cas ici. Nous n’avons refusé le dialogue. Le secteur industrie a ses avantages et ses contraintes. Et qui dit industrie, dit production de déchets. L’un ne va jamais sans l’autre. Tout dépend de la capacité à neutraliser ou à minimiser les effets. Mais, on peut quand-même montrer une certaine volonté de supprimer ces nuisances ou à la limite les réduire. Et les principales nuisances que nous avons avec ces produits, ce sont des nuisances olfactives. Dès que des gens sentent une odeur, ils pensent que ça peut porter atteinte à leur état de santé alors que tel n’est pas le cas. On a entendu toutes sortes d’extrapolation. Alors que tout ça est faux. Nous comptons dans notre personnel une dizaine de jeunes dames mariées. Nous tenons également un restaurant. Et s’il y avait le danger de pollution, nous ne nous y rendrions pas.Nous respectons toutes les normes de production, de sécurité et d’hygiène environnementale On a des ouvriers qui respectent toutes les normes de sécurité. Nous avons un médecin de travail qui fait des diagnostics toutes les trois semaines. Mais aucun cas n’est fait de maladie respiratoire, encore moins de décès dû à des nuisances chimiques ou autres.t état à cela n’est décelé. Dès qu’un diagnostic révèle une anomalie, nous sommes prêts à prendre en charge tout employé en délicatesse avec sa santé ou carrément atteint par une maladie causée par nos produits. Je suis à Senchim depuis 1985. Et de 1987 jusqu’à nos jours, aucun accident n’est enregistré dans cette usine. Vraiment, je défie quiconque de me prouver le contraire
On vous accuse également de déverser vos déchets dans la Cité….
C’est impensable. Nous ne pouvons pas déverser des déchets dans leur Cité. Comme dans toute industrie, nous avons des déchets qui proviennent de nos produits mais également ceux qui proviennent des bureaux. Pour les déchets de bureau, pas problème des cars qui les transporte. Pour les déchets industriels, aucune industrie n’a le droit de les rejeter dans la nature. Nous avons eu avec l’Etat du Sénégal et d’autres industries comme la Direction de Protection des Végétaux et Okala, à traiter nos déchets. La DPV, veille au grain et n’accepterait aucun rejet sauvage dans la nature, encore moins dans les lieux d’habitation. C’est insensé de penser le contraire. Même un sac vide, on n’a pas le droit de le jeter dans la nature.
Mais n’importe qui entre dans la cité sent une sorte d’émanation ?
C’est vrai ! C’est-à-dire qu’on ne peut pas avoir une industrie sans qu’il y’ait ces nuisances. L’essentiel est que tout est contrôlé et nous demeurons vigilant pour éviter que ces nuisances olfactives ne produisent des effets graves et irrémédiables.
Ces nuisances peuvent à la longue produire des effets graves sur la santé es population. Vous reconnaissez vous-même l’existence de ces produits qui sont loin d’être neutres ?
Non, je ne pense pas. C’est-à-dire qu’il y’a dans ces pesticides une liste de produits qui est interdit par la convention d’Oxford. Cela veut dire qu’on n’a le droit ni de les utiliser, ni de les vendre ou de les garder. Cette règle s’applique à nous et nous la respectons. J’ai eu la visite du conseil technique du ministère qui n’a rien trouvé. Si ces nuisances existaient les ouvriers seraient les premiers touchés.L’Etat du Sénégal n’allait même pas fermer les yeux sur tout cela.
Beaucoup craignent le pire sur votre cohabitation avec les populations. Mesurez-vous le danger d’un accident ?
Vous savez quand on s’installait ici, la configuration des maisons était différente. Le code de l’environnement impose une certaine distance entre les maisons et l’usine. Mais, on ne peut pas interdire à un propriétaire de construire sa maison s’il détient son titre. Souvent il faut noter des défaillances des services de l’état qui donnent à tort et travers des autorisations. C’est là un ensemble de problèmes qu’il faut régler en tout premier lieu.