UNE COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME ENQUETE SUR L'ATTAQUE D'ABUJA

LAGOS, 24 sept 2013 (AFP) - La commission nigériane des droits de l'Homme a déclaré mardi enquêter sur l'attaque de vendredi à Abuja, les forces de l'ordre étant accusées d'avoir tué huit squatters non armés sous prétexte de combattre des insurgés de Boko Haram.
Les forces nigérianes affirment avoir combattu des "rebelles islamistes", lors d'"affrontements armés" qui ont également fait plusieurs blessés mais des témoins ont évoqué une simple opération contre des squatters.
Un message de sécurité émanant de l'ambassade américaine à propos de ce qui semble être le même incident suggère également que les personnes impliquées dans cet incident sont en réalité des squatters.
"Nous nous sommes saisis du dossier. Nos hommes se sont rendus sur les lieux de l'incident vendredi et ils se sont renseignés auprès de témoins et d'habitants", a déclaré Chidi Odinkalu, président le la commission nationale des droits de l'Homme, à l'AFP.
"Nous devons déterminer si le droit à la vie des victimes a été violé. La commission va se réunir cette semaine afin de faire un rapport", a-t-il ajouté.
Selon les services de renseignement nigérians, des combattants de Boko Haram auraient ouvert le feu vendredi sur des membres des forces de l'ordre qui recherchaient une cache d'armes dans un immeuble en construction derrière la résidence des parlementaires fédéraux dans la capitale nigériane.
Selon la porte-parole de la police secrète, plusieurs personnes ont été blessées et 12 autres ont été arrêtées suite à des échanges de tirs. Mais les habitants de ce quartier et des témoins ont affirmé que huit personnes squattant cet immeuble en construction avaient été tuées par les agents des forces de l'ordre.
Selon les témoignages de plusieurs blessés, des hommes en tenue militaire sont arrivés en pleine nuit et ils ont ouvert le feu.
Des médias locaux rapportent que la maison squattée appartient à un général retraité, mais cette information n'a pu être confirmée.
Un homme qui a affirmé être dans l'immeuble au moment de l'incident a raconté à l'AFP que le propriétaire leur avait donné une semaine pour partir mais que les agents de sécurité étaient revenus deux jours plus tard, en pleine nuit, pendant que les squatters, qui étaient plusieurs dizaines, dormaient.
Ce n'est pas la première fois que les forces de l'ordre nigériane sont accusées de violations des droits de l'Homme envers des civils; Mais elles ont toujours nié de telles accusations.
Les attaques menées par Boko Haram et leur répression souvent brutale ont fait au moins 3.600 morts depuis 2009, selon Human Rights Watch.
Si la version officielle était confirmée, il s'agirait de la première attaque de Boko Haram depuis plusieurs mois dans la capitale fédérale, les islamistes concentrant habituellement leurs meurtrières opérations armées dans le nord-est musulman du pays.