UNE JUSTICE À DEUX VITESSES
"Le pays a sa Constitution, ses lois, ses règlements. On n’acceptera jamais qu’une personne, quelle qu’elle soit, estime qu’elle est au-dessus des lois. Maintenant, est libre celui qui ne me prend pas au sérieux, en estimant qu’il est au-dessus de tout", a déclaré le président de la République depuis Rome où il séjourne depuis quelques jours.
Ces mises en garde de Macky Sall à l’endroit du Parti démocratique sénégalais et ses alliés qui comptent organiser un meeting aujourd’hui à la Place de l’Obélisque, traduisent une volonté du chef de l’Etat de marquer son autorité.
Mais ce rappel des principes républicains semble mettre Macky Sall en contradiction avec lui-même. Car l’impunité notée dans certains dossiers laisse penser que la loi s’applique à la tête du... client. Et la mise à sac des demeures de Moustapha Cissé Lo, vice-président de l’Assemblée nationale, par les disciples de Serigne Abdou Fatah en est une illustration parfaite. Puisque les auteurs de ce forfait, interpellés par les forces de l’ordre, ont été vite relâchés à la suite d’un intense lobbying.
Malgré l’indignation populaire, l’affaire semble être classée sans suite. Ce qui a fini de porter un sacré coup à l’autorité judiciaire. Cette indulgence à l’endroit de la classe maraboutique est aussi notée vis-à-vis de l’entourage du président de la République. On a encore en mémoire les coups de feu tirés en l’air par le député Farba Ngom lors d’une manifestation politique à Matam. Ce geste a valu au griot attitré du président de la République une convocation du procureur de Matam, Cheikh Diakhoumpa.
Malgré les "pressions" subies par ce dernier de la part de sa hiérarchie, Farba Ngom finira par être entendu. "Je vais poursuivre mon travail jusqu’au bout quitte à être démis de mon poste ou à démissionner", avait déclaré, déterminé, le procureur de Matam. Depuis lors, on n’en sait pas plus sur ce dossier.
Toujours, dans le registre de l’impunité, l’on peut évoquer les cas de malversations dont sont accusés des dignitaires de l’ancien régime. Si certains ont été inculpés et mis en prison, d’autres ne sont nullement inquiétés. Et parmi ces personnes "privilégiées", l’on peut citer l’ancienne ministre Awa Ndiaye et l’ancien patron de la Lonase Baïla Wane. Epinglés par les rapports d’audits pour leur gestion catastrophique, ces derniers viennent de bénéficier de non-lieux pour des raisons "intrigantes", comme l’a souligné EnQuête dans son édition d’hier.