''UNE LARGE CONCERTATION AVANT L'ADOPTION DU CODE DE LA PRESSE''
CHEIKH BAMBA DIEYE A L'ASSEMBLEE NATIONALE

A l’Assemblée nationale, 44 députés ont pris la parole pour évoquer divers sujets avec le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, Cheikh Bamba Diéye, lors du vote du budget de son département. Le budget est de 11.342.517.860 F Cfa contre 5.109.751.700 Fcfa en 2013.
Lors du vote du budget du ministère de la Communication et de l’Economie numérique, samedi, les représentants du peuple ont, entre autres, abordé le problème de l’économie numérique pourvoyeuse de véritables richesses, la formation des journalistes, l’aide à la presse, les radios communautaires. Mais le nœud du problème demeure le Code de la presse. Le ministre Cheikh Bamba Diéye, avec beaucoup de pragmatisme, a tranché la lancinante question du Code de la presse qui a pris une large part lors des échanges. Pour bon nombre de députés, la dépénalisation des délits de presse, comme annoncée, n’a pas sa place dans cet arsenal juridique censé encadrer la profession de journaliste.
Avec réalisme, le ministre a rappelé que ce Code, dans son essence première, est une contrainte pour les journalistes, car quiconque qui commettra une faute sera sanctionné. Concernant cette punition, les professionnels des médias avaient, à un moment donné, dit leur volonté de voir les délits de presse dépénalisé. Mais pour cette question, le ministre lance, sans ambages : « il faut une large concertation, point par point, nous allons discuter sur tous les articles du Code ». La finalité sera, avec la mise sur pied de mesures contraignantes, la protection du journaliste, mais également celle de la population qui ne doit plus être impunément diffamée à longueur de journée.
Formation, éthique et déontologie
Le travail des journalistes a été passé à la loupe. Les questions de la formation des hommes des médias, la véracité de l’information, l’atteinte de la vie privée des citoyens par la presse, sont autant de sujets évoqués par les députés. Sur ce volet, certains parlementaires, à l’image d’Anta Sarr et Ndeye Awa Mbodj, Ndeye Dieynaba Mbaye, ont insisté pour que l’autorité soit plus regardante sur certains « programmes, car les comportements délictuels dans la rue, avec ses nombreuses tares, agressent les citoyens jusque dans leur salon ».
Ndeye Lucie Cissé soutient que les médias ont la possibilité d’agir sur les mentalités et « cette acculturation est insidieuse et transformera, à la longue, notre société ». Bon nombre de députés estiment que la fonction de journaliste devrait être revue. Sira Ndiaye, Amadou Tidiane Talla, Ndeye Lucie Ndiaye et Oulèye Diaw pensent qu’il faut veiller à la formation, à l’éthique et à la déontologie dans la presse car, souvent, on assiste à « des dérives graves dont sont victimes les citoyens ». Seynabou Wade, quant à elle, a balayé les accusations portées par certains sur la 11ème législature qui n’a pas voté le Code de la presse. En effet, dira l’édile de Gueule Tapée-Fass-Colobane, « à aucun moment ce texte n’a été présenté ni en plénière, ni en commission technique ». Une grande partie des parlementaires a émis le vœu de ne pas voir ce Code de presse voté. Certains, comme Alioune Abatalib Gueye, ont qualifié ce texte de « patate chaude, avec le problème de la dépénalisation des délits de presse et il n’est pas question de l’accepter ». Les journalistes, en cas de délit, ne peuvent pas être des citoyens à part, pense Aïssatou Bambado Diallo pour qui, il n’est pas question de voter ce Code.
Vers un Code consensuel
Depuis 10 ans, a dit le ministre Cheikh Bamba Dièye, « l’évolution du secteur de la presse est dans l’incertitude et il nous faut un Code consensuel pour encadrer définitivement le métier de journaliste». Aux députés qui se plaignaient, le ministre dira que l’évolution de la démocratie va de pair avec le travail du journaliste. Celui-ci passe à la loupe les faits et gestes des différents responsables, ce qui ne l’autorise pas à agir comme bon lui semble en portant atteinte à la moralité des populations. Pour la formation, 40 millions ont été remis au Cesti et le ministre a soutenu qu’il cherchait des ressources additives.
Pour coller au concept de territorialisation, le ministre a évoqué la question des radios communautaires qui doivent aider à une communication efficace dans les contrées les plus lointaines. Tout en plaidant pour un soutien accru en faveur du service public, le ministre Cheikh Bamba Diéye a rappelé le partage équitable de l’aide à la presse, les contraintes financières liées à la présence de toutes les langues et en permanence à la télévision publique, l’apport du numérique dans le Pib et les efforts de l’Etat par le biais des opérateurs, pour couvrir tout le pays en réseau téléphonique.
SOUTIEN AUX MÉDIAS, AIDE À LA PRESSE ET SERVICE PUBLIC
Certains députés, comme Moustapha Diakhaté ou Omar Sarr, se sont offusqués de la couverture des plénières faite par les médias du service public. De la Rts, les représentants du peuple ont exigé une retransmission en direct des débats et même des échanges en commission technique. Pour «Le Soleil», Moustapha Diakhaté sollicite, à l’image du communiqué du Conseil des ministres, que tout le budget soit reproduit in extenso. Le député Awa Dia Thiam demande plus de soutien pour les médias d’État afin qu’ils puissent faire face à l’exigence du service public. « Un privé est un privé », a soutenu Demba Diop. Selon lui, l’État n’a pas pour vocation d’aider des particuliers dans leur propres affaires et de ne pas s’occuper des autres Sénégalais. Une boutade reprise par Pape Zator Mbaye qui demande la suppression de l’aide à la presse qui est, selon lui, un appui pour les patrons des médias.
D’autres, comme Mberry Sylla, demandent à l’Etat d’être plus regardant dans l’octroi de cette aide et de voir si les groupes de presse qui en bénéficient respectent la convention collective ou encore traitent de manière adéquate les reporters qui font le gros lot du travail. L’apport du numérique, la démocratisation de l’accès des langues nationales à la télévision publique et l’appui aux radios communautaires ont été également abordés par les députés.