Une réponse aux inondations
Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation aux changements climatiques (Progep)
Pour répondre efficacement à la problématique des inondations, le gouvernement du Sénégal et la Banque mondiale ont procédé au lancement officiel du Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation aux changements climatiques (Progep). Ce programme qui s’étale sur la période 2013-2017, est ainsi doté d’une enveloppe de 37,4 milliards de FCFA qui permettra de réaliser, entre autres, des canalisations et ouvrages d’envergure, afin de mettre à l’abri plus de cinq cent mille (500.000) personnes.
Trouver une solution pérenne et durable aux inondations ! Tel est l’objectif du Progep, cet important projet qui se subdivise en quatre axes, à savoir : l’Intégration des risques d’inondations dans les secteurs clés, la Construction d’infrastructures prioritaires de drainages des eaux pluviales, l’Engagement des communautés dans la réduction des risques liés aux inondations en milieu urbain et dans les mesures d’adaptation aux changements climatique et enfin la Coordination et Gestion dudit Projet. Pour ce faire, d’importantes études ont été réalisées, à l’image du Plan Directeur de Drainage des eaux pluviales (PDD). Avec un impact social très attendu, le PDD est sans nul doute l’élément phare, voire le plus urgent, de ce projet.
Après avoir étudié les multiples causes comme le surcroît de la pluviométrie ces dernières années, l’endoréisme, la remontée de la nappe, l’imperméabilisation des sols, l’occupation non contrôlée de zones qui auraient dû rester non aedificandi, l’absence de réseaux de collecte…, le PDD propose en substance la conception d’ouvrages en conformité avec les spécificités de la région dakaroise. Pour l’ensemble des travaux constitutifs du PDD, ce sont entre autres : plusieurs kilomètres de canaux, des espaces de stockage des eaux pluviales, des rejets en mer, etc. « Près de 150 km de canaux à réaliser, la moitié de petite taille (inférieures à 1m de large), le quart avec une largeur (supérieure à 4m). Les hauteurs de ces canaux varient de 0.50 à 1.50. Cette contrainte de hauteur est directement liée à la morphologie de la zone », lit-on dans le rapport de cette étude.
Il y a également 185 espaces de stockage des eaux pluviales qui seront aménagés et qui totaliseront une capacité de plus de six millions de m³, dont la moitié est constituée de 39 plans d’eau et lacs existant. L’autre moitié représentant le résultat des terrassements et aménagements à engager, pour garantir la réalité du stockage à terme. Ainsi, c’est tout un réseau de canalisations qui va être édifié dans la zone périurbaine de Dakar, afin de résoudre définitivement la question des inondations. Toutefois, le caractère parfois complexe ou contraignant des travaux à réaliser fait que le Plan de drainage pluvial, à lui seul, ne suffira pas à résorber les nuisances. Car en corollaire des travaux primaires, des canaux secondaires et tertiaires devront être pris en charge par les communes ou les lotisseurs.
Approche multiforme
Si le PDD est une composante majeure du projet, le Progep intègre également des composantes institutionnelle, organisationnelle et sociale. En d’autres termes, il s’agira avec le Progep, de s’attaquer -parallèlement au PDD- aux causes profondes du phénomène, en améliorant non seulement le drainage des eaux pluviales et la prévention des inondations dans les zones périurbaines de Dakar, mais en tenant compte aussi du contexte sanitaire, environnemental, institutionnel et social. Pour la première fois dans la lutte contre les inondations, le projet permettra de traiter le problème de manière globale et intégrée. C’est ainsi que le Progep mise essentiellement sur la combinaison d’un ensemble d’actions, pour faire jouer aux Niayes leur rôle sans risque, aussi bien pour les installations que pour les populations.
Toutefois, la menace la plus directe est l’urbanisation qui ne cesse de grignoter des terres non aedificandi. Pour éviter que des zones inondables (libérées des eaux) soient de nouveau urbanisées de façon anarchique, des plans d’urbanisme détaillés avec des normes constructives bien définies. Ce qui nécessite par conséquent de la part des autorités, des réalisations visibles et des actions fortes pour marquer les esprits et prévenir ces risques d’inondations permanents. Par ailleurs, il y a l’épineuse question des expropriations… obligatoires pour une bonne mise en œuvre des travaux. Le PDD aurait déjà dénombré la totalité des habitations ou bâtiments à démolir.
Une fois réalisé, ce projet permettrait, selon les responsables du projet, de protéger plus de 550 mille personnes installées dans la banlieue dakaroise, de promouvoir une véritable politique de prévention urbaine intégrant les risques d’inondations, et d’engager les communautés de base dans la réduction de ces risques et la gestion des eaux pluviales.
Phase d’urgence déjà déclenchée
Actuellement, la phase d’urgence a déjà débuté, avec la construction des ouvrages de drainage qui permettra de protéger 660 hectares contre les inondations. Très ambitieux, il va quand même sans dire que le projet va nécessiter un lourd financement, supporté en partie par la Banque mondiale à hauteur de 55.6 millions de dollars. « Pour l’estimation financière, les montants prévisionnels d’investissement s’établissent comme suit. Canaux de drainage 42.7 milliards CFA, espaces de stockage des eaux pluviales 22.2 milliards CFA, rejets en mer 9.5 milliards CFA, provision pour maîtrise d’œuvre 7.5 milliards CFA ; divers et imprévus physiques et financiers 11.2 milliards CFA. Soit 93.1 milliards CFA », renseignent les prévisions de l’ADM.
Pour autant, les fonds actuellement disponibles ne suffisent pas. En effet, d’autres contributions seront nécessaires pour financer la totalité de ces infrastructures de drainage, qui s’élèvent à presque 100 milliards de FCFA. A cela s’ajoute la ligne budgétaire pour les expropriations, estimée à 120 milliards de FCFA. Un défi de taille à relever...