WADE ET MACKY, C’EST KIF KIF
IBRAHIMA SENE SUR L’ACCAPAREMENT DES TERRES AU DÉTRIMENT DES POPULATIONS RURALES
La démarche du président Macky Sall en ce qui concerne la gestion du foncier ne convainc pas encore Ibrahima Sène. L’agroéconomiste a donné les raisons, samedi matin, lors d’une conférence sur la question foncière.
Le projet de réforme du foncier s’éternise dans les tiroirs. Malgré ses promesses de campagne, le nouveau régime tarde à réparer les erreurs commises par les dignitaires du pouvoir sortant. Et pour Ibrahima Sène, les choses ne sont pas encore prêtes de bouger. L’agroéconomiste, également membre du Secrétariat national du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), pense que Macky Sall n’est pas encore sur la bonne voie.
‘’Avec le retour de la démocratie marquée par l’avènement de Macky Sall, on espérait que tous les présidents des communautés rurales (Pcr) destitués injustement par Wade seraient remis à leur poste pour leur permettre de continuer leur travail’’, a regretté M. Sène qui animait, samedi matin, une conférence sur les enjeux du foncier. Le camarade d’Amath Dansokho trouve cela troublant, d’autant plus que, explique-t-il, ça a été le cas pour huit d’entre eux, mais pas pour Mbane qui était la neuvième collectivité locale concernée. ‘’Et cela sans raison’’, regrette-t-il.
Cette non-reconduction d’Alioune Diack au poste de Pcr a été analysée par Ibrahima Sène comme pouvant avoir deux conséquences néfastes pour Mbane. ‘’Cela empêche la restitution des terres accaparées aux véritables ayants-droit et ça empêche la collectivité locale de protéger ses terres par rapport aux appétits fonciers de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css)’’, a énuméré M. Sène. Un constat qui l’amène à dire qu’‘’en ce qui concerne la gestion foncière, de Wade et à son successeur, Macky Sall, c’est la même chose qui continue’’.
‘’Sous Wade, 650 000 ha ont été donnés à 17 entreprises privées nationales et internationales’’
Ibrahima Sène qui animait cette conférence sur le foncier sur invitation de la Fondation Rosa Luxembourg et l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade) a, dans son exposé, affirmé que la réforme foncière est une nécessité. Il a rappelé que ‘’sous le magistère du Président Wade, 650 000 ha ont été donnés à 17 entreprises privées nationales et internationales. Et ce au détriment des véritables ayants droit’’.
Pour lui, les premiers actes du Président ne vont pas dans le sens de rassurer les victimes de dépossession de terre. Ibrahima Sène a évoqué à titre d’exemple les Domaines agricole communautaire (Dac) initiés par le chef de l’Etat. M. Sène a expliqué que ce projet va concerner 30 000 ha pour créer 300 000 emplois sur 5 ans. Mais pour lui, il ne faut pas se leurrer : ‘’Ce projet ne tient pas la route.’’
Deux raisons expliquent son postulat. ‘’La première est foncière : Quelles sont les collectivités locales qui vont accepter de remettre à l’Etat des domaines de 5 ou 10 ha pour constituer ces 30 000 ha ? Parce que les populations s’opposent toujours à ce genre d’acquisition de terre’’, a-t-il déclaré. La seconde raison évoquée par M. Sène est liée à l’emploi. ‘’Si le gouvernement pense régler le problème de l’emploi de cette manière, il se trompe lourdement. Parce que prendre des citadins et les envoyer en campagne en pensant que c’est en les transformant en ouvriers agricole qu’on va régler le problème de l’emploi, on se trompe lourdement.’’