WADE FORMULA
CONGRÈS DU PARTI DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS
Son fils Karim Wade désigné candidat du PDS pour la prochaine présidentielle, Abdoulaye Wade met au défi l’APR de Macky Sall, l’AFP de Moustapha Niasse et le PS de Tanor Dieng de faire autant pour choisir leur candidat.
C’est fait. Karim Wade est désigné, à l'issue d'un Bureau politique transformé en Congrès extraordinaire, pour porter les couleurs du Parti démocratique sénégalais (PDS) à la prochaine présidentielle. En effet, sur les 268 votants, composés des membres de différentes fédérations, dont celles étrangères, Karim Meïssa Wade a enregistré 257 voix, contre 7 pour Amadou Kane Diallo, et 1 respectivement pour Amadou Seydi et Mountaga Guèye. Doudou Dieng, le 5ème candidat en lice n’a reçu aucune voix. Tandis que 2 bulletins nuls ont été enregistrés.
Les militants qui se sont fortement mobilisés ont tressailli de joie à l’annonce du résultat du scrutin qui n’était pas une surprise. Satisfait et galvanisé par ce choix, Abdoulaye Wade n’en attendait pas moins. Pendant le dépouillement, des militants surexcités scandaient : "Karim président, Karim président". A l’annonce du verdict, c'était l’extase à la permanence Oumar Lamine Badji qui était grouillante de monde.
Prenant la parole, l’ancien président s'est dit très satisfait de la qualité du "processus ouvert et démocratique" qui, selon lui, n’existe nulle part au monde. Ni en France ni chez les démocrates américains dont il a dit assister à l’investiture depuis 15 ans, minimisant du coup, la fiabilité du vote électronique en cours de l'autre côté de l'Atlantique. Abdoulaye Wade a aussi insisté sur le fait que l’urne n’a pas été bourrée, comme savait bien le faire le PS à l’époque.
"Ce choix s’est fait selon un processus démocratique, transparent, en public, en présence des militants, des délégués et même de la presse", s’est félicité le chef de file du PDS, à l’issue d’un scrutin qui lui permet de se donner bonne conscience.
Benno bokk yaakaar défiée
"Un choix ne peut être plus démocratique que ce que nous venons de faire. Ça n’existe nulle part au monde", a ajouté Wade devant ses militants. Il considère même que c’est un exploit des temps révolus que vient d’accomplir le Parti démocratique sénégalais. "C’est une tradition qu’on ne retrouve qu’à Rome, il l y a 2000 ans. C’est l’Agora. Je suis fier d’être à la tête de ce grand parti, un parti qui donne l’exemple, un parti courageux qui affronte ses militants, qui ose demander à ses militants de choisir son candidat", s’est félicité le pape du Sopi.
Le vote s’est en effet déroulé devant un parterre de militants et de sympathisants, de la presse nationale et internationale qu’il a voulu prendre à témoin par rapport à ce qui venait de se passer. Dans l’euphorie, Abdoulaye Wade, plein d’humour, a mis au défi ses adversaires politiques de faire autant. En effet, il a appelé expressément Macky Sall et ses alliés à procéder de la même façon que le PDS pour le choix de leur candidat à la prochaine présidentielle.
"Nous venons de donner l’exemple. Il appartient aux autres de faire ce minimum Macky Sall, Moustapha Niasse. Nous les invitons à faire comme nous. Mais s’ils ne le font pas, nous allons considérer leur candidat comme imposé par les bureaux politiques de leurs parti", a lancé Abdoulaye Wade à l’endroit de la majorité. Il a estimé que ce que vient d’accomplir son parti à travers ce choix de Karim n’est pas seulement un acquis du PDS, mais du peuple sénégalais tout entier.
King Fahd Palace Hôtel
Ironique, Wade ne s’est pas contenté de lancer un défi à ses adversaires, il leur promet aide est assistance du PDS pour la réussite de leurs primaires. "Nous serons prêts à les aider techniquement à organiser les primaires ouvertes et démocratiques", a-t-il dit entre un large sourire et le tonnerre d’applaudissement des militants médusés et acquis à sa cause. Relevant que même les fédérations les plus reculées ont participé à ce vote, pour s’en féliciter.
Il s’est, par contre, permis de dire à l’endroit des autres parti : "On n’organise pas un congrès avec des militants qu’on va ramasser à Guédiawaye, dans la banlieue." Revenant sur le King Fahd Palace Hôtel (ex-Méridien Président) qui a refusé la salle à son parti pour la tenue de ce congrès, Wade a dit qu’il aurait pu porter plainte contre l’établissement qui serait, sans doute, condamné. Mais, il ne voulait pas de cette option.
Il a rappelé que cet hôtel était pendant longtemps géré par des étrangers et que c’est lui, alors président de la République, qui l’a arraché de la main des étrangers pour le confier aux Sénégalais. Mais, aujourd’hui, ces mêmes Sénégalais lui refusent d’y tenir son congrès. Toujours est-il que les frais de location (3 millions) qu’ils avaient versés leur ont été rendus avec la note de refus.
Rendez-vous après le Verdict
Les primaires se sont bien déroulées. Un candidat est élu. Mais, ce n’est que la première manche de la bataille qui est gagnée pour le PDS. Le plus difficile est assurément devant. Karim Wade est choisi comme candidat à la présidentielle. Mais seulement, il n’est pas à ce jour un citoyen libre. Détenu depuis environ deux ans pour enrichissement illicite, il a été jugé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, (CREI) qui donnera son arrêt lundi 23 mars.
Si le tribunal suit la réquisition du parquet, c’est que le candidat choisi du PDS ce dimanche purgera une peine de 7 ans avec une amende de 250 milliards francs CFA et la perte de ses droits civiques. Donc il ne peut pas sur le plan constitutionnel être candidat. Dans ce cas, le parti démocratique devra se trouver un autre candidat pour faire face à l’actuel chef de l’Etat qui est porté par une coalition avec laquelle, il gère le pouvoir depuis 2012 (la coalition Benno Bokk Yakaar; BBY).
Mais les libéraux avaient déjà promis qu’ils ne croiseront pas les bras si Karim Wade est condamné lundi. Parlant justement de l’arrêt de la CREI , Wade espère que le pouvoir en place ne tentera pas d’empêcher les militants du PDS d’aller au tribunal écouter la délibération. Ce, d’autant plus que depuis quelques jours les autorités gouvernementales sont aux aguets. Les forces de l’ordre sont mobilisées et promptes à interpeller des membres du parti qui s'agiteraient d'une certaine manière.
Tout compte fait Abdoulaye Wade a demandé à ses militants de se rendre au tribunal comme lui-même, lundi, d écouter le l’arrêt de la Cour et de rentrer tranquillement chez eux comme ils sont venus sans rien casser. Il a promis qu’après la délibération de la CREI, il fera face à ses militants pour faire "un commentaire" tout comme d’autres aussi en feront. On se dirige, en toute vraisemblance, vers un lundi très mouvementé.