WADE LÂCHE SES MISSILES
Avant de s'envoler pour Paris, hier soir, il reçoit la commission électorale du Pds - Il remet sur la table l'affaire ArcelorMittal - Il invite Macky Sall à organiser une présidentielle anticipée en cas de défaite de son camp aux Locales
Avant de prendre hier son vol pour l’hexagone, Me Abdoulaye Wade a reçu les membres de la Commission électorale du Pds pilotée par Modou Diagne Fada. En guise d’au revoir à ses fidèles, le pape du Sopi a largué quelques missiles au Président Macky Sall en l’accusant, sans l’air d’y toucher, de micmac financier dans le dossier Etat du Sénégal/ArcelorMittal. Me Wade exige qu’on lui explique pourquoi le régime de Macky Sall a accepté de transiger avec ArcelorMittal à hauteur de 150 millions de dollars, alors que le n°1 mondial de la Sidérurgie a été condamné par le Tribunal arbitral de Paris à verser 450 millions de dollars à l’Etat du Sénégal.
Les Sénégalais sont en droit d’exiger et d’obtenir du Président Macky Sall et de son gouvernement des explications limpides sur les contours de la transaction entre l’Etat du Sénégal et ArcelorMittal, et le montant de 150 millions de dollars (soit 75 milliards Fcfa) versé par le groupe sidérurgique indien à notre pays en guise de dommages. C’est la recommandation qu’a faite aux populations Me Abdoulaye Wade en guise d’au revoir, lors de l’audience qu’il a accordée hier aux membres de la Commission électorale (Ce) du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Déterrant l’affaire ArcelorMittal/Etat du Sénégal qui avait atterri devant la Cour d’arbitrage internationale de Paris, l’ancien président de la République est revenu sur les différentes péripéties ayant conduit en 2007 au contrat entre le N°1 mondial de la sidérurgie et l’Etat du Sénégal. Avant son arrivée au pouvoir, explique le pape du Sopi aux membres de la Ce dirigée par Modou Diagne Fada, les conventions que les compagnies minières signaient avec les Etats consistaient à verser à ces derniers les 15% du profit. Mais il n’a pas accepté cette convention au moment des négociations et a demandé en guise de ristournes les 15% de la production.
Après la signature des accords en 2007, dit-il, la société de Lakshmi Mittal n’a pas respecté ses engagements. C’est ainsi que le Sénégal va saisir la Cour d’arbitrage internationale de Paris pour dénoncer le non-respect de la part du groupe sidérurgique indien des engagements contractés. Et sur la base de l’évaluation du préjudice, faite par un expert, ArcelorMittal est condamné par le Tribunal arbitral de Paris à payer 450 millions de dollars (soit la rondelette somme de 225 milliards Fcfa) à l’Etat du Sénégal.
«Mais entretemps, j’ai quitté le pouvoir», affirme Me Wade qui poursuit en faisant une grosse révélation : «bizarrement l’actuel régime a accepté de transiger avec ArcelorMittal à hauteur de 150 millions de dollars (soit 75 milliards Fcfa), c’est-à-dire le tiers du montant prononcé par la justice».
Par conséquent, le prédécesseur de Macky Sall au Palais de la République exige des explications sur cette transaction nébuleuse dans laquelle l’Etat du Sénégal est totalement lésé. «Je dois avouer que l’Agent judiciaire de l’Etat a posé son véto sur cette transaction», rapporte Wade à Fada et ses amis.
PDS FORCLOS DANS 11 COLLECTIVITES ET ABSENT DANS 10 AUTRES
Mais auparavant, les questions politiques et plus particulièrement les élections locales de juin prochain ont occupé l’essentiel des débats entre le secrétaire général national du Pds et ses invités. Par la voix de son président Modou Diagne Fada, la Commission électorale (composée d’une vingtaine de membres) a expliqué de long en large son rôle et le travail qu’elle a effectué depuis sa mise en place. Sur les 602 collectivités locales du pays, renseigne Modou Diagne Fada, le Pds a présenté neuf (9) listes dissidentes, compte onze (11) forclusions et est absent dans dix (10) communes.
Il s’agit de Sendou, Bassoul, Médina Gounass, Démète, Waoundé, Walaldé, Ndendory, Thilogne Nguéniène et une autre localité située dans le département de Foundiougne. Pour le natif de Darou Mousty, les élections du 29 juin prochain ont un enjeu national et apparaissent à ses yeux comme un référendum.
WADE À FADA : «ON M’A RACONTE BEAUCOUP D’HISTOIRES FAUSSES SUR TOI»
Dans ses propos, le pape du Sopi a félicité Fada avant d’affirmer qu’il avait besoin des explications qui lui ont été fournies. Car, souligne-t-il, celles-ci n’ont rien à voir avec les informations qui lui parvenaient à Paris d’abord, et depuis son retour à Dakar ensuite. «On me rapportait que tu as pris tes proches, tes amis et les membres de ton entourage pour en faire des mandataires et des têtes de listes dans l’unique but de contrôler plus tard le parti. Et cela me faisait trop mal parce que j’avais misé beaucoup sur toi ; je me disais que tu travaillais à me succéder à la tête du parti alors que j’étais encore vivant. Mais je me rends compte que cela ne reflète pas la réalité. Je reconnais qu’on m’a raconté beaucoup de choses fausses sur toi», avoue Me Wade à son ancien ministre de la Santé.
Pour le leader des libéraux, la Commission électorale a abattu un travail formidable et a fait mieux que lorsque le Pds était au pouvoir. Convaincu que la bataille politique ne doit pas exclure la morale, Wade promet de «tenir compte à l’avenir» du travail accompli par Modou Diagne Fada.
PRÉSIDENTIELLE ANTICIPÉE EN CAS DE VICTOIRE DE L’OPPOSITION
S’agissant des élections locales proprement dites qui constituent pour lui une sorte de référendum, Wade a galvanisé ses troupes pour infliger une cinglante défaite du régime de Macky Sall au soir du 29 juin prochain. En fin stratège politique, l’ancien Président appelle les responsables de son parti à comptabiliser toutes les voix des adversaires (Pds, Idrissa Seck, Pape Diop, Khalifa Sall, Ucs…) des listes présentées par le pouvoir afin de démontrer à la Communauté internationale que son successeur est minoritaire.
«Du point du vue légal, si Macky Sall se retrouvait minoritaire les gens sont en droit d’exiger des élections anticipées», pronostique le chantre du Sopi. Se voulant plus précis, il indique : «On organisera une élection présidentielle anticipée et on laissera l’Assemblée nationale gérer la transition.»