YAHYA JAMMEH LANCE LA CHASSE À L’HOMME
APRÈS LE COUP D’ETAT MANQUE
Yahya Jammeh, qui n’est pas ébranlé par le putsch manqué contre son régime, a lancé la chasse à l’homme avec l’arrestation de plusieurs personnes. Il met par contre en garde les puissances étrangères qui seraient derrière le coup d’Etat manqué.
Il n’est «Jammeh» trop tard pour proférer des menaces et lancer la chasse à l’homme. Après le putsch manqué à Banjul, le Président gambien a procédé à une série d’arrestations au sein de l’Armée et de la famille même du cerveau de ce coup d’Etat, Lamin Sanneh, tué durant les opérations. Il tient à montrer qu’il reste maître à Banjul bien que quelques effrontés aient réussi à le faire vaciller.
Dès son retour en Gambie, Yahya Jammeh a paradé brièvement sous bonne escorte dans les rues de la capitale. Cette sortie est une expression de sa toute puissance après le coup d’Etat avorté dans la nuit du mardi au mercredi. Alors qu’il était en voyage. Lors de sa première déclaration publique tenue mercredi 31 décembre, le Président gambien Yahya Jammeh s’est montré très menaçant.
Même s’il n’a pas cité de nom, il a mis en garde «ceux qui prônent et parrainent un changement de régime par la violence». «Ceux qui jouent avec Dieu le paieront cher», a-t-il poursuivi. En termes clairs, le Président gambien Yahya Jammeh accuse des terroristes et dissidents soutenus par des puissances étrangères d’être derrière le coup d’Etat raté de mardi. Il assure que l’Armée lui était restée loyale.
Tonique, il dit : «C’est une attaque d’un groupe de terroristes soutenus par des puissances que je ne voudrais pas nommer, des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni.»
Il soutient sur la télévision publique que «certaines de leurs armes ont été fabriquées aux Etats-Unis. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons pu obtenir tout ce qu’ils ont mis dans leur ordinateur. Nous avons pu décoder leurs messages et informations».
Dans ses explications, le Président gambien assure «que ce n’est pas un coup d’Etat militaire comme on l’a appelé dans certains médias. Il n’y a eu aucune participation d’éléments des Forces armées de Gambie à cette attaque, elles ont été vraiment loyales», insiste-t-il.
Lors de sa première déclaration, Yahya Jammeh avait fustigé les agissements des «comploteurs qui visent un changement de régime par la violence, jurant qu’ils ne réussiront jamais».
Malgré l’accalmie, la nervosité est toujours palpable dans les rues de Banjul. Car les principaux points d’accès à la capitale restaient contrôlés par des barrages militaires et les frontières étaient étroitement surveillées.
Aujourd’hui, on craint une répression ou une purge au sein de l’Armée. Jusqu’ici, les motivations et les profils des insurgés restent assez obscurs. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a réclamé une enquête «dans le respect de l’Etat de droit».
Il faut rappeler que l’attaque d’hommes armés contre le Palais présidentiel à Banjul avait fait mardi au moins trois morts, selon un bilan non officiel. Alors que le chef de l’Etat était en visite privée à l’étranger.
Dans leur tentative de renverser le pouvoir, les assaillants avaient été repoussés par les forces loyales au Président Jammeh. Commandés par un ex-capitaine du nom de Lamin Sanneh qui est un déserteur de l’Armée, ils ont été quasiment tués durant l’opération.
Ce putsch manqué risque de consolider le pouvoir de Yahya Jammeh qui dirige depuis 20 ans d’une main de fer la Gambie. Depuis son accession au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, la Gambie n’a pas connu une prospérité démocratique. Entre violations des droits de l’Homme et disparition d’opposants et de journalistes, Banjul est considérée comme une prison à ciel ouvert.