YEKINI OU LE RETOUR D'UN ROI DÉCHU
La perte du pouvoir est une pilule amère que les vaincus ont toujours du mal à avaler. Et Yakhiya Diop, dit Yekini, roi incontesté de l’arène pendant 15 ans a du mal à prendre le cachet de la défaite que lui avait prescrit Balla Gaye 2 au soir du 22 avril 2012. C’est pourquoi Yekini a fait le choix de renouer son « nguemb » pour un ultime combat de choc.
Apres 13 mois de souffrance en silence, marquée par l’amertume d’une première défaite, des soins intensifs à cause d’un nerf coincé et de l’assainissement de son entourage mystique avec la rupture de toutes formes de relations avec son désormais ex-gourou Mansour Sakho, le roi déchu a rompu le silence.
L’affabulation de ce face à face avec la presse, jeudi 6 juin peut être résumée en ces mots : Un retour pour un choc. «Je ne reviens pas pour affronter n’importe quel lutteur. Je veux un combat de choc. J’ai besoin de me mesurer avec un lutteur technique, doué, fort, bref un adversaire qui sait aussi lutter que moi », a-t-il déclaré.
Si le retour de Yekini dans la compétition est salué par les inconditionnels de la lutte, le choix d’un combat de choc révèle d’une part, un pan de sa personnalité et de l’autre, sa soif de vengeance.
Pendant 15 ans il a régné sans partage dans l’arène sénégalaise. Il imposait le respect. Lutteur réputé très mystique, Yekini était craint par ses adversaires. Il les terrorisait pendant les face à face avant de les battre avec une nouvelle prouesse technique à chaque combat. Suffisant pour que certains grands espoirs de la lutte décident d’hypothéquer leur rêve de devenir roi des arènes à la place de Yekini.
Ils ont préféré être les talibés du Khalife Général Yekini. Les initiales K et G sur le tee-shirt qu’il portait le jour de la conférence de presse renvoient à ce titre. Seul le fils de Double Less a osé le défier... Le «mortal combat» avait été prévu le 22 avril 2012. Balla Gaye 2 terrassa le meilleur lutteur du cinquantenaire dont le rêve était de quitter la lutte, indemne, sans défaite.
Un nouveau roi est sur le trône et il n’a pas été élu par les démons de l’arène, mais par sa fougue, son talent, sa bravoure et peut-être par les DIEUX de l’arène sénégalaise. Yakhiya Diop -Yekini- est un leader, il n’aime pas être relégué au second plan.
De ce fait, il perçoit la perte de la couronne comme un affront et non comme une défaite. C’est pourquoi il reste dans l’arène pour pouvoir, dans une première option, la quitter par la grande porte avec une victoire sur un des lutteurs de la cour des grands.
La deuxième option de Yekini est un combat revanche contre Balla Gaye 2 pour laver l’affront subit face au lion de Guediawaye. Une victoire face à ce dernier marquerait l’apothéose d’un règne d’où sa phrase nuancée. «Je veux 1 ou 2 combats, mais un combat de choc». De toute évidence, il a déjà fait son choix. Car pendant son règne, c’est lui qui choisissait directement ou indirectement le nom de sa prochaine ‘’victime’’ avant la signature des contrats. Il disait : «Je suis le roi donc, c’est moi qui choisis mon adversaire ». Et aujourd’hui, il opte pour un choc.
A ce titre, le combat idéal serait un «Mortal combat 2 » face celui qui a pris sa place, ce «jeune homme arrogant» qui a brisé ses rêves et qui a chamboulé un plan de carrière presque parfaite. Aujourd’hui, Yekini peut choisir mais c’est Balla Gaye 2, le roi des arènes qui décide de ce choc de mastodontes dont rêve Yekini.