DAK’ART À L’HEURE DE LA RENAISSANCE
Organisation de la 12ème édition de l’art africain contemporain
«Faire revivre» la biennale de Dakar, telle est la mission du directeur artistique de cette 12ème édition de la fête de l’art africain contemporain. Hier, il a tenu à lancer officiellement «la révolution». En conférence de presse avec les journalistes pour constater l’état d’avancement de l’organisation, le Secrétaire général, Mahmadou Rassoul Seydi, Simon Njani, le directeur artistique, et le commissaire indien, Sumesh Sharma, ont identifié leurs tâches respectives et se disent, même s’ils ont accusé du retard, que la 12ème édition du «Dak’art», qui ouvrira ses portes en mai prochain, connaitra «le plus grand succès».
«La biennale était en train de mourir gentiment. Et on m’a chargé de la mission de la faire revivre.» C’est ce qu’affirme Simon Njani, le directeur artistique de Dak’art 2016, pour qui l’enjeu est de taille. Pour atteindre son objectif, M. Njani compte restructurer la biennale de l’art africain contemporain de Dakar et lui donner la dimension internationale qu’elle mérite. Pour ce faire, il va «professionnaliser les équipes et les structures».
Car, explique-t-il, «il arrive que votre gouvernement ne le sache pas. C’est qu’une biennale n’arrive pas tous les 2 ans. Une biennale se travaille pendant 2 ans. Le temps est court. Le comité a commencé à travailler mi-novembre. D’où la nécessité de rigueur et de coordination, de programmation pour mener à bien notre mission».
«La biennale 2016 sera un énorme succès qui va changer les choses», a-t-il prédit.
Cette année, informe-t-on, ils étaient 327 artistes à déposer un dossier dans le but d’être sélectionnés. Mais seulement 65 artistes, venus de 24 pays y compris le Sénégal, sont retenus. Le Qatar et le Nigeria sont les pays invités. Cependant, le directeur artistique a tenu à mettre les choses au clair concernant le choix des pays. «J’ai choisi le Nigeria et mon collègue Macky Sall a choisi le Qatar», précise-t-il, ironisant la décision du Président d’imposer le Quatar.
Avant d’ajouter : «Il fallait nouer ce lien et briser cette sempiternelle ligne Nord-Sud ; briser le mythe de la centralité. Il faut aller au centre. Dakar est le centre et c’est au monde de venir à Dakar et non pas de dire que l’herbe est plus verte ailleurs etde fabriquer des choses androgènes ici et maintenant qui peuvent servir de modèle.»
600 millions Cfa pour relancer le Dak’art
Pour cette édition 2016, la biennale va rendre un hommage mérité à ceux qui ont marqué l’art au Sénégal. Plusieurs artistes seront faits «Trésor humain vivant». Parmi ceux-ci, l’on va «remercier» Joe Oakam pour services rendus à l’art. D’après le Secrétaire général, Mahmadou Rassoul Seydi, l’Etat a investi 600 millions pour cette biennale. Même les années où il n’y a pas de biennale, on prévoit un budget de 300 millions pour la biennale.
Mais le directeur artistique, Simon Njani, a tenu à apporter une précision. «Les 300 millions, qui devaient servir à préparer la biennale de cette année, ont été utilisés pour éponger la dette de la précédente édition», a-t-il relevé, précisant que ceci réduit considérablement la marge de manœuvre des organisateurs.
Dak’art 2016 en trois axes
Pour cette année, la biennale est orientée en 3 volets. L’exposition internationale, nommée la Panafricaine, sera le plateau d’excellence. Elle invitera, comme à son habitude, des artistes internationaux de renommée et elle aura comme thème le Ré-enchantement. Car, pour le directeur artistique, «c’est à l’art de sensibiliser. Et non pas aux politiques de le faire», argue-t-il, faisant allusion à la situation de terreur que vit le monde.
Le second volet va s’axer sur la ville. Il sera baptisé Contour pour «réaffirmer ce qu’on entend montrer dans l’exposition», informe encore Simon Njani qui indique que ce volet permettra de mettre Dakar en effervescence artistique. Ainsi, entre workshop et animation sonore, la région de Dakar, dans toute sa superficie, va ressentir la ferveur artistique pendant toute la durée de la biennale.
D’ailleurs, M. Njani dira qu’il est «important que les Dakarois aient un aperçu de ce qui se passe dans la biennale, c’est pourquoi un dispositif sera installé un peu partout dans la région. Un maillage de réseaux, d’évènements, de performance. Des conteneurs qui iront atteindre les gens.»
Le 3ème et dernier volet, nommé Bandung, va essayer de proposer une pensée non alignée. Il s’agit d’un colloque qui abordera la «volonté de ne pas être assujetti au diktat de l’autre». «Il existe des lieux qui sont ceux qui vont dire ce qui est bien et ce qui est mal. Des gens bien loin d’ici vont vous dire ce qui est l’art africain et ce qui ne l’est pas. De tout cela nous ferons table rase», a-til souligné.
Non sans omettre de rappeler qu’au sortir cette table ronde, les conclusions des réflexions seront consignées dans un livre. Cependant, avertit M. Njani, «on le lira avec de l’aspirine car le livre sera une pensée pure». Surtout que, dit-il, «ça sera un colloque très «dur» avec des têtes très pensantes».
Tout ceci nécessite une ressource humaine de qualité pour la réussite de l’évènement. C’est ce qui explique le choix du directeur artistique de prendre 6 commissaires d’exposition qui ont l’habitude de travailler dans des conditions similaires à celles du continent. Ainsi une Coréenne, une Brésilienne, une Camerounaise, un Espagnol, une Italienne et l’Indien, Sumesh Sharma, auront la lourde charge d’organiser les expositions et workshops.
Ils seront aidés en ce sens par des jeunes volontaires qui seront formés sur la critique et le regard de l’art. Et dans ce contexte, un journal se fera le relais des actions du Dak’art. «Il sera géré par des jeunes issus de l’appel à candidatures qui seront aidés dans cette tâche par des mentors», a-t-il annoncé.